Natércia da Conceição • A rir, a brincar
C’est un type de fado totalement démodé, adorable. Cette façon d’articuler et de chanter le portugais… Ce type de jeu de guitare portugaise avec ces courts portamenti, cette recherche de fluidité, cette façon de « chanter », typiques du jeu de Lisbonne (par opposition à celui de Coimbra)…
Natércia da Conceição, née en 1934, a émigré en 1970 aux États-Unis pour y fonder une casa de fados. Elle y est morte en octobre 2009.
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[Digression grammaticale]
Il y a dans le texte de ce fado deux jolis spécimens d’infinitif conjugué (« infinitivo pessoal »), une réjouissante — et très élégante — particularité de la morphologie du portugais : « Nenhum de nós teve culpa / De me quereres e eu te querer ». Quereres est la 2e personne du singulier du verbe querer (« aimer » ou « vouloir ») à l’infinitif présent, querer la 1ère personne. En français : « Aucun de nous n’était coupable, / Ni toi de m’aimer, ni moi de t’aimer. »
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Natércia da Conceição (1934-2009) • A rir, a brincar. Fernando Farinha, paroles ; Miguel Ramos, musique.
Natércia da Conceição, chant ; Manuel Mendes & Armindo Fernandes, guitare portugaise ; Manuel Martins & Mário Pacheco, guitare. Enregistrement : Lisbonne, studios Polysom.
Portugal : Mundusom, sans date [années 1960].
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A rir, a brincar, trocámos um sorriso
Cruzámos um olhar, palavras não houveram
Somente o coração falou por nós os dois
E disse coisas lindas que os lábios não disseram
Tout en riant, en plaisantant, nous avons échangé
Un sourire, un regard, sans rien dire.
Le cœur seul parlait pour nous deux,
Disant ce que les lèvres taisaient.
Nenhum de nós teve culpa
De me quereres e eu te querer
Eu olhei e tu olhaste
Eu gostei e tu gostaste
E nada mais sei dizer.
Que importa que o mundo fale
Maldizendo o nosso amor?
Se ele fala, tem razão:
É sinal que esta paixão
Sempre tem algum valor
Ce n’était ni ta faute ni la mienne,
Si tu m’aimais, si je t’aimais.
Je t’ai regardé, tu m’as regardé,
Tu m’as plu et je t’ai plu,
Voilà tout.
Et qu’importent
Les médisances du monde ?
Si le monde parle, il a raison :
C’est le signe que cet amour
A toujours de la valeur.
Falar sem saber não chega a ser falar,
Não chega a ser dizer, só fala quem não sente
Ou não sabe sentir o que é um grande amor
Que nasce dentro em nós e morre com a gente.
Parler sans savoir, ce n’est pas parler,
C’est ne rien dire. Ceux qui parlent ne ressentent pas
Ou ne savent pas ressentir ce qu’est un grand amour
Qui naît en nous et mourra avec nous.
Fernando Farinha (1928-1988). A rir, a brincar.
.Fernando Farinha (1928-1988). En riant, en plaisantant, trad. par L. & L. de A rir, a brincar.
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Merveille
Un moment j’ai cru entendre Misia🙂
Les détails dont vous parlez,je ne les vois pas (quel drôle de malheur de ne pas comprendre le portugais et pourtant l’aimer 🙂), malgré cela reste un sentiment de subtilité qui me renvoie aux chansons avec lesquelles j’ai grandi et qui les fados d’aujourd’hui ne réveillent point. Encore,merci à vous 👌