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Mísia | Para Amália (2015)

16 décembre 2015

Mísia | Para Amália (2015)
Mísia | Para Amália (2015).

Le voici donc, cet album de Mísia dédié à Amália Rodrigues – publié en France ce fatal vendredi 13 novembre dernier. Intitulé simplement Para Amália (« Pour Amália »), il est à l’image de sa créatrice : imaginatif, impétueux, sincère. Il est aussi fidèle à son titre, car il s’agit bien en effet d’un acte de reconnaissance et d’une offrande.

Depuis ses débuts, Mísia n’a en réalité jamais cessé de rendre hommage à l’ « âme du fado » comme Amália Rodrigues était surnommée dans les années 50. Presque tous ses albums comptent un titre, parfois plusieurs, du répertoire d’Amália. Elle les a toujours interprétés avec ferveur, mais à sa manière à elle, singulière, et avec la distance nécessaire le cas échéant. Voir par exemple le Fado do ciúme qui ouvre l’inclassable Delikatessen café concerto de 2013.

Para Amália est un album double. Sa première partie, voix et piano (celui de Fabrizio Romano, qui est aussi compositeur – et italien, comme son nom le laisse conjecturer) est fait d’un choix de neuf morceaux du répertoire d’Amália très rarement interprétés sur scène par cette dernière (voire jamais pour certains). Cinq d’entre eux ont des musiques d’Alain Oulman, qui composait au piano : les voici en quelque sorte rendus à leur forme primitive. Les quatre autres, qui se prêtaient a priori moins facilement à ce traitement, surprennent d’autant plus favorablement. Ainsi de Solidão (Canção do mar), du film Les amants du Tage réalisé par Henri Verneuil (1955), de la marche Lisboa antiga créée par Hermínia Silva en 1953 et reprise ensuite par Amália, ou encore de Romance, un fado de la dernière partie de sa carrière, auquel le pianiste donne une tournure évoquant un prélude de Bach. Les arrangements sont tous parfaits. La formule chant et piano a cependant pour inconvénient d’exposer dangereusement la voix, notamment dans les morceaux les plus lents à l’écoute desquels des sourcils pourront se hausser.

La seconde partie est exécutée avec le traditionnel ensemble guitare portugaise (excellent Luís Guerreiro) et guitares acoustiques. Encore quatre morceaux rares du répertoire d’Amália : Flor de lua, très réussi, À janela do meu peito, une marche d’Alberto Janes (l’auteur de Vou dar de  beber à dor, v.o. de La maison sur le port),  Rosinha da Serra d’Arga, extrait du 3e album de « folclore » paru en 1972, et Fado Amália, de Frederico Valério. On y trouve aussi Maria la Portuguesa, de Carlos Cano, en duo avec la chanteuse espagnole Martirio, qui vole presque la vedette à Mísia, et enfin quatre chansons, ou fados-chansons, sur des textes dédiés à Amália d’un lyrisme parfois fougueux : « Voix ancestrale, voix de bacchante / De prêtresse grecque / De pythonisse, de muse / Des chants à la déesse Iris / Et des prières à Marie. / Voix de plainte au clair du jour / De sirène dans la brume / Cri dans la steppe qui pleure / Amália toujours et maintenant » (Amália sempre e agora, texte d’Amélia Muge, chanté en duo avec Maria Bethânia).

En somme c’est Mísia comme on l’aime, exubérante et mélodramatique comme une sorte de Sarah Bernhardt du fado, jamais prise au piège des modes ni des courants du marché discographique.

Mísia | Tive um coração, perdi-o. Amália Rodrigues, paroles ; José Fontes Rocha, musique ; Mísia, chant ; Fabrizio Romano, arrangements, piano ; Luís Guerreiro, guitare portugaise. Bande son extraite de : Mísia, Para Amália (Portugal, 2015).
Vidéo : Maria de Medeiros, réalisation.

Mísia
Para Amália (2015)

Mísia | Para Amália (2015)Para Amália / Amália Rodrigues, Frederico de Brito, Teresa Rita Lopes, David Mourão-Ferreira…, paroles ; José Fontes Rocha, Ferrer Trindade, Alain Oulman, Carlos Gonçalves…, musiques ; Mísia, chant ; Fabrizio Romano, arrangements, piano ; Luís Guerreiro, guitare portugaise ; Daniel Pinto, guitare classique et basse acoustique. — Production : Portugal : Liberdades poéticas, ℗2015.

Autres interprètes : Maria Bethânia, Martirio, chant ; Rogério Samora, voix.
Enregistré à Paço de Arcos (Portugal), Atlântico Blue Studios, en 2014.

2 CD : Verycords, 2015. — EAN 3760220461124.

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