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Amália, Mísia : deux compils pour Noël

21 décembre 2016

Voici 2 compilations — d’ailleurs pas absolument indispensables — qu’on peut s’offrir pour Noël ou pour une autre nuit. Se les faire remettre de préférence sous forme de CD : les couvertures des deux coffrets s’accordent parfaitement ensemble. On pourra les disposer l’un près de l’autre sur un meuble, une table de travail, un rayonnage de bibliothèque.

Mísia
Do primeiro fado ao último tango (2016)

Mísia. Do primeiro fado ao último tango (2016)Do primeiro fado ao último tango / Mísia, chant ; instrumentistes divers. — [Portugal] : Warner Music Portugal, ℗2016. — 2 CD.

Compilation d’enregistrements précédemment publiés.
Contient des extraits des albums : Mísia, ℗1991. — Fado, ℗1993. — Tanto menos tanto mais, ℗1995. — Garras dos sentidos, ℗1998. — Paixões diagonais, ℗1999. — Ritual, ℗2001. — Canto, ℗2003. — Drama box, ℗2005. — Ruas, ℗2009. — Senhora da noite, ℗2011. — Delikatessen café concerto, ℗2013. — Para Amália, ℗2015.

EAN 190295891541.

La pétulante Mísia marque ses 25 ans de carrière par une sélection de ses enregistrements réunis dans un double album intitulé Do primeiro fado ao último tango (« Du premier fado au dernier tango »).

Une véritable rétrospective, vu que les 40 titres qui la constituent ont été prélevés dans la totalité des albums publiés par la fadiste, depuis Mísia, apparu en 1991, alors que le Portugal gardait encore une forme de rancune à l’endroit du fado, jusqu’à Para Amália, hommage très personnel à la grande Amália Rodrigues publié l’an dernier. On passe donc à travers presque tous les genres abordés par l’éclectique artiste dans l’espace de ces 25 ans : chanson espagnole, française, mexicaine, rock, boléro, cha-cha-chá, tango… et surtout fado bien entendu. L’une des indiscutables qualités de Mísia est le goût très sûr qui la guide dans son choix de répertoire.

La disposition des morceaux, qui ne suit pas l’ordre chronologique, met en évidence les réussites (par exemple : les extraits du remarquable album Garras dos sentidos, 1998 ; ceux de Canto, 2003, étonnante mise en textes de musiques de Carlos Paredes — l’un des plus célèbres artistes de la guitare portugaise de Coimbra —, accompagnée par les instrumentistes habituels du fado renforcés par un quintette à cordes ; ou encore l’interprétation de Lágrima, d’Amália Rodrigues, en 2001) comme les ratages. Parmi ceux-ci : Yo soy María, de l’« opéra-tango » María de Buenos Aires, d’Astor Piazzolla et Horacio Ferrer, très insuffisant au regard de l’interprétation originale du même thème par l’incomparable Amelita Baltar. Drama box (2005), dont est tiré ce morceau, était d’ailleurs un album plutôt raté, dont on peut cependant sauver quelques titres parmi lesquels Ese momento, qui figure aussi sur la compilation. Et puis il y a les moments où l’oreille souffre de certaines duretés dans la voix, dont la justesse n’est pas toujours parfaite.

Mísia | Ese momento. Armando Manzanero, paroles et musique
Mísia, chant ; José Manuel Neto, guitare portugaise ; Carlos Manuel Proença, guitare classique ; Daniel Pinto, basse acoustique ; Luís Cunha, violon ; Ricardo Dias, piano, arrangements. Extrait de l’album Drama box, ℗2005.
Vidéo : pas d’informations. Production : France, Naive, 2005.

Amália Rodrigues
Amália canta Portugal (2016)

Amália Rodrigues. Amália canta Portugal (2016)Amália… canta Portugal / Amália Rodrigues, chant ; instrumentistes divers. — [Portugal] : Valentim de Carvalho, ℗2016. — 2 CD.

Compilation d’enregistrements précédemment publiés en : 1966, 1967, 1970, 1972, 1974, 1975 et de quelques enregistrements inédits (1965, 1966, 1967, 1969, 1972).
Contient notamment : Amália canta Portugal / accompagnement d’orchestre ; Joaquim Luís Gomes et Jorge Costa Pinto, arrangements et direction (enr. 1965, publ. 1966). — Amália canta Portugal 2 / accompagnement d’orchestre ; Joaquim Luís Gomes, arrangements et direction (enr. 1967, publ. 1971). — Amália canta Portugal III / José Fontes Rocha et Carlos Gonçalves, guitare portugaise ; Pedro Leal, guitare classique ; Joel Pina, basse acoustique (1972).

