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Place de la Bourse. 8

17 février 2016

Le jeune Peul, venant, on l’a dit, de la rue Temponnières, voit sur sa droite, au moment où il aborde la place de la Bourse, deux hommes auxquels il ne prête aucune attention. Face à lui est en train de surgir de la rue Cujas une femme nonchalante et saugrenue, petite, aussi large que haute et coiffée d’un chapeau rouge. Il la voit s’avancer vers lui, les jambes gainées d’une sorte de pantalon ajusté d’un rouge identique à celui du chapeau. Elle est sans genoux. On ne lui en voit pas. Sa voix doit être douce et lisse se dit-il, mais c’est une pensée vague, noyée dans la rumeur du ressac et des mouettes qu’il a dans ses oreillettes et qui l’enchante. Le tribunal de commerce lui masque encore la moitié gauche de la place.

Il se produit un envol de pigeons et les personnes présentes ont le regard attiré vers la partie de la place que le jeune Peul ne voit pas encore. Très peu de temps s’écoule, le temps de quelques pas, et voici que ces mêmes personnes se figent brièvement puis se précipitent, les deux hommes très vite, la dame dodue dans une course de souris éperdue, vers cet espace qui lui demeurait encore invisible et qu’il découvre à l’instant. Là gît un jeune homme effondré sur le flanc, jambes et bras nus ; un jeune homme à la peau noire comme la sienne quoique d’une nuance bleutée.

Toulouse (France), rue Cujas, 5 juillet 2015

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