La chanson du dimanche [27]
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Vera Gran (Wiera Gran), Kviawiak ; Swiety Antoni ; Trzy Listy, disque 45 t, France, 1958.
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La chanson de ce dimanche est triste comme le sont les chansons polonaises. Trzy listy (« Trois lettres ») a été un grand succès de Wiera Gran, de son nom véritable Dwojra Grynberg ou Grinberg (1916–2007). Wiera Gran était juive. Au début de la guerre elle fuit Varsovie, mais y rentre en 1941. Elle vit et travaille dans le ghetto, dont elle parvient à s’échapper au début des déportations massives. La guerre finie, elle est accusée de collaboration avec l’occupant allemand, ce dont elle se défend très vivement et qui n’a jamais pu être établi. En 1950 elle s’exile à Paris où elle meurt en 2007, à l’âge de 91 ans.
Wiera Gran a réalisé plusieurs enregistrements de Trzy listy. Celui-ci est français et date de 1958.
- À lire : Agata Tuszyńska, Wiera Gran, l’accusée, Grasset, 2011, trad. de Oskarżona : Wiera Gran (2010).
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Wiera Gran (1916-2007) • Trzy listy. Jerzy Jurandot, paroles ; Leon Boruński, musique.
Vera Gran (Wiera Gran), chant ; Tito Fuggi et son orchestre.
France, ℗ 1958.
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Już było bardzo późno.
Mój Boże, co z tego?
Po prostu nie spostrzegłam
Że przecież biegł czas.
Siedziałam i myślałam,
Myślałam, jak napisać do niego
I że piszę ostatni już raz.
Il était très tard.
Mon Dieu, quelle importance ?
Je ne m’étais pas rendu compte
Que le temps avait passé.
J’étais assise, je me demandais
Comment tourner cette lettre,
La dernière que je luis écris.
Bądź zdrów, wszystko wiem.
Nie zobaczysz mnie więcej
Jeśli ci ze mną źle.
Ten list potem spal,
Niech nie wpadnie w jej ręce.
Spal i zapomnij mnie.
Adieu, je sais tout.
Tu ne me reverras plus
Puisque tu es malheureux avec moi.
Brûle cette lettre,
Qu’elle ne tombe pas entre ses mains.
Brûle-la, oublie-moi.
Tylko powiedz, dlaczego
Za tyle, tyle dni…?
Tylko powiedz, jak mogłeś
Jak mogłeś, właśnie ty?
Bądź zdrów, jedno wiedz:
Nienawidzę goręcej
Niż wpierw kochałam cię.
Dis-moi seulement pourquoi,
Au bout de tant de jours… ?
Dis-moi comment peux-tu,
Toi, justement toi ?
Adieu. Sache seulement
Que je te hais bien plus
Que je ne t’ai aimé.
A potem list przejrzałam
Uważnie, powoli.
Przejrzałam i podarłam.
O Boże, nie, nie!
Inaczej! Tak nie można!
Niech nie wie, że aż tak mnie to boli,
Że mi będzie bez niego tak źle.
Et j’ai relu la lettre
Lentement, avec soin,
Je l’ai relue et je l’ai déchirée.
Mon Dieu, non, non !
Je ne peux pas l’envoyer ainsi !
Il ne faut pas qu’il sache que je souffre autant,
Que je suis si malheureuse sans lui.
Bądź zdrów, wszystko wiem.
Jestem bardzo szczęśliwa.
Sama już chciałam iść.
No cóż, zwykła rzecz:
Mam cię dosyć, więc zrywam;
Ty też tak zrobiłbyś.
Adieu, je sais tout.
Je suis très heureuse,
Car moi aussi je voulais rompre.
Au fond, rien que de très banal :
Je suis lassée de toi, je te quitte.
Tu agirais de même.
I nie będę tęskniła.
No skąd, na pewno nie!
Pójdę dzisiaj do kina,
Jest obraz z Boyer.
Bądź zdrów, jedno wiedz:
Nie chcę dłużej ukrywać,
Że nie kochałam cię.
Et tu ne me manqueras pas,
Non, sûrement pas !
Ce soir je vais au cinéma,
On donne un film avec [Charles] Boyer.
Adieu. Sache seulement
Que je ne veux plus cacher
Que je ne t’aimais pas.
