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Le vent souffle à l’envers

7 juin 2012

Fort vent d’autan aujourd’hui : les avions décollent à l’envers. À l’envers : je veux dire dans la direction opposée à celle qu’ils prennent habituellement, lorsque les courants d’air proviennent de l’Atlantique. Ce n’est pas mauvais que le vent dominant cède de temps en temps devant un autre, porteur d’effluves différentes, et susceptible — c’est un des charmes de cette alternance — de rabattre vers soi de l’inattendu, du plus ou moins plaisant.

Sur António Zambujo, que Rio Loco accueille bientôt, on ne lit que des éloges. Ses compatriotes ont peut-être un peu tardé à le reconnaître, mais c’est chose faite : non seulement Quinto, son dernier album, s’est placé en tête des ventes au Portugal dès sa publication en avril dernier, mais il y est de surcroît encensé par la presse. À vrai dire Zambujo était déjà fort apprécié au Brésil, et aussi en France où ses albums ont tous été bien reçus, surtout Outro sentido (2007), le premier distribué dans notre pays (2008). À peine quelques bémols par ci par là, mais on finit toujours par lui trouver un talent irrésistible, propre à balayer toutes les objections.

Pourtant un jour — de vent d’autan probablement –, je suis tombé sur un blog (People are strange, francophone en dépit de son titre), qui en quelques lignes habillait António pour l’hiver : le manteau, l’écharpe et les gants. Il n’y manquait même pas le béret, fourni gracieusement avec le titre du billet : Antonio Zambujo. Guia (2010): A vous dégoûter du fado. Extraits :

Il s’agit donc du 4ème album de Antonio, et son style musical est le fado. Il parait que c’est connut. Au vue de cet album j’ai du mal à comprendre pourquoi.

« C’est connut » : peut-être pas tant que ça au fond. On finit par se demander…

La pochette est un simple portrait photo du chanteur, chanteur que l’on reverra à chaque page du petit fascicule qui accompagne le Cd. C’est d’autant plus ridicule qu’il est assez laid et qu’il se stylise le sourcil (ne fréquentant pas de footballeurs, je ne connais pas le nom exact de cette pratique).

Ça alors, António laid ! Tout le monde n’est pas du même avis. (Et ce qu’il a au sourcil est une vraie cicatrice, cher/e collègue !)

Il y a des chansons un peu moins pénibles que le reste, comme par exemple « reader’s digest ». Mais là encore, rien de très original. Ca pourrait être en français que ça ne changerait pas grand-chose. On sent surtout que c’est mielleux, que c’est censé nous faire pleurer, que l’artiste a fait ça avec l’espoir d’être sélectionné pour l’Eurovision.

C’est évident. Et dire que la RTP (Rádio e Televisão de Portugal) n’a même pas pensé à lui !

En conclusion, la seule chose vraiment surprenante dans l’album, c’est que le gars ne s’appelle pas Da Silva.

Et toc.

Il faut lire le billet entier, ça le vaut bien (Éliane Azoulay, de Télérama, en prend pour son grade elle aussi). Il est illustré d’une reproduction de la pochette de l’album et d’une des photos extraites du livret, accompagnée de cette légende attendrissante :

Et c’est grâce à cette photo faussement désinvolte et mélancolique qu’il va être considérer comme un artiste sensible.

Je dois dire que ce billet m’amuse, je le trouve plein de fraîcheur et assez enlevé. L’auteur/e est probablement très jeune : on peut lui pardonner ses quelques inexactitudes et son français un peu approximatif (on voit bien pire parfois, de la part de personnes sensiblement plus âgées et travaillant dans « l’action culturelle »).

Et donc, en hommage à mon/ma collègue de People are strange, voici une chanson extraite du 5e album, Quinto, qui n’a pas elle non plus, quelle déveine pour António, été retenue par le Portugal pour l’Eurovision cette année :

Fortuna / António Zambujo, chant, guitare ; Jon Luz, guitare ; Ricardo Cruz, basse portugaise ; Márcio Faraco, paroles et musique. Lisbonne, 2012.

Je n’ai rien à mon nom

Sinon ce fado que je fais.
Mon cœur n’a pas de grandes faims,
il niche dans un tout petit creux.
Je vis de la vie qui passe,
d’amours qui vont et viennent.
Je ne possède rien à mon nom,
Je ne suis jaloux de personne.

[…]

Adieu, je ne regarde pas en arrière
Avec le temps tout se consume
L’or se perd, l’amour se défait.
Je n’ai rien à mon nom.
Márcio Faraco. Fortuna. Traduction L. & L.

C’est une de mes préférées de Quinto.

L. & L.

——

Zambujo, António
Quinto (2012)

António Zambujo -- Quinto (2012)Quinto / António Zambujo, chant, guitare ; Carlos Manuel Proença, guitare ; Bernardo Couto, José Manuel Neto, Luís Guerreiro, guitare portugaise ; Ricardo Cruz, contrebasse, basse acoustique ; Jon Luz, cavaquinho ; José Miguel Conde, clarinettes. — [Portugal] : Universal music Portugal, 2012.

Universal Portugal 0602527972305. — EAN 602527972305

António Zambujo à Rio Loco 2012 (vendredi 15 juin, 18h30, « Scène Village », prairie des Filtres).
António Zambujo — Site officiel
António Zambujo sur Myspace

7 commentaires leave one →
  1. 11 juin 2012 15:13

    Haha, je vous remercie pour ce coup de pub malgré tout, même si vous m’envoyez un commentateur agressif peu enclin au dialogue (mais déjà plus aux fautes de français). Je m’excuse pour les fautes d’orthographes, je mettrai ça sur le dos de mon jeune âge (excuse qui ne marche pas pour cette chère Elianne).

    Pour être honnête, j’ai en plus déjà un peu lu votre blog auparavant et je crois que nous avons plus de goûts en commun que vous ne pourriez le croire. En tout cas, si je tombe sur un autre album d’Antonio à ma médiathèque, je lui redonnerai une chance.

    • lili-et-lulu permalink*
      11 juin 2012 15:21

      😉
      Sans rancune j’espère !!
      Ce post sur A.Z. m’avait vraiment beaucoup fait rire (un rire de sympathie, pas de moquerie). Et il est très agréable à lire (bien écrit donc).
      A bientôt

  2. 12 juin 2012 08:55

    Pas de problèmes, j’ai bien vu que votre article n’était pas méchant, et vous n’êtes pas responsables des lecteurs 🙂 !

    J’espère également à bientôt (la prochaine fois ce sera pour dire du mal de césaria évora 😉 )

    • lili-et-lulu permalink*
      12 juin 2012 09:15

      Mmm… j’attends ça avec impatience !!

  3. 15 juin 2012 09:28

    Superbe …

Trackbacks

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