Place de la Bourse. 18
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Après ces événements Fañch Cosquer est dans un état de très grande affliction, il est comme dans une stupeur désespérée. Éperdu de douleur et de chagrin, il parcourt Lisbonne à la recherche des traces laissées par Łukasz Kawczynski dans cette ville où il est, tout porte à le croire, venu pour disparaître.
Ce sont des journées terribles.
Fañch Cosquer montre la photo de Łukasz partout, à des centaines d’habitants de Lisbonne. On le prend pour un fou, mais d’une folie qu’on reconnaît être de douleur. « C’est quelqu’un de votre famille, votre frère ? » demande une femme entre deux âges, une femme ordinaire, il ne sait pas la décrire autrement (il croit avoir affaire à une employée des postes ou autre). « Oui, répond-il dans un murmure, et plus que ça. » Elle le regarde et reconnaît la folie de douleur. Lui prend le bras et dit « venez », le conduit à un petit studio sous un toit, au bout d’un étroit escalier. « C’est ici ? » demande Fañch. « C’est » répond la femme, à la mode portugaise. En guise de fenêtres il n’y a que deux vélux dans la partie mansardée de la pièce, donnant sur un jardin protégé par un haut mur dont ne dépasse que la cime de quelques fruitiers, orangers ou citronniers. On n’entend qu’à peine la voix de la ville. « Il a peut-être laissé quelque chose pour vous, dit la femme ordinaire. Voici la clé. Si vous avez besoin de moi, j’habite au premier, la porte de gauche. »
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Amália Rodrigues (1920–1999) | Fado final (1958). Feijó Teixeira, paroles ; António Menano, musique ; Amália Rodrigues, chant ; Domingos Camarinha, guitare portugaise ; Santos Moreira, guitare. Musique souvent attribuée à Sapateirinho da Bica. Attribution à António Menano (1895–1969) d’après Rui Vieira Nery, Pensar Amália, Tugaland, 2009, page 137. Enregistré et publié en 1958.
Com o som das folhas caídas
Levadas pelo vendaval
Surgirá um novo outono
Meu vago e manso final.
Au son des feuilles mortes
Qui au vent tourbillonnent
Viendra un nouvel automne,
Qui sera ma fin tranquille et douce. Vou dar à terra primeiro
As brancas mãos cor de cera
E ao vento caminheiro
Dar os meus cabelos d’hera
E os meus segredos d’amor
Vou dá-los à primavera.
Je donnerai d’abord à la terre
Mes blanches mains couleur de cire.
Ma chevelure de lierre,
Je l’abandonnerai au vent
Tandis que mes secrets d’amour,
Je les confierai au printemps. Tristes são meus olhos tristes
Vou levá-los ao mercado
Das fantasias desfeitas
Onde m’os tinham criado.
Tristes sont mes yeux tristes
Je les rapporterai au marché
Des rêves inassouvis
Où on me les avait donnés. Deixo ao mar os meus tormentos
Pra que os apague nas ondas
Deixo ao vento os sofrimentos
Dum caminho de mil rondas.Je remets aux vagues de la mer
Mes tourments pour qu’elles les noient
Et au vent ce que j’ai souffert
Sur tous mes chemins de ronde. Com o som das folhas caídas
Arrastadas pelo vento
Será criado outro fado
Livre das grades do tempo.Alors, au son des feuilles mortes
Emportées par le vent
S’écrira un autre fado
Libre des prisons du temps. …… Feijó Teixeira (18??-19??).
Fado final.Feijó Teixeira (18??-19??).
Fado final. Traduction L. & L.
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