Bon anniversaire, Monsieur de la Personne
Fernando Pessoa (1888-1935). Photographie, auteur inconnu. 1914? Domaine public.
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134 ans aujourd’hui, 13 juin 2022.
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Do vale à montanha,
Da montanha ao monte,
Cavalo de sombra,
Cavaleiro monge,
Por casas, por prados,
Por quinta e por fonte,
Par vaux et par monts,
Par monts et par vaux,
Cheval de ténèbre
Et moine chevalier,
Par les demeures, par les prés,
Par fermes et fontaines,
Caminhais aliados.
Do vale à montanha,
Da montanha ao monte,
Cavalo de sombra,
Cavaleiro monge,
Por penhascos pretos,
Unis vous allez.
Par vaux et par monts,
Par monts et par vaux,
Cheval de ténèbre
Et moine chevalier,
Sur les noires falaises
Atrás e defronte,
Caminhais secretos.
Do vale à montanha,
Da montanha ao monte,
Cavalo de sombra,
Cavaleiro monge,
En arrière, en avant,
Secrets, vous allez.
Par vaux et par monts,
Par monts et par vaux,
Cheval de ténèbre
Et moine chevalier,
Por plainos desertos
Sem ter horizontes,
Caminhais libertos.
Do vale à montanha,
Da montanha ao monte,
Cavalo de sombra,
Par les plaines désertes
Privées d’horizon,
Libres vous allez.
Par vaux et par monts,
Par monts et par vaux,
Cheval de ténèbre
Cavaleiro monge,
Por ínvios caminhos,
Por rios sem ponte,
Caminhais sozinhos.
Do vale à montanha,
Da montanha ao monte
Et moine chevalier,
Par mauvais chemins,
Par fleuves sans pont,
Tout seuls vous allez.
Par vaux et par monts,
Par monts et par vaux,
Cavalo de sombra,
Cavaleiro monge,
Por quanto é sem fim,
Sem ninguém que o conte,
Caminhais em mim.
Cheval de ténèbre
Et moine chevalier,
Par ce qui est sans fin
Et sans nul pour le dire,
En moi vous allez.
Fernando Pessoa (1888-1935). Do vale à montanha (24 octobre 1932), extrait de : Poesias (1942, 1ère publication).
.Fernando Pessoa (1888-1935). Par vaux et par monts, trad. par L. & L. de Do vale à montanha (24 octobre 1932), extrait de : Poesias (1942, 1ère publication).
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Amália, la première à avoir employé dans son répertoire des œuvres des grands auteurs de la littérature lusophone, n’a jamais chanté Pessoa. Elle disait que sa poésie n’était pas faite pour ça.
Elle morte, les fadistes nouveaux ont puisé partout, dans ce qui leur tombait sous la main. Suffisait de trouver un poème dont la métrique s’accordait à un fado traditionnel ; ou du moins des vers réguliers, en couplets, facilement mettables en musique — et y avait qu’à se servir.
Exemple.
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Mariza • Cavaleiro monge. Poème de Fernando Pessoa ; Mário Pacheco, musique.
Mariza, chant ; Mário Pacheco, guitare portugaise ; António Neto, guitare ; Marino Freitas, basse acoustique.
Enregistrement : Lisbonne, studios Xangrilá.
Extrait de l’album Fado curvo / Mariza. Portugal, ℗ 2003.
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Bien sûr, d’autant plus qu’au temps d’Amalia, Pessoa était plus ou moins marginal dans un univers poétique lusophone d’une richesse inouïe – comme vous le savez avec vos traductions toujours si justes- On ne comprend pas d’ailleurs, bien qu’à l’écoute le résultat soit honorable, la raison qui a guidé le choix d’avoir mis en musique ce modeste poème.
Un petit mot pour saluer le choix de mettre en valeur récemment Cristina Branco et Fausto avec « porque me olhas assim » ; traduit parfaitement avec votre choix de traduire « porque » par parce que, là où l’on pouvait aussi utiliser l’interrogatif . Cela marche bien aussi et votre traduction est plus directe que celle qui figure dans l’album.
Merci pour vos commentaires toujours très encourageants 🙂
Quant à la traduction de Porque me olhas assim, le mystère pour moi perdure… Je ne saurai jamais, sauf si j’ai un beau jour la chance de tomber sur la partition originale, à condition qu’on y ait noté les signes de ponctuation, bien sûr !
Merci encore.