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Fear a’ Bhàta — Capercaillie, Sandy Denny

13 février 2012

Il fait si froid qu’on pourrait aussi bien être à Steòrnabhagh (Na h-Eileanan Siar), on ne sentirait pas la différence. Alors autant y aller, ce serait le moment. Entendre la langue gaélique lorsque les mouettes cessent leur tapage.

C’est une langue cousine du breton tu sais. Cousine éloignée. Mais elle use des mêmes mécanismes morphologiques, en particulier le changement de la première consone d’un mot en fonction de celui qui le précède. On appelle ça : mutation consonantique. Tu ne le savais pas ? Moi si, depuis toujours — mais bien sûr ça n’a rien d’étonnant dans mon cas. Pour autant le gaélique m’est impénétrable. Je ne le connais que de vue ; on le repère à son abondance de bh et de gh, ainsi qu’à des diphtongues insolites coiffées d’accents graves.

Parlant de cousinage, cette ballade, Fear a’ Bhàta, pourrait revendiquer une lointaine parenté avec le fado. Ce serait une parente un peu dépressive, toujours avec son ordonnance à renouveler dans son sac à main.

Mais la mélodie est belle.

Sa thématique (une jeune fille se languissant d’un jeune marin) et son cadre (le rivage de l’océan) la rapprochent d’ailleurs des cantigas de amigo.

Fear a’ Bhàta / Capercaillie, groupe vocal et instrumental (Karen Matheson, chant solo). Enregistrement public, Glasgow (Écosse), The Old Fruitmarket, 2009 ?

Fhir a’bhàta, na ho ro eile
Fhir a’bhàta, na ho ro eile
Fhir a’bhàta, na ho ro eile
Mo shoraigh slàn leat ‘s gach àit’an téid thu

Is tric mi ‘sealltainn o’n chnoc a’s àirde
Dh’fheuch am faic mi fear a’bhàta
An tig thu an-diùigh no’n tig thu a-màireach?
‘S mur tig thu idir gur truagh a tà mi

Tha mo chridhe-sa briste, brùite
‘S tric na deòir a’ruith o m’shùilean
An tig thu a-nochd no’m bi mo dhúil riut
No’n dùin mi’n dorus le osna thùrsaich?
Traditionnel. Fear a’ Bhàta (fin du 19e siècle). Source : Celtic lyrics corner (consulté le 13 février 2012).

———

Oh mon marin, na hóro eile
Oh mon marin, na hóro eile
Oh mon marin, na hóro eile
Où que tu ailles, que le ciel te garde

Souvent depuis la plus haute colline
Je te cherche du regard sur l’océan, mon marin
Quand te verrai-je ? Aujourd’hui ? Demain ?
Oh ne me laisse pas dans la peine et la solitude !

Mon cœur est brisé, meurtri
Les larmes coulent souvent de mes yeux
Viendras-tu ce soir, ou veillerai-je pour toi,
Refermerai-je la porte avec un soupir amer ?
Traditionnel. Fear a’ Bhàta. Traduction L. & L., d’après la traduction anglaise du site Celtic lyrics corner (consulté le 13 février 2012).

Une autre version, chantée en anglais celle-ci, par l’adorable voix de la regrettée Sandy Denny (1947-1978) dans les premières années de sa carrière :

Fhir A Bhata / Sandy Denny, chant et guitare. Enregistré en direct, Londres, BBC, 1966.

How often haunting the highest hilltop
I scan the ocean, a sail to see
Will it come tonight, love, will it come tomorrow
Or ever come, love, to comfort me

Fhir a bhata na horo eile
Fhir a bhata na horo eile
Fhir a bhata na horo eile
O fare thee well, love, where’er thou be

They call thee fickle, they call thee false one
And seek to change me but all in vain
Thou art my dream yet throughout the dark night
And every moment I watch the main

There’s not a hamlet, too well I know it,
Where you go wandering or stay awhile
But all its old folk you win with talking
And charm its maidens with song and smile

Dost thou remember the promise made me
The tartan plaidie, the silken gown?
The ring of gold with thy hair and portrait
That gown and ring I will never own
Traditionnel. Fear a’ Bhàta. Source : Travellers Union Theatrical Company (consulté le 13 février 2012).

