An holl livioù
An holl livioù. Toutes les couleurs.
Livioù eus ar fenn ar bed. Couleurs du bout du monde.
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Quoique écrite à Granville, la remarque de Stendhal selon laquelle « le voisinage de la mer détruit la petitesse » s’applique pleinement à tout ce qui accompagne l’avancée téméraire de la côte bretonne dans l’océan. Je me souviens que, dans les exemples qu’il donne d’objets fractals, Benoît Mandelbrot cite tout naturellement cette côte si festonnée et tourmentée, bruyante et tragique quand le temps est fort, inconcevablement lumineuse quand il fait beau, ce qui arrive malgré une réputation tenace, mais « fractal », ce pourrait être, par sa sonorité, l’adjectif qui convient le mieux aux résultats visibles et changeants de cet affrontement inlassable entre deux états de matière, qui voit la roche, comme si elle avait derrière elle la poussée de toute la masse continentale, se déchiqueter en formant, comme en Trégor, d’infinies ponctuations d’îles et d’îlots affleurants que la marée découvre ou, comme aux pointes les plus occidentales, face à Ouessant ou à Sein, face à rien, plus rien, des promontoires brisés qui s’enfoncent dans les flots, les plus beaux à mes yeux étant ceux de la pointe du Van et de la pointe de Penhir…
Jean-Christophe Bailly. Le dépaysement : voyages en France (2011). Éditions du Seuil, DL 2012, (Points ; P2888), ISBN 978-2-02-097493-6, pages 227-228.
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Sublime définition, celle de Stendhal, de la mer; aussi le texte de Jean-Christophe Bailly qui me rappelle ceux d’Eric Orsenna, autre adorateur des mers de Bretagne bien que ceux d’Orsenna sentent bien sa poétique et l’abandon
Alex Caire
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