José Afonso • Fui à beira do mar
Il y a cinquante ans aujourd’hui, le 25 avril 1974, avait lieu au Portugal la Révolution des œillets, qui mettait fin au régime de dictature en place depuis le coup d’état militaire de 1926. 48 ans.
Comment est la fête du cinquantenaire ? Car l’extrême-droite a réalisé une percée spectaculaire aux élections législatives anticipées du 10 mars dernier : 50 sièges sur les 230 de l’Assemblée de la République, soit quatre fois plus qu’au scrutin précédent (2022).
Fui à beira do mar (« Je suis allé sur le rivage »), publiée avant la Révolution des œillets, était une chanson d’espérance. Elle est extraite du très bel album Eu vou ser como a toupeira (« Je serai comme la taupe »), enregistré à Madrid en novembre 1972, publié en décembre de la même année.
………
José Afonso (1929-1987) • Fui à beira do mar. José Afonso, paroles & musique.
José Afonso, chant ; instrumentistes non identifiés.
Enregistrement : Madrid (Espagne), studios Celada, du 6 au 13 novembre 1972.
Extrait de l’album Eu vou ser como a toupeira / José Afonso. Portugal, Orfeu, ℗ 1972.
………
Fui à beira do mar
Ver o que lá havia
Ouvi uma voz cantar
Que ao longe me dizia
Je suis allé sur le rivage
Voir ce qui s’y trouvait.
Là une voix chantait,
De loin elle me disait :
Ó cantador alegre
Que é da tua alegria
Tens tanto para andar
E a noite está tão fria
« Ô toi joyeux chanteur,
Qu’en est-il de ta joie ?
Ton chemin est si long
Et la nuit est si froide ! »
Desde então a lavrar
No meu peito a Alegria
Ouço alguém a bradar
Aproveita que é dia
Depuis, la joie
Se répand dans mon cœur
Et j’entends quelqu’un crier
« Profite du jour qui vient ! »
Sentei-me a descansar
Enquanto amanhecia
Entre o céu e o mar
Uma proa rompia
Je me suis assis pour me reposer
Tandis que le jour se levait.
Entre le ciel et l’eau
Une étrave fendait les flots.
Desde então a bater
No meu peito em segredo
Sinto uma voz dizer
Teima, teima sem medo
Depuis, frémissant
En secret dans mon cœur,
J’entends une voix qui dit
« Persévère, n’aie pas peur ! »
Desde então a lavrar
No meu peito a Alegria
Ouço alguém a bradar
Aproveita que é dia
Depuis, la joie
Se répand dans mon cœur
Et j’entends quelqu’un crier
« Profite du jour qui vient ! »
… … José Afonso (1929-1987). Fui à beira do mar. José Afonso (1929-1987). Je suis allé sur le rivage, traduit de : Fui à beira do mar par L. & L.
………
Ce 25 avril a Lisbonne était superbe. Comme si la percée de l’extrême-droite, ici comme ailleurs, avait rendu la célébration plus nécessaire encore. L’avenue de la liberté et le Rossio noirs de monde, une foule jeune, des « Grandola… » repris en chœur à chaque coin de rue… Pour un peu on se serait pris à reprendre espoir face au monde qui vient.
Quelle excellente nouvelle ! En effet j’ai vu des photos très impressionnantes de l’avenue de la liberté, et aussi du largo do Carmo le 24 au soir…