La vie sur le rivage
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— Non mais ça veut dire quoi ça madame « je suis congolaise », vous vous moquez du monde, vous n’êtes pas congolaise madame, vous êtes presque aussi blanche que le dedans d’une huître, et vous avez les yeux gris comme…
— … le dos d’une mouette. Et alors ? Vous portez bien des lunettes vous, et pourtant
— Pourtant quoi madame, qu’est-ce que ça a à voir, ça n’a rien à voir, je ne vois pas le rapport.
— Vous ne voyez pas grand chose monsieur, en dépit de vos lunettes. Vous devriez en changer, ou les détruire puisqu’elles ne vous servent à rien. D’ailleurs elles vous enlaidissent.
— Et vous-même madame vous vous êtes regardée ? Ces oreilles là que vous avez, mais c’est une honte madame, vous osez entendre avec ces choses-là, aussi atroces ? Vous n’écoutez pas de musique j’espère madame.
— C’est vous que je n’écoute pas monsieur. Je ne discute pas avec les homards.
— Quoi ? Mais je ne suis pas un homard madame !
— Mais si monsieur, regardez ces pinces que vous avez.
— Mais. Ça alors c’est incroyable. En tout cas ça n’excuse pas vos oreilles.
— Qu’est-ce que vous y connaissez aux oreilles ? Vous êtes incompétent en matière d’oreilles monsieur. Les homards n’ont pas d’oreilles.
— Mais arrêtez avec cette histoire de homard, si j’étais un homard je le saurais quand même.
— Je n’ai jamais entendu dire que les homards aient conscience de leur être. Un homard ne sait pas qu’il est un homard. Vous ne savez pas que vous êtes un homard monsieur. Un beau homard je dois dire. Venez. Je fais la meilleure mayonnaise du monde.
— Vous allez me manger ?
— Oui dépêchez-vous je commence à avoir faim.
— Vous n’êtes pas congolaise.
— Mais si, arrêtez à la fin avec vos préjugés à la noix sinon je vous jette dans cette flaque, celle-ci, vous ferez la conversation aux bigorneaux.
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