Contondant
Soudain à bout de patience vous lui diriez : « Écoutez, vous m’horripilez, je ne sais pas ce qui me retient de vous frapper » mais, alarmé dans le moment même de l’énonciation de cette répartie par l’éclatante, l’effrayante matérialité du mot « frapper », vous le remplaceriez in extremis par le mot « contondre » :
« Écoutez, vous m’horripilez, je ne sais pas ce qui me retient de vous contondre », de sorte qu’au lieu
de vous rétorquer, avec sur le visage une expression de joie et d’ironie : « Alors frappez, qu’est-ce
que vous attendez ? Frappez ! Frappez donc ! » vous le verriez surpris par l’acrimonie de votre sortie mais incapable de la déchiffrer dans sa totalité et, tout à coup privé de sa contenance, répondant piteusement, au bout d’un temps d’embarras bien perceptible (une seconde à peine, qui lui aura semblé interminable) : « Comment ? »
À vous de tirer parti de cet avantage inespéré, qui ne serait que momentané.
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À toutes fins utiles, « contondre » se conjugue comme « confondre » : « En effet, toutes les plaies contuses, quelque légeres qu’elles soient , éprouvent toujours les accidents de la stupeur. » Jean-Baptiste Pressavin (1734-18??). Nouveau traité des vapeurs, ou Traité des maladies des nerfs, dans lequel on développe les vrais principes des vapeurs. Lyon, 1770.
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Ou bien : il ne marquerait aucune stupeur et répliquerait aussitôt, ne doutant aucunement de lui-même (ses yeux oranges animés tout à coup d’un éclat singulier) : « Alors contondez, qu’est-ce que vous attendez ? Pourquoi vous retenir ? Contondez-moi ! »
Cette hypothèse vous serait moins favorable.
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