À vide
Parfois on ne sait plus quoi écrire.
— On, pronom malhonnête. Qui-ça, on ? Toi en réalité, c’est bien ça ?
Oui, mais toi aussi. On, c’est pour rester un peu vague. Si on disait je, on saurait déjà lequel précisément a quelque chose à écrire, et on aurait sans aucun doute une intention. Dans ce cas-là, ça vient assez facilement, on sait quoi écrire ; reste à composer, à agencer, c’est un jeu, ou parfois un travail.
— Si on n’a rien à écrire, on n’a qu’à faire autre chose : aller s’acheter des bonbons, que sais-je.
C’est qu’on a quand même envie de faire ça. D’ailleurs on ne peut pas s’en empêcher : il y a en permanence, mais à certains moments plus qu’à d’autres, comme un moteur dans la tête qui cherche à formuler n’importe quoi, ce qui se présente. C’est comme être porté à faire la cuisine, ou à bricoler, dessiner, enfin ce qu’on a comme lubie, même dans un funiculaire ou une salle d’attente. Aller s’acheter des bonbons, quel intérêt ?
— Tu aurais un but dans la vie, et des bonbons. Parce que tu disais que parfois (maintenant, je suppose) on ne sait pas quoi écrire.
C’est ça. Dans ce cas-là le moteur tourne sans matière à broyer. Il ne produit rien, ou à peine un liquide imbuvable — comme maintenant.
— Imbuvable est le mot. Ça fait mal ce moteur qui tourne à vide ? Non attends, ne réponds pas. Tu as toujours mal quelque part, toi. Tu es une petite nature.
Rien à répondre, rien à dire de toute façon.
Parma (Parme), Emilia-Romagna (Émilie-Romagne), Italie. Monastero di San Giovanni Evangelista, 22 juillet 2013.
Je ne sais pas si tu n’as rien à dire, mais tu as toujours à montrer : comme elle est belle, ta porte silencieuse !
Je suis toujours admirative de tes natures mortes, je ne sais pas quel appareil tu as, mais je sais bien que c’est ta sensibilité d’artiste qui te permet de les réussir ainsi, et d’un objet (presque) quelconque de faire un objet d’art !
Merci Anne-Marie 🙂
J’ai un appareil vraiment ordinaire, tu sais ; acheté au prisunic ou quasiment