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Maddy Prior & June Tabor — Four loom weaver

19 juin 2012

Four loom weaver / Maddy Prior & June Tabor, chant. Londres, Cecil Sharp House, Camden, 23 octobre 2008. (Maddy Prior en rouge, June Tabor en noir).

Bien qu’elle ait constamment chanté en solo et dans diverses formations, Maddy Prior (née en 1947 à Blackpool, dans le Lancashire) doit l’essentiel de sa notoriété à sa participation à Steeleye Span, un groupe britannique fameux dans les années 1970 et 80 pour avoir fait évoluer la folk music alors très en vogue vers un folk rock assez vif et incisif.
[Voir Maddy Prior dans Wikipedia (en), dans Wikipédia (fr)]
[Voir Steeleye Span dans Wikipedia (en), dans Wikipédia (fr)]

Steeleye Span était fréquemment comparé — et opposé — à Fairport Convention, l’autre formation de folk rock britannique qui tenait le haut du pavé dans ces années-là. De même tout opposait Maddy Prior et Sandy Denny (1947-1978), la chanteuse vedette des débuts de Fairport : la voix puissante et le timbre clair et assez lisse de la première, son élégance sur scène (elle était une excellente danseuse) contrastait avec le chant plus nuancé et l’apparente fragilité de la seconde. Le fait est que Maddy Prior est toujours là, la voix intacte à défaut de la sveltesse. Mais cette maturité la rend d’autant plus crédible lorsqu’elle chante un répertoire de chansons à contenu social comme c’est le cas ici. La vidéo est extraite d’un concert qu’elle donnait à Londres en 2008, au cours duquel des « guests » venaient la rejoindre sur scène au fil des morceaux.

Avec June Tabor (née elle aussi en 1947) elle a formé un duo épisodique dans les années 70 et 80, nommé Silly Sisters d’après le titre de leur premier album paru en 1976. Un second  album (No More to the Dance) en 1988, et c’est tout.
[Voir June Tabor dans Wikipedia (en)]

C’est June Tabor qui introduit Four loom weaver, dans les termes que voici :

This is the first song that Maddy and I have sung together, a long time ago when we were child prostitutes. And it concerns the plight of skilled workers after the end of the Napoleonic wars, when wages fell by nearly two thirds.

Cette chanson est la première qu’on ait chanté ensemble, Maddy et moi, du temps où on était des enfants prostituées. Et elle parle du sort de certains travailleurs spécialisés dont les salaires ont été presque divisés par trois après les guerres napoléoniennes.

« A long time ago when we were child prostitutes » : je ne sais pas si quelqu’un de plus jeune, vingt ou vingt-cinq ans de moins mettons, se permettrait ce genre d’humour qui pourrait passer pour politiquement incorrect. Ça me semble d’une part assez anglais, et aussi typique de cette génération qui avait 30 ans vers 1975 — mais il se peut que je me trompe.

I’m a four-loom weaver as many a one knows;
I’ve nowt to eat and I’ve worn out me clothes.
My clogs are both broken and stockings I’ve none;
You’d scarce give me tuppence for owt I’ve gotten on.

Old Billy o’t’ Bent he kept telling me long
We might have better times if I’d nobbut hold my tongue.
I’ve holden me tongue till I’ve near lost my breath
And I feel in me own heart I’ll soon clem to death.

I’m a four-loom weaver as many a one knows;
I’ve nowt to eat and I’ve worn out me clothes.
Old Billy’s awreet, he never were clemmed
And he never picked o’er in his life.

We held on for six weeks, thought each day were the last;
We’ve tarried and shifted till now we’re quite fast.
We lived upon nettles while nettles were good
And Waterloo porridge was the best of ours food.

I’m a four-loom weaver as many a one knows;
I’ve nowt to eat and I’ve worn out me clothes.
Me clogs are both broken, no looms to weave on,
And I’ve woven meself to far end.
Four loom weaver. Traditionnel anglais, XIXe siècle.
Source : English Folk Music. Consulté le 19 juin 2012.

