Cristina Branco • Mil janelas (2001)
Mandei rasgar mil janelas, na alma
Para poder ver o mar de noite e dia
Mas andam sempre fechadas,
Porque os olhos me cegavam
De cada vez que as abria.
Maria Duarte. Mil janelas.J’ai fait percer mille fenêtres dans mon âme
Afin que je puisse voir la mer nuit et jour ;
Mais elles restent fermées
Car mes yeux s’aveuglaient
Chaque fois que je les ouvrais.
Mil janelas (« Mille fenêtres ») remonte à la première époque de la carrière de Cristina Branco, celle de la collaboration avec le compositeur et soliste de guitare portugaise Custódio Castelo. Ce qu’elle faisait alors s’apparentait au Fado, mais je me demande si elle y croyait vraiment – je veux dire, si elle croyait à la possibilité pour elle de chanter le Fado. Mil janelas, sur un poème de Maria Duarte (dont j’ignore tout, sinon qu’elle a beaucoup écrit pour Cristina Branco à ce moment-là), fait partie de l’album Corpo iluminado (« Corps illuminé »), selon moi le meilleur de la chanteuse.
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Cristina Branco • Mil janelas. Maria Duarte, paroles ; Custódio Castelo, musique.
Cristina Branco, chant ; Custódio Castelo, guitare portugaise & arrangements ; Alexandre Silva, guitare classique ; Fernando Maia, basse acoustique.
Enregistrement : Studios Pé de vento, Foros de Salvaterra (Portugal), janvier 2001.
Extrait de l’album Corpo iluminado / Cristina Branco. France, ℗ 2001.
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Mandei rasgar mil janelas, na alma
Para poder ver o mar de noite e dia
Mas andam sempre fechadas,
Porque os olhos me cegavam
De cada vez que as abria.
J’ai fait percer mille fenêtres dans mon âme
Afin que je puisse voir la mer nuit et jour ;
Mais elles restent fermées
Car mes yeux s’aveuglaient
Chaque fois que je les ouvrais.
De luto pelos meus olhos
Também elas andam cegas
Eram feitas p’ra olhar
En signe de deuil pour mes yeux,
Les fenêtres elles-mêmes restent aveugles
– Elles qui étaient faites pour voir !
Trago agora mil janelas
Inútilmente rasgadas na alma
E não vejo o mar
Voici que je porte mille fenêtres
Inutilement percées dans mon âme
– Et je ne vois pas la mer !
Abertas, cega-me a luz
Fechadas, falta-me o ar
De que servem mil janelas
Se não posso respirar?
Ouvertes, la lumière m’aveugle ;
Fermées, je manque d’air :
À quoi servent mille fenêtres
Si je ne peux respirer ?
De que servem mil janelas
Se não posso ver o mar?
Há-de haver uma janela
Que eu possa abrir sem cegar.
À quoi servent mille fenêtres
Si je ne peux voir la mer ?
Il doit bien exister une fenêtre
Que je puisse ouvrir sans m’éblouir !
Maria Duarte. Mil janelas. Maria Duarte. Mille fenêtres, traduit de Mil janelas par L. & L.
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Merci encore pour ce choix éclairant. Le couple que formait à l’époque le grand créateur de musique « fadiste » Custodio Castelo et la jeune interprète qu’était alors Cristina Branco a produit de très beaux poèmes chantés. La remarque subtile sur l’intensité de l’interprétation de Cristina Branco traduit aussi le style de la chanteuse : soigné. En public et surtout sur scène il arrive à Cristina Branco d’adopter un style plus inspiré pour des fados du répertoire. classiques. Mais vous avez raison (et ce n’est pas très grave au regard de la beauté de la voix) Cristina Branco n’est pas une « fadista »; ses récents albums en sont la preuve.
Nous sommes d’accord !