Lula Pena — Phado é sorte
Lula Pena, Plushmusic Festival, LOFT, Cologne, février 2009. Photo Matt Jolly © Plushmusic
E toldam-lhe românticos cabelos
Olhos gregos, lembrando.Des mèches de cheveux romantiques brouillant
Ses yeux hellènes, occupés à se souvenir.Fernando Pessoa. Mensagem.
Traduction française : Patrick Quillier, dans : Pessoa, Fernando. Œuvres poétiques. – Gallimard, 2001. – (Bibliothèque de la Pléiade ; 482). ISBN 2-07-011490-2. Page 1245.
Lula Pena, je pensais qu’elle avait disparu de la circulation, alors que non : on trouve sur l’Internet des vidéos récentes la montrant en concert, toujours seule avec sa voix grave, sa voix comme faite de terre ou d’une autre matière granuleuse, sa guitare, son visage remarquable et son charme.
Lula Pena | O fado de cada um / Silva Tavares, paroles ; Frederico de Freitas, musique. Suivi de : Partido alto / Chico Buarque, paroles et musique. Lula Pena, chant, guitare. Lisbonne, 2007.
Sa voix j’y reviens, âpre, avec un effet d’envoûtement, issue du fond de l’âme, venant de loin, ayant traversé plusieurs strates avant de sourdre. Elle me fait un peu (un peu) penser à celle de Nico (la Nico du Velvet Underground) : le grain de la voix peut-être, ou la manière de la poser. Elle m’évoque aussi la splendide voix parlée de Hannah Schygulla.
Elle chante non le fado, mais le phado (Phados est le titre de son unique album, publié en 1998) : ça se prononce de la même manière mais ça ne s’écrit pas pareil. C’est à dire que du fado elle retient l’essence. Fado destin, fado expression de l’être, fado exutoire de l’âme. Phado son expression à elle.
Pour moi, elle fait partie de la famille extrêmement restreinte des fadistes créateurs : Lula Pena, António Zambujo, Amália Rodrigues — qui d’autre ?
L. & L.
Bem pensado
Todos temos nosso fado
E quem nasce mal fadado
Melhor fado não terá
Fado é sorte
E do berço até à morte
Ninguém foge, por mais forte
Ao destino que Deus dá
O fado de cada um / Silva Tavares, paroles ; Frederico de Freitas, musique.
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Phados / Lula Pena, chant et guitare. — Bruxelles : Carbon 7, 1999. — C7-032 (toujours disponible).
Je viens de l’entendre aujourd’hui en écoute à la Fnac de Porto. Une vrai merveille.
Ah, je suis jaloux !
Et donc vous avez acheté « Troubadour » je suppose…
Votre « famille extrêmement restreinte des fadistes créateurs » est vraiment très restreinte.
🙂
Sans doute, mais puisqu’il s’agit d’une famille, et même d’une famille que j’ai composée moi-même, c’est normal… Je suis dans une subjectivité pleinement assumée !
Et dans votre famille à vous, qui y -t-il ?
Oui j’ai acheté ce CD il y a environ deux mois. C’est un album qui correspond totalement à ce qui me touche. Certains jours au début, je l’écoutais 2 ou 3 fois.
Le 16 octobre, je suis allé la voir à côté de Porto à Gaia. C’était un bonheur rare de voir dans une mise en scène dépouillée cette artiste qui donne tant de force et de tendresse aux émotions qu’elle partage avec ceux qui voulaient être pénétrés par son univers poétique et musical ce jour là.
A la fin du spectacle je lui ai un peu parlé de votre site pour lui dire que je n’étais pas le seul à partager le respect que j’avais pour ses créations ou ses reprises.
Si vous le souhaitez je pourrais vous envoyer en pièces jointes quelques articles et photos des articles parus sur elle dans la presse portugaise. Une petite exposition lui était consacrée par cette salle de spectacle dont les gens sont si sympathiques.
Envoyez moi un message pour que je puise le faire.
Merci beaucoup pour ce commentaire (et pour avoir mentionné ce site dans votre conversation avec Lula Pena). Elle ne vous a pas dit si elle comptait donner un ou deux concerts en France ?
(Je vous envoie par ailleurs un message par mail)
Merci encore.
Je pense que l’on parle mieux de ce qui nous touche plutôt que de ce qui nous indiffère. Ce que j’aime dans ce blog, c’est qu’il ne constitue pas une encyclopédie froide qui respecte une hiéarchie établie par d’autres.
Par contre lorsque l’on partage les mêmes goûts que son créateur au gré des articles, le contenu des informations est de haute tenue.
Et d’ailleurs avec Internet, il y a toujours un moyen de trouver la diversité que l’on recherche.
Impatiente de la découvrir tout à l’heure à Evreux…..je vous fais part de mes réactions après le concert .
Hélas …cette page me faisait espérer le meilleur : le meilleur n’était pas au rendez-vous. La dame a une voix originale, elle joue bien de sa guitare, mais le récital était pâle,presque glacé et l’émotion n’était pas au rendez-vous…Textes intéressants mais interprétation monotone.Fado? aseptisé , sûrement , et c’est bien dommage !