La Chanson de Tessa | Mouloudji, Irène Joachim, Éllī Paspalá
La plus connue des versions de La Chanson de Tessa est probablement celle enregistrée en 1954 par Mouloudji (1922-1994) — qui prend quelques libertés avec le texte :
Mouloudji (1922-1994) | La Chanson de Tessa, op. 44a. Jean Giraudoux, paroles ; Maurice Jaubert, musique. Extrait de la pièce de théâtre Tessa, la nymphe au cœur fidèle (1934), de Jean Giraudoux (1882–1944), d’après le roman The Constant Nymph (1924) de Margaret Kennedy (1896–1967).
Mouloudji, chant ; accompagnement d’orchestre ; Michel Legrand, direction. France, 1954.
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À la suite de Mouloudji, plusieurs chanteurs de « variétés », comme on disait alors (Jacques Douai, Michèle Arnaud et d’autres, jusqu’à Valérie Lagrange en 1966) ont mis La chanson de Tessa à leur répertoire. Dans sa version originale, la chanson est pourtant destinée à un duo, celui formé par Lewis et Tessa, les deux personnages principaux de la pièce de théâtre Tessa, la nymphe au cœur fidèle de Jean Giraudoux (1882–1944), représentée pour la première fois au Théâtre Louis Jouvet, à Paris, le 14 novembre 1934.
Tessa, en réalité une adaptation d’une pièce anglaise intitulée The Constant Nymph (1926), elle-même tirée du roman éponyme de l’écrivaine anglaise Margaret Kennedy (1896–1967), bénéficiait en effet d’une musique de scène, composée par Maurice Jaubert (1900-1940).
Quelques enregistrements, exécutés par des chanteuses lyriques, ont précédé celui de Mouloudji dès les années 1940. Par exemple celui de la soprano Irène Joachim (1913-2001), dont la Bibliothèque nationale référence une publication de 1948, avec accompagnement au piano de Jean Germain. Celui-ci, splendide, est plus tardif : il a été réalisé par la radio et fait partie d’un récital diffusé le 11 novembre 1959. Irène Joachim y est accompagnée par une autre pianiste, Nadine Desouche :
Irène Joachim (1913-2001) | La Chanson de Tessa, op. 44a. Jean Giraudoux, paroles ; Maurice Jaubert, musique. Extrait de la pièce de théâtre Tessa, la nymphe au cœur fidèle (1934), de Jean Giraudoux (1882–1944), d’après le roman The Constant Nymph (1924) de Margaret Kennedy (1896–1967).
Irène Joachim, soprano ; Nadine Desouche, piano. Enregistré le 23 mai 1959. France : Radiodiffusion Télévision Française, 1959.
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Mais voici une troisième version de La chanson de Tessa, très surprenante et tout aussi belle que les deux précédentes. Elle est interprétée par la chanteuse grecque Έλλη Πασπαλά [Éllī Paspalá], née en 1957, et figure sur son premier album, daté de 1988 (sur lequel on trouve aussi, entre autres merveilles, Youkali, de Kurt Weill) :
Έλλη Πασπαλά [Éllī Paspalá] | La Chanson de Tessa, op. 44a. Jean Giraudoux, paroles ; Maurice Jaubert, musique. Extrait de la pièce de théâtre Tessa, la nymphe au cœur fidèle (1934), de Jean Giraudoux (1882–1944), d’après le roman The Constant Nymph (1924) de Margaret Kennedy (1896–1967).
Έλλη Πασπαλά [Éllī Paspalá], chant ; Θεόδωρος Κοτεπάνος [Theódōros Kotepános], arrangements et direction d’orchestre.
Extrait de l’album Στη Λάμψη του Φεγγαριού [Stī Lámpsi tou Fengarioú]. Grèce, 1988.
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LEWIS, chante et avec une ferveur qui stupéfie les autres
Reste ici bas, mon cœur fidèle
Si tu t’en vas la vie est ma peine éternelle.
SUZANNE. — Maman, je peux prendre un des gâteaux empoisonnés ?
PAULINA. — Chut.
LEWIS
Si tu meurs, les oiseaux se tairont pour toujours
Si tu es froide, aucun soleil ne brûlera…
Au matin, la joie de l’aurore
Ne lavera plus mes yeux…
Tout autour de ta tombe, les rosiers épanouis
Laisseront pendre et flétrir leurs fleurs !
La beauté mourra avec toi,
Mon seul amour…
TESSA
Si je meurs, les oiseaux ne se tairont qu’un soir
Si je meurs, pour une autre un jour tu m’oublieras.
De nouveau la joie de vivre
Alors lavera ton regard.
Au matin tu verras la montagne illuminée
Sur ma tombe t’offrir mille fleurs.
La beauté revivra sans moi,
Mon seul amour !
Un silence, chacun est assez impressionné.
KATE, qui a écouté du haut de la galerie. — C’est bien.
LINDA. — Trop bien, si vous voulez mon avis.
PAULINA. — C’est à vous, Lewis !
Lewis ne répond pas.
LEWIS. — A quel moment chantons-nous que le Pape avait mis du contrepoison ?
Jean Giraudoux (1882-1944). Tessa : la nymphe au cœur fidèle (1934), adapté de The Constant Nymph (1926), de Margaret Kennedy (1896-1967) et Basil Dean (1888-1978). Acte premier, premier tableau, scène 13.
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Merci, la version d’Elly Paspala est déchirante… Je file écouter son interprétation de Youkali, que je connais par bien d’autres mais non par elle… Quand à Mouloudji, dont je reste un fan, connaissez vous sa jolie chanson d’amour , l’adagio du pont de Caulaincourt, sur le thème célèbre d’Albinoni ?
J’ignore si les paroles sont de lui
Bien à vous
Pierre
Déchirante, oui, je suis bien d’accord avec vous. L’album entier (« Sti Lampsi Tou Fegariou ») est un bijou.
Merci pour L’adagio du pont de Caulaincourt, que je ne connaissais pas. Il semble que les paroles soient de Mouloudji.
Bien cordialement
Philippe