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Mísia & Adriana Calcanhotto | O corvo

29 juillet 2015

J’ai un corbeau à fleur de peau
Il se nourrit d’une plaie ouverte
[…]
Il entre dans ma vie
Comme la lune dans un jardin
Ce qu’il y trouve, il le suspend
Au fil aiguisé d’un couteau
Et m’en apporte les morceaux
João Monge. Le corbeau (extrait), traduit de O corvo par L. & L.

Mísia & Adriana Calcanhotto | O corvo. João Monge, paroles ; Carlos Simões Neves, musique (Fado Tamanquinhas) ; Mísia & Adriana Calcanhotto, chant ; José Manuel Neto, guitare portugaise ; Carlos Manuel Proença, guitare classique (« viola de fado ») ; Daniel Pinto, basse acoustique. Captation : Barcelone, Palau de la música, Festival Únicas, 18 juin 2007.

Voici une Mísia très en forme interprétant avec brio,  en duo (et dans un étonnant contraste, à tous points de vue) avec son amie brésilienne Adriana Calcanhotto, ce poème de João Monge aux paroles atroces, aussi noires que le corbeau qui les parcourt, sur la musique guillerette du Fado Tamanquinhas, exécutée de surcroît sur un tempo rapide, les appuis rythmiques bien marqués.

Un enregistrement studio de ce morceau figure dans l’album de Mísia Paixões diagonais, paru en 1999. J’ai acheté le CD à Toulouse où je travaillais alors, entre midi et deux, le 6 octobre 1999, qui était je crois le jour de sa sortie en France. Ce n’est que le soir, en rentrant chez moi, en Ariège, que j’ai appris la nouvelle de mort d’Amália survenue le matin même. L’album de Mísia — comme tout autre enregistrement de fado — est resté inécouté pendant plusieurs mois, je ne sais plus au juste combien.

Une autre musique, celle de João Gil, donne à ce poème, O corvo, un tout autre esprit dans le très bel album Fados de amor e pecado (2009) d’Ana Sofia Varela, qui rétrospectivement apparaît comme l’un des plus marquants de la discographie du fado de ces dix dernières années. Un album d’une grande unité, entièrement constitué de fados de João Monge et de João Gil, d’un classicisme élégant et poétique.

Tenho um corvo à flor da pele
Vive de uma ferida aberta
Acorda quando me deito
Levanta voo do meu peito
Sempre, sempre à hora certa

Passa por aquela casa
Onde resta uma roseira
Dá contigo junto ao mar
Beija-te sem te acordar
Depois fica a noite inteira

Entra pela minha vida
Como a lua no jardim
Pendura tudo o que valha
No gume de uma navalha
Traz-me pedaços de mim

Tenho um corvo à flor da pele
Um irmão da minha idade
Acorda quando me deito
Levanta voo do meu peito
Diz que se chama Saudade.
João Monge. O corvo

J’ai un corbeau à fleur de peau
Il se nourrit d’une plaie ouverte
S’éveillant quand je m’endors
Et s’envolant de mon cœur
Chaque nuit à la même heure.

Il s’en va vers cette maison
Vers cette maison du rosier
Il te trouve sur le rivage
Te donne un baiser sans t’éveiller
Et te veille jusqu’au matin.

Il entre dans ma vie
Comme la lune dans un jardin
Ce qu’il y trouve, il le suspend
Au fil aiguisé d’un couteau
Et m’en apporte les morceaux

J’ai un corbeau à fleur de peau
Il est comme un frère jumeau
S’éveillant quand je m’endors
Il s’envole de mon cœur
Et dit se nommer Saudade.
João Monge. Le corbeau, traduit de O corvo par L. & L.

3 commentaires leave one →
  1. Anne-Marie permalink
    1 août 2015 20:05

    Je suis d’accord avec toi, je trouve que les « fados de amor e pecado » sont l’un de mes meilleurs disques de fado, et je regrette que Ana Sofia Varela n’ait pas pris après cela la place qu’elle devrait avoir, son corbeau à elle ayant une autre dimension que celui-ci, plus tragique comme il se doit..
    A part cela, as-tu entendu, à propos d’Amalia, le disque en son hommage qui vient de sortir au Portugal « Amalia : as vozes do fado » ? Il y a dedans des fados superbes, et les choix ont été opportunément faits, tant en ce qui concerne les fadistas que les morceaux, pour montrer les différentes facettes de son art…Je pense que tu devrais avoir du plaisir, en tout cas, moi, j’en ai tous les soirs en l’écoutant… Tu verras, « meu limâo de amargura »…

    • 1 août 2015 20:10

      Oui Anne-Marie, c’est même un projet français cet hommage à Amália. Avec une Celeste émouvante dans Faz-me pena… Je ferai un billet pour la sortie française, prévue dans une quinzaine de jours je crois. Tu vas bien ?
      Ph.

  2. Anne-Marie permalink
    2 août 2015 17:43

    Ah Céleste, il n’y a qu’elle à me faire pleurer à chaque fois…il paraît que pour ce morceau, très émouvant en effet, elle a dit quand Ruben le lui a proposé : « pourquoi un fado si triste ? je veux vivre moi ! », et son petit fils tout bouclé, que j’ai vu une fois sur scène avec elle à la guitare portugaise, est plein d’adoration pour elle sur la vidéo !
    Moi je me traîne malgré ce dernier séjour lisboète, mais je lis et lirai toujours avec bonheur tes billets ! AM

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