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Dans la lune

27 juillet 2018

Verde, que te quiero verde,
verde viento, verdes ramas.

 

Buzan (Ariège, Occitanie), 22 juillet 2018

 

La lune.

Verte.

Déserte, aquatique. Chaude.

Buzan (Ariège, Occitanie), 22 juillet 2018

 

Cette lumière : c’est le trop-plein d’éclat qui jaillit de la Terre.

Buzan (Ariège, Occitanie), 22 juillet 2018

 

Plus aucune présence humaine depuis longtemps, la nôtre exceptée.

Nous sommes seuls au monde.

Buzan (Ariège, Occitanie), 22 juillet 2018

 

Les paysages lunaires ne nous sont pas familiers. Ils sont faits de vagues et d’écumes, de colonnes, de voûtes, d’amas.

Buzan (Ariège, Occitanie), 22 juillet 2018

 

Il existe des clairières sur la lune.

Ces taches pâles qu’on voit depuis la Terre.

Buzan (Ariège, Occitanie), 22 juillet 2018

 

Dans l’une d’elles : une usine abandonnée.

C’est là qu’était fabriqué le carburant nécessaire au voyage de retour vers la Terre. À peu de distance de l’usine, le sol, jadis frappé par la traîne de feu du véhicule interastral, en garde la brûlure.

Buzan (Ariège, Occitanie), 22 juillet 2018

 

Ici étaient logés les ouvriers.

L’intérieur de la bicoque est intact.

La formule « Rui ♥ Leo », gravée à mi-hauteur de la paroi opposée à l’entrée, n’a subi aucune usure. Tant d’amour sur la lune, dans la bicoque des ouvriers, comme sur un balcon au clair de lune !

Buzan (Ariège, Occitanie), 22 juillet 2018

 

Huye luna, luna, luna.
Si vinieran los gitanos,
harían con tu corazón
collares y anillos blancos.

Va-t’en lune, lune lune.
Car s’ils venaient, les gitans,
ils feraient avec ton cœur
des bagues et des colliers blancs.

Ainsi, dans sa fuite, la lune nous emporte.


Paco Ibañez | Romance a la luna, luna. Poème de Federico García Lorca ; Paco Ibañez, musique.
Paco Ibañez, chant et guitare ; Antonio Membrado, guitare. Enregistrement : Paris, 1964.
Extrait de l’album Poèmes de Federico Garcia Lorca et Luis De Góngora / Paco Ibañez. France, 1964. Nombreuses rééditions, parfois sous d’autres titres.

La luna vino a la fragua
con su polisón de nardos.
El niño la mira mira.
El niño la está mirando.
En el aire conmovido
mueve la luna sus brazos
y enseña, lúbrica y pura,
sus senos de duro estaño.
— Huye luna, luna, luna.
Si vinieran los gitanos,
harían con tu corazón
collares y anillos blancos.
— Niño déjame que baile.
Cuando vengan los gitanos,
te encontrarán sobre el yunque
con los ojillos cerrados.
— Huye luna, luna, luna,
que ya siento sus caballos.
— Niño déjame, no pises,
mi blancor almidonado.
La lune vint à la forge
avec sa tournure de nards.
L’enfant la regarde, regarde.
Ne laisse de la regarder.
Dans l’air tout commotionné
elle bouge ses bras, la lune,
et montre, lubrique et pure,
ses seins tout de dur étain.
— Va-t’en, lune, lune lune.
Car s’ils venaient, les gitans,
ils feraient avec ton cœur
des bagues et des colliers blancs.
— Petit, laisse-moi danser.
Quand ils viendront, les gitans,
ils te trouveront sur l’enclume,
avec tes petits yeux clos.
— Va-t’en, lune, lune lune,
déjà j’entends leurs chevaux.
— Petit, laisse-moi, ne piétine
pas ma blancheur empesée.

El jinete se acercaba
tocando el tambor del llano.
Dentro de la fragua el niño,
tiene los ojos cerrados.
Por el olivar venían,
bronce y sueño, los gitanos.
Las cabezas levantadas
y los ojos entornados.

Le cavalier approchait
battant le tambour de la plaine.
À l’intérieur de la forge
il a les yeux clos, l’enfant.
Par l’oliveraie venaient,
bronze et rêve, les gitans.
Ils avaient la tête haute
et les yeux à demi clos.

¡Cómo canta la zumaya,
ay como canta en el árbol!
Por el cielo va la luna
con el niño de la mano.

Ah ! Comme elle chante la chouette,
comme elle chante sur son arbre !
Dans le ciel s’en va la lune
tenant par la main un enfant.

Dentro de la fragua lloran,
dando gritos, los gitanos.
El aire la vela, vela.
el aire la está velando.

Dedans la forge ils pleurent,
poussant des cris, les gitans.
Le vent la veille, veille.
Ne laisse de la veiller.
Federico García Lorca (1898-1936).
Romance de la luna, luna
(1926), extrait de : El Romancero Gitano (1928).
Federico García Lorca (1898-1936).
Romance de la lune, lune
, traduit de : Romance de la luna, luna (1926), extrait de : El Romancero Gitano (1928), par Danièle Faugeras. Dans : Federico García Lorca, Polisseur d’étoiles : œuvre poétique complète, Toulouse, Érès, 2016.

Federico García Lorca (1898-1936)
Œuvre poétique complète. Français. Trad. D. Faugeras

Federico García Lorca (1898-1936) | Polisseur d'étoiles : œuvre poétique complète / trad. Danièle Faugeras. Érès, 2016.Polisseur d’étoiles : œuvre poétique complète / Federico García Lorca ; traduite de l’espagnol par Danièle Faugeras. — Toulouse : Érès, 2016. — 1 volume (1142 p.) ; 16 cm. — (Po & psy in extenso ; 5).

ISBN 978-2-7492-5121-9.

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