Le grand soir
Cet homme hier, celui qui m’a donné des renseignements sur la manif (on utilise ce terme ici aussi) de la geração à rasca, n’était pas jeune. De fait toutes les générations étaient représentées dans les cortèges, ceux de Lisbonne, de Porto et des autres villes. Quant à lui il vivait cette chose-là intensément, il était extrêmement heureux de la vivre. Il faisait d’abord le rapprochement avec les protestations grecques, mais avec la Tunisie aussi, pas pour dire que c’est la même chose, mais que le sens du vent est peut-être en train de changer dans cette région du monde, l’Europe, la Méditerranée, le Proche-Orient.
Beaucoup d’artistes populaires étaient là ; il me parlait d’un certain Jel (« J de Japão, E de Espanha, L de Luxemburgo »), un humoriste (un genre de Fiorillo portugais ?) qui est au cœur de ce mouvement depuis qu’il existe. « Et figure-toi que la semaine dernière il y avait le Festival de la chanson, pour désigner celle qui représentera le Portugal au Concours Eurovision, et que c’est la sienne qui a gagné ! »
Lui, ce Jel, avec un groupe du nom de « Homens da luta », « Hommes de la lutte » représentera donc le Portugal à Düsseldorf — puisque c’est là que ça se passe. La chanson s’appelle A luta é alegria (La lutte c’est la joie) :
A luta é alegria / Os Homens da luta, groupe vocal et instrumental ; Nuno Duarte (« Jel »), paroles ; Vasco Duarte, musique. Mars 2011.
Bon. Musicalement c’est pas vraiment ça. Sympathique, disons. Les paroles sont sans ambiguïté :
De noite ou de dia, a luta é alegria
E o povo avança é na rua a gritar
[…]
Vem celebrar esta situação e vamos cantar contra a reacção.De nuit ou de jour, la lutte c’est la joie
Et le peuple avance, il est dans la rue à crier
[…]
Viens fêter cette situation, allez on va chanter contre la réaction.
La « réaction », je croyais que ce mot avait disparu, sauf pour parler nucléaire.
Je ne sais pas du tout ce qu’il en est de leur sincérité, je ne les connaissais pas auparavant et je n’ai pas eu le temps de chercher. On croirait une caricature.
Mais l’homme d’hier, celui qui était heureux, était enchanté d’eux.
L. & L.
E o povo avança é na rua a gritar
Ces bonshommes vêtissent publiquement les couleurs du « Partido Comunista Português ». Sympathiques, mais ils seront toujours associés au comique plutôt qu’au politique.
Je ne suis pas très étonné. Vu par quelqu’un d’extérieur comme moi, c’est plutôt le côté farce qui ressort — et cette terminologie caractéristique du PC, presque caricaturale.
Disons qu’au Portugal la politique est una authentique farce. Le comique est la seule façon de faire passer le message à ce peuple toujours plus con. 🙂
Est-ce que ce n’est pas le cas de bien des pays (et des peuples correspondants) ? À commencer par la France… Nous avons une certaine avance sur vous, car ici l’extrême-droite est en train de devenir la 2e force « politique » (si on peut employer ce mot s’agissant du FN) du pays !