———

Souvent je monte sur la plus haute colline
Scrutant l’océan, cherchant une voile
Viendra-t-elle ce soir mon amour, viendra-t-elle demain,
Viendra-t-elle jamais mon amour, me consoler ?

Fhir a bhata na horo eile
Fhir a bhata na horo eile
Fhir a bhata na horo eile
Le ciel te garde mon amour, où que tu sois

On me dit que tu es volage, que tu es menteur
Qu’il ne faut pas t’aimer mais c’est en vain
Car tu es mon rêve tout au long de la nuit
Et toujours je regarde la mer

Partout dans ces villages où tu séjournes parfois
Au gré de tes voyages, je ne le sais que trop,
Tu te fais aimer des vieillards par tes discours
Tu charmes les jeunes filles par tes chansons et tes sourires

Te rappelles-tu la promesse que tu m’as faite,
Le châle en tartan, la jupe de soie ?
L’anneau d’or, une mèche de tes cheveux et ton portrait ?
Cette jupe, cet anneau, je ne les aurai jamais.
Traditionnel. Fear a’ Bhàta. Traduction L. & L.

L. & L.

——

Sandy Denny sur Myspace
Capercaillie sur Myspace
Apprendre le gaélique écossais : Beag Air Bheag (BBC Alba, en anglais)

11 commentaires leave one →
  1. Pat Celti permalink
    12 février 2015 14:45

    Bonjour,

    Un petit commentaire pour vous dire de ne pas oubliez la très jolie version de Silly Wizard https://www.youtube.com/watch?v=x6sddgRP820
    N’hésitez pas à écouter leur discographie, j’ai pas trouvé meilleur groupe dans le même genre de musique!
    Pouvez-vous me dire comment interpréter le « na horo eile » du refrain?

    Pat.

    • 12 février 2015 23:16

      Bonjour,

      Oui j’aime beaucoup cette version-là, celle de Silly Wizard, merci !

      Quant à votre question, vous voulez parler de la signification de ce motif « na horo eile » ? Je n’en ai aucune idée, ne connaissant malheureusement pas le gaélique, qui est une langue fascinante. D’après plusieurs sources que j’avais consultées au moment où j’ai publié ce billet, c’est juste une formule pour appuyer le chant, un peu comme la la la. Mais je n’en sais rien…

  2. Buidheag permalink
    9 mars 2016 22:53

    J’adore cette chanson!

    En ce qui concerne « na horo eile », ça ne veut rien dire. C’est comme tralalalalère.

    Les chants gaéliques, le sean-nós en particulier, utilisent souvent ce genre d’onomatopées.

    N’oublions pas que la bouche est aussi un instrument de musique: le son est parfois plus important que le sens

    • 9 mars 2016 23:08

      Merci ! Et vous l’apprenez comment, le Gàidhlig ?

      • Buidheag permalink
        9 mars 2016 23:23

        Avec Ùlpan (http://www.ulpan.co.uk), avec la méthode audio « Scottish Gaelic in twelve weeks », avec la méthode Beag air bheag de la BBC, en écoutant BBC Radio nan Gàidheal et en regardant BBC Alba, en surtout en aidant mon fils à faire ses devoirs: il est dans une école primaire qui utilise la méthode par immersion (un peu comme les écoles Diwan en France)… Bref en maximisant mon exposition à la langue tant que faire se peut, ce qui n’est pas évidant :/

      • 9 mars 2016 23:29

        Ah mais vous êtes en Écosse alors ?

      • Buidheag permalink
        9 mars 2016 23:34

        Oui. C’est vrai que ça aide quand même énormément 🙂

      • 9 mars 2016 23:46

        En effet 🙂

  3. Pat Celti permalink
    11 mars 2016 08:44

    J’ai découvert une version instrumentale de ce morceau par un groupe Parisien :

    Leurs autres morceaux sont aussi très jolis.

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