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Francisco Stoffel | Oração

17 septembre 2018

Francisco Stoffel (1944?-1966) | Oração. Jorge Empis, paroles ; Alfredo Marceneiro, musique (Fado Cravo).
Francisco Stoffel, chant ; Conjunto de guitarras de Raul Nery, ensemble instrumental (Raul Nery & José Fontes Rocha, guitare portugaise ; Castro Mota, guitare ; Joel Pina, guitare basse acoustique). Espagne, 1966.

Il est portugais, quoique son nom évoque le Rhin ou la Moselle. Je dis « il est », mais je ne devrais pas : il est mort en 1966, à l’âge de 22 ans, d’une maladie qui l’aurait emporté assez vite faute d’un diagnostic correct. Ce qui reste de lui, c’est un disque 45 tours de quatre titres – quatre fados traditionnels – enregistré pour une maison espagnole (Belter) l’année même de sa disparition. Il n’a probablement pas eu le temps d’en voir la publication.

Or cet enregistrement témoigne à la fois d’une personnalité vocale assez rare et d’une maîtrise vraiment remarquable de l’art du fado, qui laissaient augurer une grande carrière. On s’en rendra compte à l’écoute de cet Oração (« Prière »), chanté sur le splendide Fado cravo d’Alfredo Marceneiro – l’un des plus beaux fados traditionnels il est vrai. Il l’interprète magnifiquement, sur un tempo lent totalement habité par sa voix singulière, soutenue par l’ensemble instrumental de Raul Nery, l’un des meilleurs de l’époque.

C’est accompagnée de ce même ensemble qu’Amália Rodrigues enregistrera quelques mois plus tard (mars 1967), sur le poème Maldição d’Armando Vieira Pinto, une autre version du Fado cravo. De fait, lorsque après l’introduction instrumentale d’Oração c’est la voix singulière de Francisco Stoffel qui s’élève, l’effet de surprise est total lorsqu’on connaît l’enregistrement d’Amália.

Le poème, d’un certain Jorge Empis (sur lequel je n’ai trouvé aucune information), est malheureusement assez faible. La montée dynamique finale en particulier tombe un peu à plat.

Quero-te mais do que a vida
Como quem com a morte lida
Quero a Deus Nosso Senhor
Quero-te com toda a alma
E ninguém me leva a palma
A querer-te com tanto ardor.
Je t’aime plus que la vie
Comme celui qui lutte avec la mort
J’aime Dieu Notre Seigneur
Je t’aime de toute mon âme
Et personne autant que moi
Ne t’aime d’une telle ardeur.
Como fadista à guitarra
Preso está na mesma garra
Assim preso por ti estou
Como a tristeza à saudade
Como a morte à eternidade
Como a dor a quem chorou.
Comme le fadiste, pris
Dans la griffe de sa guitare
Je suis prisonnier de toi
Comme la tristesse, de la saudade
Comme la mort, de l’éternité
Comme la douleur, de ceux qui pleurent.
Por isso confio ao fado
Que é amigo dedicado
As penas do coração
Pego na guitarra e canto
E às vezes este meu pranto
Faz lembrar uma oração.
C’est pourquoi je confie au fado
Qui est un ami fidèle
Les souffrances de mon cœur.
Je prends ma guitare et je chante
Et cette plainte qui s’élève
Ressemble à une prière.
Jorge Empis. Oração (vers 1966).
Jorge Empis. Prière, traduit de Oração par L. & L.

Oração figure au répertoire de quelques fadistes – par exemple Ricardo Ribeiro –, preuve que Francisco Stoffel n’est pas oublié.

Ricardo Ribeiro (1944-1966) | Oração. Jorge Empis, paroles ; Alfredo Marceneiro, musique (Fado Cravo).
Ricardo Ribeiro, chant ; Pedro de Castro, guitare portugaise ; Carlos Manuel Proença, guitare ; Francisco Gaspar, guitare basse acoustique. Captation : Lisbonne, Mesa de Frades, 2012.
Video : Bruce Tupholme.

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