Sans se retourner
Il y a quelqu’un.
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Il n’y a plus personne.
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Ainsi passe la gloire du monde.
De l’autre côté, pendant ce temps, Joachim leva le bras, voulant demander par ce geste si on l’autorisait à poursuivre sa route.
Quelqu’un, sans vraiment lui prêter attention, lui fit signe qu’il pouvait s’en aller.
— Vous êtes en état d’arrestation ! cria un des gardes-frontières avec véhémence à l’intention de Miklós, tandis que, de l’autre côté, Joachim pédalait déjà, sans se retourner et encore tremblant, en direction de Budapest, transportant grâce à l’effort fourni par les muscles de ses jambes, de plus en plus éprouvées, la tête, la grandiose tête de Lénine.
Gonçalo M. Tavares. Berlin, Bucarest-Budapest : Budapest-Bucarest (2015), traduit de Berlim, Bucareste-Budapeste: Budapeste-Bucareste (2014) par Dominique Nédellec. Éditions La contre-allée, impr. 2015, ISBN 978-2-917817-37-7, page 90.
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