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Sem fantasia | Chico Buarque, Cristina Buarque, Caetano Veloso, António Zambujo, Carminho

7 octobre 2018

Vem, meu menino vadio
Vem, sem mentir pra você
Vem, mas vem sem fantasia
Chico Buarque de Hollanda. Sem fantasia (1967)

Viens, mon vagabond
Viens, sans te mentir
Viens, mais viens sans masque


Chico Buarque & Cristina Buarque | Sem fantasia. Chico Buarque de Hollanda, paroles & musique.
Chico Buarque & Cristina Buarque, chant ; Chico Buarque, guitare.
Extrait de l’émission de télévision « Ensaio », prod. Fernando Faro (1927-2016). Brésil, TV Tupi, 1971. L’émission complète est accessible ici.

Il n’y a pas si longtemps, mais je ne sais plus dans quelle publication, j’ai lu une interview d’António Zambujo dont je n’ai retenu qu’un détail, l’éloge d’un trait particulier de la société brésilienne. Au Brésil selon lui, la notion de virilité n’aurait pas la raideur qu’on lui assigne en Europe et ailleurs. Il disait, si je me souviens bien, qu’il aimait ce flou et qu’il s’y reconnaissait. Quelque chose comme ça.

La chanson Sem fantasia de Chico Buarque pourrait illustrer ce propos. Dans l’enregistrement original (paru dans l’album Chico Buarque De Hollanda, Volume 3, 1968), le chanteur, qui en est aussi l’auteur-compositeur, l’interprète en duo avec sa sœur Cristina, à qui échoit seule toute la première partie du texte, explicitement adressée à un jeune homme : « Vem, meu menino vadio… » (« viens, mon vagabond… »). La voix de Chico Buarque ne se fait entendre que dans la seconde strophe qui, bien que dans la continuité de la première, ne porte aucune marque grammaticale de genre. Pendant ce temps la voix féminine reprend la première strophe.

Les reprises de Sem fantasia reproduisent généralement ce schéma : une chanteuse seule pour la première moitié, rejointe par un chanteur pour la seconde : Maria Bethânia avec Chico Buarque (Chico Buarque & Maria Bethânia ao vivo, 1975), Roberta Sá avec António Zambujo dans l’album-hommage consacré par ce dernier à Chico Buarque (Até pensei que fosse minha, 2016), ou encore l’extraordinaire Carminho avec le même Zambujo, ici à Rio en 2016 :


António Zambujo & Carminho | Sem fantasia. Chico Buarque de Hollanda, paroles & musique.
António Zambujo & Carminho, chant ; accompagnement de guitare.
Captation : Cirdo voador, Rio de Janeiro (Brésil), 20 janvier 2016, dans le cadre du Festival MP,B 40 anos.

Cependant – pour en revenir au propos initial – on pouvait voir le jour de Noël de 1978, sur la chaîne de télévision TV Bandeirantes, basée à São Paulo, un « Especial Chico Buarque » au cours duquel le dédicataire de l’émission interprétait son Sem fantasia en duo avec l’intrépide Caetano Veloso, triomphant, armé de son sourire, qui, les yeux posés sur l’autre garçon, entonnait avec douceur l’adorable mélodie : « viens, mon vagabond… je t’enroulerai dans mes cheveux… je te veux fragile, je te veux fou, je te veux tout à moi. »


Caetano Veloso & Chico Buarque | Sem fantasia. Chico Buarque de Hollanda, paroles & musique.
Caetano Veloso & Chico Buarque, chant ; Chico Buarque, guitare.
Extrait de l’émission de télévision « Especial Chico Buarque », diffusée le 25 décembre 1978. Brésil, TV Bandeirantes, 1978.

Vem, meu menino vadio
Vem, sem mentir pra você
Vem, mas vem sem fantasia
Que da noite pro dia
Você não vai crescer
Vem, por favor não evites
Meu amor, meus convites
Minha dor, meus apelos
Vou te envolver nos cabelos
Vem perder-te em meus braços
Pelo amor de Deus
Vem que eu te quero fraco
Vem que eu te quero tolo
Vem que eu te quero todo meu
Viens, mon vagabond
Viens, sans te mentir
Viens, mais viens sans masque
Car du jour au lendemain
Tu ne vas pas devenir grand
Viens, n’esquive pas
Mes avances, mon amour
Mes appels, ma douleur
Je t’enroulerai dans mes cheveux
Viens te perdre dans mes bras
Pour l’amour de Dieu
Viens, je te veux sans défense
Viens, je te veux sans boussole
Viens, je te veux tout à moi.
Ah, eu quero te dizer
Que o instante de te ver
Custou tanto penar
Não vou me arrepender
Só vim te convencer
Que eu vim pra não morrer
De tanto te esperar
Eu quero te contar
Das chuvas que apanhei
Das noites que varei
No escuro a te buscar
Eu quero te mostrar
As marcas que ganhei
Nas lutas contra o rei
Nas discussões com Deus
E agora que cheguei
Eu quero a recompensa
Eu quero a prenda imensa
Dos carinhos teus
Il faut que je te dise combien
L’instant même où je t’ai vu
M’a déchiré le cœur.
Je ne me sens coupable de rien,
Je veux juste que tu comprennes
Que je suis venu pour ne pas mourir
De toujours t’attendre
Il faut que tu saches tout
Des pluies que j’ai subies
Des nuits que j’ai passées
Dans l’ombre à te chercher
Il faut que je te montre
Les marques que m’ont laissées
Mes luttes avec le roi
Mes disputes avec Dieu.
Maintenant que je suis là
J’en attends la récompense
Fais-moi le don immense
De tes caresses.
Chico Buarque De Hollanda. Sem fantasia (1967).
Chico Buarque De Hollanda. Sans masque, traduit de Sem fantasia par L. & L.

5 commentaires leave one →
  1. Kris permalink
    7 octobre 2018 21:56

    un grand bonjour cher Phil, espérant que ces premiers mois de liberté te comblent ) pensées

    • 8 octobre 2018 08:54

      Un grand bonjour à toi ma chère ! (Tu as bien mon adresse mail ?) Bises !

  2. antoinenaik permalink
    6 février 2023 12:29

    Joyeux anniversaire. Continuez à nous écrire de beaux billets (celui sur « Povo… se fait un peu attendre, alors je reparcours votre blog à la recherche de perles, comme celle-ci…).

    • 27 février 2023 16:13

      Merci, avec beaucoup de retard !
      J’ai dû cesser d’une manière un peu abrupte, comme vous l’avez noté, le cours habituel des publications. Le billet sur Povo que lavas no rio, qui était largement avancé, paraîtra probablement d’ici à quelques jours.

      Merci encore. Bien à vous,

      Philippe

      • 27 février 2023 19:16

        Voilà qui fait plaisir à lire ! Je craignais qu’il vous soit arrivé quelque chose.

        Bien à vous,

        Antoine

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