Je suis ouvrier des filatures comme tout le monde sait
Et j’ai rien à manger, mes habits sont usés
Mes sabots sont fendus, et des bas je n’en ai pas
On m’ donnerait pas deux balles pour tout c’que j’ai sur moi.

Le vieux Billy, celui du Bent, ça fait longtemps qu’il m’dit
Que ça irait bien mieux pour nous si j’avais fermé ma gueule
Ma gueule j’ l’ai fermée, jusqu’à ce que j’étouffe
Et je sens que la faim va pas tarder à me crever

Je suis ouvrier tisserand comme tout le monde sait
Et j’ai rien à manger, mes habits sont usés
Le vieux Billy, il a pas à s’plaindre, il a jamais eu faim
Il a jamais eu à chercher dans les poubelles

On a tenu six semaines, chaque jour on croyait qu’c’était l’dernier
On est allé à droite à gauche, maintenant on bouge plus
On a bouffé des orties jusqu’à c’qu’on en peuve plus
Et c’était la fête quand on avait du mauvais porridge

Je suis ouvrier tisserand comme tout le monde sait
Et j’ai rien à manger, mes habits sont usés
Mes sabots sont fendus, y a plus d’métiers pour tisser
Et à force c’est moi qu’est au bout du rouleau.
Four loom weaver. Traditionnel anglais, XIXe siècle. Traduction L. & L.

D’après l’article Four Loom Weaver dans Wikipedia (en), un « four loom weaver » est un ouvrier tisserand (weaver) travaillant dans un atelier abritant quatre métiers à tisser (loom) mécaniques, dans le Lancashire (comté dont Maddy Prior est originaire).

D’après le même article, les ouvriers travaillant sur ces machines auraient été entièrement dépendants des propriétaires des filatures qui les employaient, alors que l’approvisionnement en coton s’était pratiquement interrompu en raison de la Guerre de Sécession américaine, bien postérieure à la fin des guerres napoléoniennes. Le contexte historique de cette version précise de Four loom weaver mériterait donc d’être éclairci.

Cette version, interprétée par Maddy Prior et June Tabor, se fonde sur celle de Ewan MacColl (1915-1989), enregistrée en 1957 :

Four loom weaver / Ewan MacColl, chant ; paroles et musiques traditionnelles. 1957.

Au cours du même concert, Maddy Prior & June Tabor ont aussi donné ce What will we do?, une chanson recueillie au XXe siècle auprès d’une chanteuse itinérante d’origine irlandaise nommée Mary Delaney, qu’elles avaient enregistrée dans leur album No More To The Dance (1988) :

What will we do? / Maddy Prior & June Tabor, chant ; paroles et musique traditionnelles. Londres, Cecil Sharp House, Camden, 23 octobre 2008.

What will we do if we have no money?
Oh true lovers, what will we do then?
I will hall through the town for a hungry crown
And we’ll yodel it over again

What will we do if we marry a tinker?
Oh true lovers, what will we do then?
I will sell a tin can and walk on with me man
And we’ll yodel it over again

What will we do if we marry a soldier?
Oh true lovers, what will we do then ?
All me handle is gone and I will fight for the fun
And we’ll yodel it over again

What will we do if we have a young daughter?
Oh true lovers, what will we do then?
I will take her in hand and we’ll walk on with me man
And we’ll yodel it over again

What will we do if we have no money?
Oh true lovers, what will we do then?
I will hall through the town for a hungry crown
And we’ll yodel it over again
What will we do?. Traditionnel anglais, XXe siècle.
Source : English Folk Music. Consulté le 19 juin 2012.

L. & L.

Écouter l’album Silly Sisters (1976) sur Deezer
Écouter l’album No more to the dance (1988) sur Deezer
June Tabor — Site officiel (en anglais)
Maddy Prior — Site officiel (en anglais)

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