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En dépit de la clarté

4 février 2013

Voiture 8, place 85 fenêtre, duplex haut.

Déjà on annonce que le TGV à destination de Lille-Flandres (dans lequel je me trouve) va partir, et un grand jeune homme à peine sorti de l’enfance, 18 ans mettons, vient occuper la place vacante à ma droite. Souriant, le visage encore intact de toute souffrance. Il regarde par la fenêtre. Il y a une jeune fille sur le quai, qui le cherche du regard, le trouve. Ils communiquent par signes, s’envoient des baisers, ses lèvres à elle disent je t’aime (elle forme bien les mots de crainte de ne pas être lue), le train démarre, tous les deux agitent la main, et elle se déplace le long du train, autant qu’elle le peut : les larmes lui sont venues et je la vois s’arrêter au bout de quelques mètres, les deux mains sur la bouche, comme prenant conscience à cet instant précis qu’il est parti, qu’elle est séparée de lui et lui d’elle, et le chagrin la prend. Le garçon n’a rien vu. S’est immédiatement affairé sur son smartphone, jusqu’à Narbonne où il est descendu.

De Narbonne à Montpellier, et tout particulièrement à partir de Béziers et le long de l’étang de Thau, le ciel était atlantique et la lumière extraordinairement belle, chaude et transparente.

Mais comme toujours lorsque je retourne à Montpellier j’ai le cafard, en dépit de la clarté. Dans la tête une chanson triste, et je ne cherche pas à l’en chasser, celle-ci :

Valentín Mendoza. No trobaràs la mar / Maria del Mar Bonet, paroles et musique ; Valentín Mendoza, chant et guitare.

Si un dia véns a casa,
te mostraré el jardí,
un núvol que tenc al pati
i la flor de gessamí.
Si un jour tu viens chez moi,
Je te montrerai le jardin,
Un nuage que j’ai dans ma cour,
Et la fleur du jasmin.
No trobaràs la mar,
la mar fa temps que va fugir:
un dia se’n va anar
i em va deixar aquí.
Tu ne trouveras pas la mer,
Il y a longtemps qu’elle s’est enfuie.
Un jour elle est partie,
Et m’a laissé ici.
Deixaré sa feina per tu,
ses eines damunt sa taula,
tancaré bé sa finestra
i es vent no em robarà cap paraula.
Je laisserai mon travail pour toi,
Mes outils sur la table,
Je fermerai bien la fenêtre,
Que le vent ne me dérobe aucune parole.
Trobaràs noves flors
i fruites a sa taula,
i una cançó per a tu
que fa temps que tenc guardada.
Tu trouveras des fleurs nouvelles
Et des fruits sur la table,
Et une chanson pour toi
Que je garde depuis longtemps
I més tard, quan te’n vagis,
serà l’hivern cada nit;
jauré en el mateix llit
amb la fredor en els llavis.
Et plus tard, quand tu partiras,
Ce sera l’hiver chaque nuit ;
Je me coucherai dans le même lit
Avec le froid sur les lèvres.
Maria del Mar Bonet. No trobaràs la mar (1970). Source : cancioneros.com Maria del Mar Bonet. No trobaràs la mar (1970). Traduction L. & L.

La traduction est peut-être inexacte, je me suis surtout servi de ce que je sais du fonctionnement des autres langues ibériques.

Il me faut dorénavant me mettre au catalan.

L. & L.

———

Valentín Mendoza sur Myspace

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