Valentim de Carvalho 0418-2. — EAN 5605231041829.

Valentim de Carvalho, le principal éditeur des enregistrements d’Amália Rodrigues, poursuit depuis quelques années une politique de réédition de l’héritage discographique de la fadiste, les albums originaux se trouvant le plus souvent augmentés de captations restées non publiées pour des raisons diverses : prises alternatives, répétitions, autres versions de morceaux publiés, et parfois — rarement — de véritables inédits. Le plus spectaculaire de ces projets (et le plus intéressant à ce jour) a été la nouvelle édition, en 2010, de Com que voz, l’album de 1970 considéré par beaucoup comme le sommet absolu de l’entière discographie du fado.

Amália canta Portugal rassemble en 2 CD les enregistrements de chansons traditionnelles ou à caractère traditionnel : ceux que la chanteuse et son éditeur appelaient ses disques de folclore, dont se détachent les trois albums 33t publiés de 1966 à 1972, tous intitulés Amália canta Portugal. Les deux premiers sont malheureusement gâchés par un accompagnement orchestral inapproprié. Le troisième, avec guitares portugaises et guitares, est splendide.

La brochure qui accompagne la compilation donne de précieux renseignements sur l’origine géographique de chacune des chansons et sur les recueils dont elles proviennent le cas échéant. On y apprend ainsi que le premier des trois albums est composé pour partie d’extraits d’un recueil de chansons transcrites et arrangées pour voix et piano, et de propositions d’Hugo Ribeiro, l’ingénieur du son de la maison Valentim de Carvalho (décédé récemment), dont Amália disait qu’il était le seul à capter correctement sa voix.

Le double CD, qui ne compte pas moins de 61 plages, ne se limite pas aux contenus originaux des trois albums de folclore. On y trouve en outre deux enregistrements publics inédits, l’un au Hollywood Bowl de Los Angeles en 1966 (4 morceaux issus du premier Amália canta Portugal), le second au monastère des Jerónimos de Lisbonne en 1969 (deux chansons extraites respectivement des Amália canta Portugal 1 et 2).

On pourrait penser qu’Amália Rodrigues et José Afonso relevaient de milieux, voire d’univers antagonistes. Le fait est. Amália a pourtant enregistré en 1970 Natal dos simples et Balada do sino, deux thèmes de Cantares do andarilho (1968), un album de José Afonso constitué de chansons à contenu crypto-politique pour lesquelles il avait employé un style d’écriture et de composition à la manière des chansons traditionnelles. On entend pour la première fois ces enregistrements, avec accompagnement de guitares. Ils ressemblent à des maquettes plutôt qu’à des versions destinées à la publication, mais tels quels ils sont préférables à ceux avec orchestre effectivement publiés la même année, présents également dans la compilation. Ils y précèdent le fameux Grândola, vila morena de 1974, dont on apprend que c’est Rui Valentim de Carvalho lui-même, le patron de la maison éponyme, qui a suggéré à Amália de l’enregistrer, juste après la Révolution des œillets. On s’étonne de pareil manque de discernement. Malgré sa beauté, ce Grândola-là n’a pas manqué de susciter les railleries à sa sortie.

À noter encore quelques inédits (dont Verde limão, souvent chanté sur scène en ouverture de récital, mais dont aucun enregistrement studio ne semblait exister) et des captations de sessions d’enregistrement qui constituent autant de courts documentaires sonores sur le travail de studio. On y entend les tâtonnements, les hésitations (« Ah je me suis trompée »), les échanges avec les guitaristes qu’Amália interpelle par leurs noms de famille (« Vous ne pensez pas, Fontes Rocha ? »).

Amália Rodrigues | Rosa Tirana. Paroles et musique traditionnelles (Nord du Portugal).
Amália Rodrigues, chant ; [José Fontes Rocha? et Carlos Gonçalves?, guitare portugaise ; Pedro Leal?, guitare classique ; Joel Pina?, basse acoustique]
Captation : Naples (Italie), Auditorium Rai di Napoli, 1972?

5 commentaires leave one →
  1. 21 décembre 2016 18:08

    A reblogué ceci sur levoyageurdeselet a ajouté:

    Fado ré my…

  2. JACQUES ANGLADE permalink
    22 décembre 2016 10:34

    Une occasion de ré-écouter Garras dos sentidos : quelle merveille ! Merci !

    • 22 décembre 2016 10:43

      Oui… en particulier le Fado Carriche sur un poème de Pessoa — et tout le reste !

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