Maria-Mercè Marçal, Sílvia Pérez Cruz | Covava l’ou de la mort blanca
Covava l’ou de la mort blanca
sota l’aixella, arran de pit
i cegament alletava
l’ombra de l’ala de la nit.
No ploris per mi mare a punta d’alba.
No ploris per mi mare, plora amb mi.
Maria Mercè Marçal (1952-1998). Covava l’ou de la mort blanca.Au creux de l’aisselle couvait l’œuf de la mort blanche
à la racine du sein.
Aveuglément il allaitait
l’ombre de l’aile de la nuit.
Ne pleure pas pour moi, ma mère, au point du jour.
Ne pleure pas pour moi, ma mère, pleure avec moi.
Maria Mercè Marçal (1952-1998). Covava l’ou de la mort blanca. Traduction L. & L.
Étonnant l’aversion qu’elle semble éprouver pour le travail « en solo », la Sílvia Pérez Cruz. Elle n’a pour l’instant publié qu’un album en son seul nom, celui suscité par la mort de son père (11 de novembre, 2012). Et aussi, il est vrai, Domus, paru cette année — mais il s’agit de la bande originale d’un film musical (Cerca de tu casa, réalisation Eduard Cortés) auquel elle participe en tant qu’actrice.
Autrement ce sont des collaborations avec des groupes (las Migas, dont elle a été la chanteuse jusqu’en 2011, Coetus,…) ou avec d’autres artistes (le joueur de hang Ravid Goldschmidt, le guitariste Raül Fernández Miró, le contrebassiste de jazz Javier Colina,…). Elle participe en outre en tant qu’invitée à des albums d’artistes amis (Toti Soler, Juan Manuel Serrat,…) ou à des projets discographiques collectifs comme cet album Maria-Mercè Marçal, catorze poemes, catorze cançons publié en 2009 à l’occasion du dixième anniversaire de la disparition de l’écrivaine Maria Mercè Marçal (1952-1998), morte d’un cancer à l’âge de 45 ans.
On devine que l’évocation du cancer est précisément le thème du poème Covava l’ou de la mort blanca, mis en musique et interprété par Sílvia Pérez Cruz, qui en donnera une nouvelle version, encore plus sensible, dans son album 11 de novembre, cité plus haut. Dans les deux versions elle marque, dans le dernier vers, ce suspens bien venu entre « La deu primera » et « mare ».
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Sílvia Pérez Cruz | Covava l’ou de la mort blanca. Poème de Maria-Mercè Marçal ; Sílvia Pérez Cruz, musique.
Sílvia Pérez Cruz, chant, guitare, mélodica ; Raül Fernández Miró, guitare ; Alba Haro, violoncelle.
Vidéo : Daniel Pitarch Fernández. Production : Catalogne, Fundació Maria-Mercè Marçal, 2008. Captation de la séance d’enregistrement destiné à l’album Maria-Mercè Marçal, catorze poemes, catorze cançons (2009). Enregistrement réalisé au studio Rosazul (Barcelone). Direction artistique : Enric Hernàez. Ingénieur du son : David Casamitjana. Coordination : Heura Marçal Serra.
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Covava l’ou de la mort blanca
sota l’aixella, arran de pit
i cegament alletava
l’ombra de l’ala de la nit.
No ploris per mi mare a punta d’alba.
No ploris per mi mare, plora amb mi.
Au creux de l’aisselle couvait l’œuf de la mort blanche
à la racine du sein.
Aveuglément il allaitait
l’ombre de l’aile de la nuit.
Ne pleure pas pour moi, ma mère, au point du jour.
Ne pleure pas pour moi, ma mère, pleure avec moi.
Esclatava la rosa monstruosa
botó de glaç
………………….on lleva el crit.
Mare, no ploris per mi, mare.
No ploris per mi mare, plora amb mi.
La rose monstrueuse s’épanouissait,
Bouton de glace
………………………d’où s’élève le cri.
Mère, ne pleure pas pour moi ma mère.
Ne pleure pas pour moi, ma mère, pleure avec moi.
Que el teu plor treni amb el meu la xarxa
sota els meus peus vacil·lants
en el trapezi
on em contorsiono
agafada a la mà de l’esglai
…………………………………….de l’ombra.
Que tes larmes et les miennes tissent le filet
Sous mes pieds qui vacillent
Sur le trapèze
Où je me contorsionne
Agrippée à la main de l’effroi
…………………………………………de l’ombre.
Com la veu del castrat
que s’eleva fins a l’excés de la
………………………………………….mancança.
Des de la pèrdua que sagna
en el cant cristal·lí com una deu.
La deu primera, mare.
Comme la voix du castrat
Qui s’élève jusqu’à l’excès du
…………………………………………manque.
Depuis la perte qui saigne
Dans le chant cristallin comme une source.
La source première, ma mère.
Maria Mercè Marçal (1952-1998). Covava l’ou de la mort blanca. Publié dans : Raó del cos (2000).
Maria Mercè Marçal (1952-1998). Covava l’ou de la mort blanca. Traduction L. & L.
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Toti Soler, Mercè Serramalera, Marga Bufí…
Maria-Mercè Marçal, Catorze poemes, catorze cançons (2009)
Maria-Mercè Marçal, Catorze poemes, catorze cançons / Toti Soler, Mercè Serramalera, Marga Bufí, Jabier Muguruza, Sílvia Pérez Cruz, Maria Cinta, Gerard Quintana, Guillermina Motta, Lídia Pujol, Marina Rossell, Maria del Mar Bonet, Túrnez, Txiki Berraondo i Anna Subirana, Teresa Rebull, chant ; Enric Hernàez, direction artistique ; David Casamitjana, ingénieur du son ; Heura Marçal Serra, coordination. — Production : Catalogne : Fundació Maria-Mercè Marçal, ℗2008.
Enregistrement réalisé au studio Rosazul (Barcelone).
Publié en complément du quotidien catalan Avui, édition du 23 avril 2009.
Distribution : Terrassa (Catalogne) : Temps record, 2009. — Réf. TR1139-GE09.
Voir la description complète de l’album sur Discogs, sur le site de la Fundació Maria-Mercè Marçal.