À plein gaz
Toulouse, rue Mage, 30 mai 2012.
— Tu vois cette femme ?
— Oui
— Et la rue, tu la vois ? L’édifice, surtout.
— Ben, oui. Évidemment.
— Tu vois, cette femme en passant ne déforme pas la rue. Ni le trottoir, ni l’édifice, rien.
— En effet, je te le concède.
Toulouse, rue Perchepinte, 30 mai 2012.
— Cet homme-là non plus, tu es d’accord. D’ailleurs voici la rue après son passage :
Toulouse, rue Perchepinte, 30 mai 2012.
Comme tu vois : aucun dégât, aucune déformation. Rue, trottoir, édifices.
— Rue, trottoir, édifices non. Mais ta tête, je me demande… Je m’inquiète un peu pour toi, tu sais.
— Eh bien tu as tort. Parce que regarde :
Toulouse, rue Merlane, 30 mai 2012.
Les dégâts sont flagrants. Et tu vois, même après son passage, à celui-ci, la déformation persiste :
Toulouse, rue Merlane, 30 mai 2012.
Tu vois ? Pour que rue, trottoirs, édifices reprennent leurs formes antérieures, il faut que quelqu’un d’autre repasse, beaucoup plus doucement :
Toulouse, rue Merlane, 30 mai 2012.
— Je vois oui. Je vois aussi qu’il n’y a pas que dans cette rue qu’il faudrait que quelqu’un d’autre repasse très très très doucement. Sur la pointe des pieds. Sur la pointe d’un seul pied si possible.
L. & L.
J’ai été étudiant à Toulouse, merci pour ce conte qui me permet d’en revoir certaines rues.
« Les villes que j’ai vues vivaient comme des folles »