Adriano Correia de Oliveira | Cantar de emigração
Adriano Correia de Oliveira (1942-1982) | Cantar de emigração. Poème original de Rosalía de Castro ; José Niza, adaptation portugaise et musique ; Adriano Correia de Oliveira, chant ; Rui Pato, arrangements. Extrait de l’album Cantaremos / Adriano Correia de Oliveira (Portugal : Orfeu, 1970).
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C’est une chanson parue sur l’album Cantaremos (« Nous chanterons »), publié par Adriano Correia de Oliveira en 1970. Son style semble très daté. Pourtant je l’ai entendue l’année dernière, interprétée avec beaucoup de simplicité et de chaleur par le fadiste Duarte lors du concert mémorable qu’il a donné à Toulouse en décembre. Derrière moi, une dame portugaise à la voix jeune, chantait en même temps que lui — preuve que la chanson n’est pas tombée dans l’oubli, 45 ans après sa création.
Bien qu’adapté d’un poème de l’écrivaine galicienne Rosalía de Castro (1837-1885) évoquant l’émigration massive des travailleurs galiciens vers l’Amérique latine au XIXe siècle [voir l’article Galice dans Wikipédia], c’est bien à celle, très contemporaine alors, des Portugais vers la France et d’autres pays européens que le texte de la chanson fait écho. Peut-être trouve-t-il une nouvelle résonance en ce début de XXIe siècle.
Adriano Correia de Oliveira (1942-1982) a connu une carrière courte, assez analogue à celle de José Afonso (1929-1987), s’illustrant d’abord dans le style du fado de Coimbra puis dans la chanson engagée contre le régime de l’ « Estado novo » installé au Portugal par Salazar.
Este parte, aquele parte
e todos, todos se vão
Galiza ficas sem homens
que possam cortar teu pão
…Celui-ci part, celui-là part
Et tous et tous ils s’en vont
Galice, tu restes sans hommes
Qui puissent couper ton pain
… Tens em troca
órfãos e órfãs
tens campos de solidão
tens mães que não têm filhos
filhos que não têm pai
…Tu as en échange
Des orphelins, des orphelines
Tu as des champs de solitude
Des mères qui n’ont pas de fils,
Des fils qui n’ont pas de père
… Coração
que tens e sofre
longas ausências mortais
viúvas de vivos mortos
que ninguém consolará
…Et ce cœur
Que tu gardes et qui souffre
De longues et mortelles absences,
Des veuves de vivants qui sont morts
Que nul ne consolera.
… Rosalía de Castro (1837-1885). Adaptation portugaise José Niza (1938-2011). Cantar de emigração (1880, adaptation 1970).Rosalía de Castro (1837-1885). Adaptation portugaise José Niza (1938-2011). Chanson de l’émigration, traduit de Cantar de emigração (1880, adaptation 1970) par L. & L.
Voici le poème original, en langue galicienne, de Rosalía de Castro (5e partie de : ¡Prá Á Habana!, dans : Follas Novas, 1880) :
Este vaise y aquel vaise
E todos, todos se van,
Galicia, sin homes quedas
que te poidan traballar.
Tes en cambio orfos e orfas
E campos de soledad,
E nais que non teñen fillos
E fillos que non tên pais.
E tês corazons que sufren
Longas ausencias mortás,
Viudas de vivos e mortos
Que ninguen consolará.
…Celui-ci part et celui-là part
Et tous et tous ils s’en vont
Galice, sans hommes tu restes
Qui puissent te travailler.
Tu as en échange des orphelins, des orphelines
Tu as des champs de solitude
Des mères qui n’ont pas de fils,
Des fils qui n’ont pas de père.
Et tu as des cœurs qui souffrent
De longues et mortelles absences,
Des veuves de vivants et de morts
Que nul ne consolera.
… Rosalía de Castro (1837-1885). Este vaise y aquel vaise…. Extrait de : Follas Novas (1880). Transcription d’après une reproduction numérique de l’édition originale (La Habana, La Propaganda Literaria, 1880)..Rosalía de Castro (1837-1885). Celui-ci part et celui-là part…, traduit de Este vaise y aquel vaise… (1880) par L. & L.
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