Mísia, José Fialho, Paulo Bragança
Mísia est à partir de demain mardi au théâtre des Bouffes du Nord à Paris, pour six représentations d’un spectacle qui est aussi la matière de son album à paraître : Senhora da noite.
Que fazes aí Lisboa ? / Mísia, chant ; José Manuel Neto, guitare portugaise ; Carlos Manuel Proenca, guitare ; Luis Cunha, violon ; Mário Gonçalves, paroles ; Arlindo Duarte de Carvalho, musique. Enregistré en 2007 à Paris, théâtre des Bouffes du Nord.
Senhora da noite, « Dame de la nuit » : ce titre dit plusieurs choses. Il dit que le fado est une activité nocturne, exercée surtout — quoique sans exclusive — par des femmes. Il dit aussi que les femmes du fado ont été longtemps des prostituées. C’est dans l’ouvrage de Rui Vieira Nery je crois, que j’ai lu que dans les années 60 et 70 encore, alors qu’il n’y avait pas de loges dans les maisons de fado, pas d’endroit pour se changer et se préparer, les chanteuses qui venaient travailler, déjà en costume et maquillage de scène, se faisaient insulter dans la rue par les hommes, ceux-là même qui allaient les applaudir plus tard dans la nuit. Senhora da noite , aussi parce que les textes en sont écrits exclusivement par des femmes, Lídia Jorge, Florbela Espanca, Hélia Correia, Amália Rodrigues, Aldina Duarte, Amélia Muge, Rosa Lobato Faria, Adriana Calcanhotto, Mísia elle-même.
Si tu comprends le portugais, regarde cette interview réalisée le 1er février dernier à la télévision portugaise (RTP2). L’émission s’appelle Bairro Alto. L’animateur, José Fialho, en est extrêmement charmant, on aimerait être interviewé par lui… Mísia parle de sa carrière, de sa vie — ses deux familles absolument dissemblables, portuane et austère du côté paternel, catalane et bohème quant à son ascendance maternelle. Son père ingénieur à la nature réservée, beau dit-elle, tenant de Jean Gabin et de Jean-Paul Belmondo (jeunes, j’espère) ; sa mère danseuse, un personnage « de dessin animé », sa grand-mère maternelle, ancienne « semi-vedette frivole » (sic), et elle à vouloir chanter le fado.
Elle dit que Porto (la ville du père, donc) est une ville virile, à l’inverse de Lisbonne. Et Paris, homme ou femme ? veut savoir le jeune homme extrêmement charmant. La réponse de Mísia, qui y a vécu cinq ans, est d’autant plus amusante qu’elle vient très spontanément et fait rire le jeune homme, un rire extrêmement charmant.
Elle parle de ses tentatives de suicide en 2008.
(Parfois elle me fait penser à ma sœur aînée — qui heureusement pour tout le monde n’est pas devenue fadiste.)
Bairro Alto (RTP2), émission du 1er février 2011. Mísia, interviewée ; José Fialho Gouveia, intervieweur.
Elle donne aussi son opinion sur la mode actuelle du fado et la nouvelle génération de chanteurs, disant combien les choses ont changé depuis ses débuts à elle, alors que ce genre souffrait encore au mieux d’une grande indifférence, autant au Portugal (où il ne s’était pas encore entièrement relevé de l’image qui était la sienne pendant la période salazariste) qu’à l’étranger. Et comme souvent, elle fait référence à Paulo Bragança, qui lui aussi dans ces années-là chantait le fado d’une manière inédite, provocatrice. Il a pratiquement disparu de la circulation, depuis. Le voici en 1993 dans Cansaço, un des plus beaux fados du répertoire d’Amália :
Cansaço / Paulo Bragança, chant ; Luís de Macedo, paroles ; Joaquim Campos da Silva, musique (fado Tango). Enregistré en juin 1993 à Toronto (Canada).
L. & L.
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Mísia en concert
Mardi 15 Février – Samedi 19 Février 2011, 21 h 00, Dimanche 20 Février 2011, 16 h 00
Senhora da noite
Paris (75 – Paris) – Théâtre des Bouffes du Nord
37 bis, bd de la Chapelle
75010 Paris – Métro La Chapelle
Tél (réservations) : +33 (0)1 46 07 34 50
18 € à 28 € (tarif indicatif)
Voir ce concert sur le site du théâtre
Jeudi 24 Mars 2011, 21 h 00
Festival Chorus
Sèvres (92 – Hauts-de-Seine) – Le Sel
47, Grande Rue
92310 Sèvres
Tél (réservations) : +33 (0)1 41 14 32 34
Tél (renseignements) : +33 (0)1 41 14 32 32
8 € à 30 € (tarif indicatif)
Voir ce concert sur le site du théâtre
Samedi 7 Mai 2011, 21 h 00
Senhora da noite
Béthune (62 – Pas-de-Calais) – Théâtre Municipal
Boulevard Victor Hugo
62400 Béthune
Tél : +33 (0)3 21 64 37 37
15 € à 18 € (tarif indicatif)
Voir ce concert sur le site du théâtre
Saudades de Paulo Bragança, um grande fadista.
Isso é verdade.