Le rozell
Pillig, spanell et rozell
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Lexique élémentaire breton-français de la crêperie :
- Pillig : crêpière, plaque à crêpes ; devient billig précédé d’un article : ar billig (la crêpière, la plaque à crêpes)
- Spanell : spatule
- Rozell : rozell, ustensile servant à étaler la pâte à crêpes sur le pillig. Les essuie-glaces sont des « rozell à pluie » : rozelloù-glav
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Le pillig a été retrouvé dans un des cartons non encore déballés du déménagement de l’an dernier. Nettoyé, le voici prêt à servir à nouveau. Le spanell, indispensable pour retourner la crêpe sur le pillig à mi-cuisson, se trouvait dans le même carton. Seul le rozell, au moyen duquel on étale la pâte sur le pillig, manquait. Sans rozell, pas de crêpes : un pillig ne se manie pas comme une poêle à frire.
Voilà pourquoi je me suis rendu dans une boutique d’ustensiles de cuisine du centre de Toulouse. Dûment masqué, les mains passées à la solution hydroalcoolique prodiguée à l’entrée, j’ai salué la dame et lui ai demandé « un rozell, s’il vous plaît. — Un quoi ? — Un rozell. L’instrument pour étaler la pâte à crêpes, quoi ; je ne lui connais pas d’autre nom. — Ah, un râteau à crêpes. Est-ce que j’ai ça ? Oui, voici. 6,90 €. » (Le même à Quimper : 1,50 €, soit dit en passant.)
Un râteau à crêpes. J’ai fermé les yeux en frissonnant de mortification et si je n’avais pas eu un besoin absolu de ce rozell, je me serais évanoui, c’était la seule conduite possible. La vendeuse n’est pas à blâmer, la pauvre. Elle tire cette expression obscène de sa nomenclature commerciale qui la préfère au nom original breton – d’ailleurs deux fois plus court. Voilà bien la répugnance française vis-à-vis des langues – autres que le français, s’entend – pourtant nées sur le territoire même de ce pays indécrottablement jacobin et fier de l’être. On fait moins la fine bouche lorsqu’il s’agit de prendre à l’anglais. Et on peut parier que si la mode des crêpes faites sur le pillig à l’aide du spanell et du rozell flambait soudainement aux États-Unis et revenait ici rhabillée d’une terminologie yankee, c’est celle-ci qui s’imposerait en France. Dans ce pays futile on se persuaderait même que le tout – crêpes, pillig, spanell, rozell – est une invention américaine.
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Armel an Héjer • Arc’hoazh 2. Armel an Héjer, paroles & musique.
Armel an Héjer, chant, arrangement ; Nicolas Stévenin, oud ; Alain Léon, laoúto ; Julien Stévenin, contrebasse ; Bernard Le Dréau, clarinette ; Malo Carvou, flûte traversière ; Jérôme Kerihuel, percussion ; Bagad Kemper, bagad.
Extrait de l’album Boked an euredenn / Armel an Héjer. France, ℗ 2012.
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*Arc’hoazh* veut dire *à demain*?
Arc’hoaz veut dire « demain ». Chez moi on dit plutôt « warc’hoaz » (le w se prononce v ; chez moi on ne fait pas entendre le z final).
Je fais moi-même les crêpes,mes filles les aiment beaucoup,puis-je vous demander comment faire les crêpes bretons ?
Les crêpes de froment ou les crêpes de blé noir (sarrasin) ?
Celles de blé noir, c’est très simple : il faut faire une pâte assez liquide avec de la farine de blé noir, de l’eau et un peu de sel. C’est tout ! À la rigueur on peut ajouter un œuf.
Connaissez-vous des sites consacrées à la langue et culture bretonne?
Je n’en ai pas utilisé récemment, mais il y en a, oui. Je vais voir ce que je trouve.
Les deux
Les crêpes de froment sont faîtes de farine de blé, de lait, d’œufs et d’un peu de sel. J’en ai plusieurs recettes (les proportions des différents ingrédients varient). La pâte est assez liquide et il faut la laisser reposer (mettons deux heures) avant de l’utiliser. Vous n’avez qu’une poêle, je suppose?
Ah,je ne laisse jamais reposer la pâte,je vais voir qu’est ce que ça donne
Une poêle,oui.
Avec une poêle on ne peut pas faire de crêpes « à la bretonne », qui doivent être très minces (c’est à ça que sert le « rozell », difficile à manier dans une poêle, trop petite et dont les bords gênent ; un « pillig » n’a d’ailleurs pas de bords). Mais dans une poêle vous pouvez faire des « kuing yekel », et vous serez certainement le seul dans toute la Pologne à en faire. C’est une recette du Pays bigouden dont je suis originaire. Ma mère en faisait très souvent. « Kuing » signifie « gâteau « . « Yekel » est un nom de personne.
Il faut faire une pâte avec de la farine, des œufs, du sucre, du lait, un peu de sucre vanillé et de sel, et de la levure de boulanger. Il faut laisser gonfler la pâte plusieurs heures dans un lieu suffisamment tiède avant de l’utiliser.
Proportions (pour 500 g de farine) :
2/3 de litre de lait (un peu tiédi)
150 g de sucre (ou un peu plus si on aime)
2 sachets de sucre vanillé
Une pincée de sel
2 ou 3 œufs suivant leur taille
De 15 à 20 g de levure de boulanger délayée dans un peu d’eau ou de lait tiède.
Verser une louche de pâte dans la poêle bien chaude, laisser cuire le premier côté (la pâte fait des bulles qui éclatent à mesure qu’elle cuit), retourner et cuire brièvement sur le second côté. Servir en y posant un morceau de beurre.
Recommencer jusqu’à épuisement de la pâte !
C’est aussi très bon froid, au petit déjeuner du lendemain par exemple…
C’est tres aimable ,merci