Aller au contenu principal

Maria Teresa de Noronha • Os teus olhos

19 septembre 2022

Maria Teresa de Noronha (1918-1993)Os teus olhos. Maria da Graça Ferreira do Amaral, paroles ; Carlos da Maia, musique (Fado Carlos da Maia [quadras]).
Maria Teresa de Noronha, chant ; Raul Nery & António Chainho, guitare portugaise ; Joaquim do Vale, guitare ; Joel Pina, basse acoustique.
Extrait de l’album Fado antigo / Maria Teresa de Noronha. Enregistrement : Paço de Arcos (Portugal), studios Valentim de Carvalho, 1971. Portugal, ℗ 1972.


Por esse mundo de Cristo
Há olhos grandes aos molhos
Mas em nenhuns tenho visto
A grandeza dos teus olhos

De grands yeux, de par le monde,
J’en ai vu tant et tant !
Mais je n’ai vu dans aucun d’eux
La splendeur de tes yeux.

Dizes que para estar comigo
Não galgas montes nem escolhos
Guarda as palavras contigo
Deixa falar os teus olhos

Tu dis que pour être avec moi
Tu ne franchis ni monts ni récifs.
Mais garde tes paroles
Et laisse parler tes yeux !

E se me levar a morte
Por sua estrada de abrolhos
Que pena não ter a sorte
De ver chorar os teus olhos

Et si la mort devait m’emporter
Sur son chemin d’épines,
Elle me priverait de la grâce
De voir pleurer tes yeux !
Maria da Graça Ferreira do Amaral. Os teus olhos (1971).
.
Maria da Graça Ferreira do Amaral. Tes yeux, trad. par L. & L. de Os teus olhos (1971).

Maria Teresa de Noronha (1918-1993) a été une fadiste singulière. Aristocrate de naissance autant que par son mariage, elle s’est astreinte à une carrière discrète, courte et presque privée d’apparitions en public. Sa renommée était assurée par une émission de radio bimestrielle qu’elle a conduite de 1938 à 1947 et de 1952 à 1961, au cours de laquelle elle chantait en direct, autant que par ses disques. Sa discographie complète, en y incluant les captations de quelques unes de ses émissions de radio et de quelques performances publiques, tient en un coffret de cinq CD (+ un DVD réunissant ses apparitions à la télévision), publié par la maison Valentim de Carvalho en 2018 à l’occasion du centenaire de sa naissance. Elle a effectué son dernier enregistrement de studio en 1971, à l’âge de 53 ans.

En dehors d’une incursion dans le « fado » de Coimbra — qu’elle a d’ailleurs été l’une des toutes premières femmes à chanter —, son répertoire s’est limité au fado castiço (« authentique » ; cette appellation désigne des fados sans refrain). Elle s’y est illustrée par un art du chant hors du commun. Dotée d’un timbre assez quelconque, elle faisait preuve en revanche d’une virtuosité vocale stupéfiante, unique dans le milieu du fado, jamais démonstrative, exercée au contraire avec une parfaite maîtrise.

Quoique Os teus olhos (« Tes yeux »), extrait de Fado antigo , son dernier album de studio, ne se prête pas particulièrement à une démonstration d’agilité vocale, on peut au moins y admirer l’art du estilar de la chanteuse, c’est à dire sa capacité à varier la mélodie, exposée à la première strophe mais chantée plus librement dans les suivantes, son aisance très naturelle dans les dynamiques, ainsi que son rubato. L’accompagnement instrumental est impeccable.

3 commentaires leave one →
  1. MD1 permalink
    19 septembre 2022 15:23

    En parlant de fado Castiço j’ai souri en écoutant cet été une belle rediffusion sur France musique d’une rencontre avec Amalia où elle évoque le fado castiço comme une forme d’improvisation (on choisit un texte) que l’on interprète sur l’un des grands fados. J’ai trouvé cela très juste. Et en écoutant, avec plaisir, Maria Teresa, tout s’est confirmé.
    * + Un grand merci pour le commentaire.

    • 19 septembre 2022 18:47

      Ah, vous avez écouté cette émission, vous aussi ! Je crois qu’elle est passée deux fois cette année.

      Je l’avais entendue lors de sa première diffusion, il y a bien longtemps, et enregistrée — sur cassette, j’imagine –, de sorte que je la connaissais presque par cœur. Notamment (à propos de ce qu’est le fado) : « Mais… je ne peux plus dire, parce que plus je dis et plus compliqué il est, alors c’est mieux que je m’arrête (elle le dit en riant). »

      Sa voix parlée, lorsqu’elle s’exprime en français, est extrêmement élégante, je trouve. Son rire aussi.

Trackbacks

  1. Fado Carlos da Maia (quadras) | Je pleure sans raison que je pourrais vous dire

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

%d blogueurs aiment cette page :