Toujours vois-tu mon âme en rêve ?
Il y a quelqu’un.
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Il n’y a plus personne.
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Comme le temps passe.
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Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l’heure passé.Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l’on entend à peine leurs paroles.Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.– Te souvient-il de notre extase ancienne ?
– Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ?– Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ? – Non.Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! – C’est possible.– Qu’il était bleu, le ciel, et grand, l’espoir !
– L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.
Paul Verlaine (1844-1896). Colloque sentimental (1868). Extrait de Fêtes galantes.
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l’illustration va super bien avec le texte
Merci 🙂
Très inspirant, les poètes maudits avaient l’art de s’absenter dans l’absinthe.