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La chanson du dimanche [9]

13 février 2022

Elle a été recueillie chez notre voisine septentrionale — l’une de ces régions d’Europe où le Moyen-Âge semble n’avoir jamais vraiment pris fin, mais s’être accommodé des différentes époques successives avec lesquelles il a cohabité jusqu’à aujourd’hui. Voyez l’actuel Prime Minister : n’est-il pas, de manière flagrante, une figure quintessentiellement médiévale, qu’on dirait secrétée par Les contes de Canterbury ?

Voyez aussi, dans la vidéo ci-dessous, ce vaste chignon qui semble si pesant qu’on redoute pour la chanteuse qu’il ne s’enfonce et n’engloutisse les yeux — déjà à demi cachés —, le nez, la bouche, le menton : spectaculaire édifice ! Voilà un chignon qui méconnaît totalement l’apport de la Renaissance. Quelle en est la matière ? Il évoque un pâté en croûte à la devanture du charcutier : on est pris du désir d’y apposer quelques losanges de cédrat confit et de le saupoudrer de poivre. De le découper en tranches, de le servir avec des cornichons.

Dusty Springfield (1939-1999)I close my eyes and count to ten. Clive Westlake, paroles & musique.
Dusty Springfield, chant ; ensemble instrumental dirigé par Keith Mansfield.
Extrait de : Jones the Song, un épisode de la série Saturday Stars diffusé le 3 août 1968. Production : Royaume-Uni, London Weekend Television (LWT), 1968.

Cette chanson : I close my eyes and count to ten, par Dusty Springfield (1939-1999), était l’un des hits de l’été 68, celui de mon premier séjour en Angleterre. Croyant passer un mois à Londres, je me suis retrouvé dans une famille — un jeune couple et deux petites filles rousses — vivant à Harlow, une de ces villes nouvelles construites après la guerre dans la grande périphérie pour reloger les populations de la capitale, suite aux destructions causées par les bombardements allemands. Une famille très parcimonieuse. J’ai gardé le souvenir d’un dimanche où toute la famille, moi compris, s’était rendue en auto à Londres pour visiter le musée des figures de cire de Madame Tussaud. Ce déplacement exceptionnel avait lieu en mon honneur et c’était une grande fête. Notre petit groupe s’est placé dans la file d’attente (ce qui, en Angleterre et au contraire de pays de désordre comme la France, est une activité régie par un code de bienséance implicite et dont la pratique porte un nom : to queue — ironiquement, un nom français). C’est parvenue à un mètre ou deux du guichet, avisant l’affiche détaillant les tarifs d’entrée, que la maman des petites filles rousses s’est retournée vers moi et m’a demandé de bien vouloir acheter moi-même mon billet, thank you.

Dusty Springfield passait souvent à la télévision et je m’émerveillais de son prénom, Dusty, qui signifie : Poussiéreuse. Aujourd’hui je me dis qu’au fond, ce prénom était probablement inspiré par le célèbre passage de la Genèse :

[…] for dust thou art, and unto dust shalt thou return.
Genesis 3:19.

C’est à dire :

[…] car tu es poussière, et tu retourneras à la poussière.
Genèse 3:19.

Je ne forme aucune autre conjecture.


It isn’t the way that you look
And it isn’t the way that you talk
It isn’t the things that you say or do
Make me want you so


Ce n’est pas ton physique
Ni ta façon de parler,
Ce n’est pas ce que tu dis, ce que tu fais
Qui m’attirent autant.

It is nothing to do with the wine
Or the music that’s flooding my mind
But never before have I been so sure
You’re the someone I dreamed I would find

Ça n’a rien à voir avec le vin
Ni avec la musique qui m’inonde la tête,
Mais je n’ai jamais éprouvé une telle certitude :
Tu es celui que j’espérais.

It’s the way you make me feel
The moment I am close to you
It’s a feeling so unreal
Somehow I can’t believe it’s true
The pounding I feel in my heart
The hoping that we’ll never part
I can’t believe this is really happening to me

Je me sens si bien
Quand je suis près de toi
Et ça semble tellement irréel
Que je n’arrive pas à y croire.
Mon cœur qui bat si fort,
Qui me fait espérer qu’on ne se quittera pas,
Je n’arrive pas à croire que ça se réalise.

I close my eyes and count to ten
And when I open them you’re still here
I close my eyes and count again
I can’t believe it but you’re still here

Je ferme les yeux, je compte jusqu’à dix,
Et quand je les ouvre… tu es toujours là !
Je ferme les yeux, je compte encore,
C’est incroyable… tu es toujours là !

We were strangers a moment ago
With a few dreams but nothing to show
The world was a place with a frown on its face
And tomorrow was just, I don’t know

Il y a un instant nous étions des étrangers,
Nous avions quelques rêves mais rien de plus,
Le monde semblait hostile
Et nos lendemains… comment dire ?

But the way you make me feel
The moment I am close to you
Makes today seem so unreal
Somehow I can’t believe it’s true
Tomorrow, will you still be here?
Tomorrow will come but I fear
That what is happening to me is only a dream

Mais je me sens si bien
Quand je suis près de toi
Que le présent semble irréel
Et que je n’arrive pas à y croire.
Demain, seras-tu encore là ?
Car demain viendra et j’ai peur
Que ce qui m’arrive ne soit qu’un rêve.

I close my eyes and count to ten
And when I open them you’re still here
I close my eyes and count again
I can’t believe it but you’re still here
I close my eyes and count to ten
And when I open them, you’re still here

Je ferme les yeux, je compte jusqu’à dix,
Et quand je les ouvre… tu es toujours là !
Je ferme les yeux, je compte encore,
C’est incroyable… tu es toujours là !
Je ferme les yeux, je compte jusqu’à dix,
Et quand je les ouvre… tu es toujours là !
Clive Westlake (1932-2000). I close my eyes and count to ten (1968).
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Clive Westlake (1932-2000). Je ferme les yeux, je compte jusqu’à dix, traduit de : I close my eyes and count to ten (1968) par L. & L.

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