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Ricardo Ribeiro | Alla luna (Leopardi)

23 septembre 2019

Ricardo Ribeiro n’est pas un fadiste comme les autres. Soit qu’il rapproche le Fado du Flamenco ou des musiques du Proche-Orient, soit qu’il s’en éloigne comme dans son singulier dernier album, Respeitosa mente (2019), réalisé en collaboration avec le compositeur et pianiste João Paulo Esteves da Silva. Ce dernier est responsable de la majorité des musiques de l’album, souvent ajustées à ses propres textes. Ici cependant sa composition honore rien moins qu’un des Canti (« Chants ») du grand poète et philosophe Giacomo Leopardi (1798-1837).

Pour ses débuts dans la langue italienne, on ne peut pas dire que Ricardo Ribeiro ait choisi de la gnognotte.

Ricardo Ribeiro | Alla luna. Poème de Giacomo Leopardi ; João Paulo Esteves da Silva, musique.
Ricardo Ribeiro, chant ; João Paulo Esteves da Silva, piano ; Jarrod Cagwin, percussions. Extrait de l’album Respeitosa mente / Ricardo Ribeiro. Portugal, ℗ 2019.

O graziosa Luna, io mi rammento
che, or volge l’anno, sovra questo colle
io venia pien d’angoscia a rimirarti:
e tu pendevi allor su quella selva,
siccome or fai, che tutta la rischiari.
Ma nebuloso e tremulo dal pianto,
che mi sorgea sul ciglio, alle mie luci
il tuo volto apparia, ché travagliosa
era mia vita: ed è, né cangia stile,
o mia diletta Luna. E pur mi giova
la ricordanza, e il noverar l’etate
del mio dolore. Oh come grato occorre
nel tempo giovanil, quando ancor lungo
la speme e breve ha la memoria il corso,
il rimembrar delle passate cose,
ancor che triste, e che l’affanno duri!
Giacomo Leopardi (1798-1837). Canti, XIV, Alla luna (1819).

………

Ô gracieuse lune, je me souviens qu’il y a un an je venais sur cette colline te regarder, plein d’angoisse : et tu te suspendais alors, comme tu fais maintenant, sur cette colline que tu éclaires tout entière. Mais, nuageux et tremblant des larmes qui baignaient mes cils, apparaissait ton visage à mes yeux : car douloureuse était ma vie, et elle l’est encore et n’a pas changé, ô ma lune chérie. Et cependant j’aime à me souvenir et à calculer l’âge de ma douleur. Oh ! comme il est doux, au temps de la jeunesse, quand la carrière de l’espérance est encore longue et celle de la mémoire encore courte, de se rappeler les choses passées, même tristes, et même si le chagrin dure encore !
Giacomo Leopardi (1798-1837). Chants, XIV, À la lune (1819). Traduction par François-Alphonse Aulard (1880). Dans : Poésies et œuvres morales de Leopardi / première traduction complète… par F.-A. Aulard,…. précédée d’un essai sur Leopardi / par F.-A. Aulard,… Paris, A. Lemerre, 1880, Tome 1, p. 273. Consultable en ligne sur Gallica.

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