Mój Boże, « nie kochałam »…
A jeśli uwierzy?
Wyrzuci z serca nawet
Wspomnienia tych dni.
Nie, nie, tak być nie może!
Niech do mnie chociaż przeszłość należy.
Więc inaczej, spod serca, przez łzy.
Mon Dieu, « je ne t’aimais pas »…
Et s’il allait le croire ?
Il effacera de son cœur
Jusqu’aux souvenirs de tous ces jours.
Non, non, ce n’est pas possible !
Qu’au moins le passé me reste encore !
Différemment, enfoui dans mon cœur, mouillé de larmes.
Bądź zdrów, wszystko wiem.
Nie męcz się nadaremnie.
Zrób tak, jak serce chce.
Że ja? No to nic.
Nie chcę, żebyś przeze mnie…
Już nie zobaczysz mnie.
Adieu, je sais tout.
Inutile de te torturer pour rien.
Fais ce que te dicte ton cœur.
Moi ? Quelle importance.
Je ne veux pas que par ma faute tu…
Tu ne me verras plus.
Tylko proszę, pamiętaj:
Na deszcz ten szalik noś
I już nie pal tak dużo:
Dwadzieścia sztuk to dość.
Bądź zdrów. Nie znam jej.
Może lepiej ode mnie
Potrafi kochać cię.
Une dernière chose. Je t’en prie,
Mets cette écharpe quand il pleut
Et ne fume pas autant ;
Vingt cigarettes, c’est assez.
Adieu. Je ne la connais pas.
Elle t’aimera peut-être
Mieux que je ne l’ai fait.
Jerzy Jurandot (1911-1979). Trzy listy (1939).
.Jerzy Jurandot (1911-1979). Trois lettres, trad. par L. & L. de Trzy listy (1939), à partir d’une traduction automatique et d’une traduction anglaise.
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Merci beaucoup 🙂 Vera Gran est une personne totalement inconnue pour moi mais je viens de découvrir une actrice/chanteuse polonaise Monika Chrząstowska, elle travaille pour le Théâtre Juif à Varsovie et chante quelques chansons de Vera Gran, pour un récital ,,De coeur au coeur »
C’est très intéressant de voir Wiera Gran célébrée par le Théâtre juif de Varsovie ! Une forme de réhabilitation de facto… Merci pour cette précieuse information. J’ai regardé quelques vidéos de Monika Chrząstowska : elle chante aussi Trzy Listy 🙂
Le titre me rappelle une chanson polonais de 1935, « Ce dernier dimanche » (mais appelée aussi « le tango de suicides » !), ici interpretée par Magda Navarrete,
« El Ultimo Domingo « :
(de Jerzy Petersburski et Zenon Friedwald)
… À comparer avec la version originale (« To ostatnia niedziela ») chanté en Polonais par Mieczysław FOGG :
Une autre chanson polonaise avec le mot « Dimanche » dans le titre :
« Dimanche à la Gare Centrale » de Wojciech Młynarski :
(C’est ‘un écho’ un peu ironique et moquer d’une chanson française « Dimanche à Orly » de Gilbert Bécaud).
Plus d’infos sur W. Młynarski :
https://antiwarsongs.org/do_search.php?idartista=14487&lang=fr&stesso=1
Une autre chanson qui me vient à l’ésprit et que j’associe à cette ambiance c’est le fameux « Son portret » de Włodzimierz Nahorny et Jonasz Kofta (pour certains, c’est la plus belle chanson polonais de tous les temps…), ici par Łucja Prus :
et ici par « New York Voices » :
(à partir du 51:44)
Une chanson « Stacyjka Zdrój » ici chantée par Kalina Jędrusik :
Parmi les reprises de chanteurs en langues étrangères, certaines avaient le don de révéler l’essence des chansons, parfois plus intensément que leurs versions originales (je pense par ex. à Jacques Brel et certains « covers » de chanteurs anglo-saxonnes. Mais c’est un fait connu que l’on retrouve dans toutes les cultures et langues).
Est-ce que c’est le cas de Chris Schittulli, ici :
https://nowyswiat.online/podcasty/bon-ton-125
Chris Schittulli – « Petite gare / Stacyjka Zdrój »
(00:16- 3:39)