Retour à Lisbonne — a geração à rasca
Lisboa, Praça do Comercio, 12 mars 2010.
Le départ a été difficile. Hier à la gare de Montpellier d’où je partais pour Toulouse je constate une erreur de date dans mes réservations : mon billet de train était pour la veille, et le vol Toulouse-Lisbonne pour le jour même, 12 h 50. Il était 18 heures moins le quart.
Mais bon, j’ai quand même pu trouver un passage dans l’avion prévu. Temps nuageux sur presque tout le parcours, je n’ai pas vu si on a franchi les Pyrénées ou si on est passé par le Pays basque.
Une des deux hôtesses ressemblait à Cristina Branco, en blonde — seulement que sa coiffure était normale, à elle. Quant au steward, il avait cette particularité que son sourire, lorsqu’il se produisait, était le fait de tous les traits de son visage qui d’une seconde à l’autre s’illuminait comme si un interrupteur avait été sollicité. Idem en sens inverse. On, off.
Dans la navette de l’aéroport, un couple d’Allemands, deux hommes dans les 65 ans, de l’argent et de la laideur, en quantité. Un autre couple, des Italiens, la petite cinquantaine, l’un des deux un visage remarquable.
Florbela Espanca. — Contos e diário.
À l’hôtel, dans la chambre, ils ont placé quelques livres, Eça de Queirós, Castelo Branco — et Florbela Espanca.
Je ne suis pas encore complètement dans Lisbonne. Depuis la fois précédente : six ans, sept ans peut-être. Je l’ai reconnue physiquement, mais je ne sais pas encore si je vais la retrouver. Elle a changé probablement, et moi aussi.
En ville, ambiance quasiment révolutionnaire. Déjà lorsque la navette était passée devant le Campo pequeno on y voyait une grande quantité de personnes portant des banderoles, puis le car a évité l’Avenida da Liberdade. Et pour cause : elle était investie par l’une des plus grandes manifestations de ces dernières années. Je m’y suis trouvé immergé plus tard, dans le Chiado, qui était l’extrémité de son itinéraire. La foule allait jusqu’au Largo de Camões.
Lisbonne, Largo de Camões, 12 mars 2011 (manifestation de la « geração à rasca »)
Un homme m’a expliqué ce qui se passait : la manifestation a été convoquée via Facebook, c’est celle de la « geração à rasca », la génération à la traîne, la génération fauchée (voir l’article du Courrier international du 9 mars 2011) ; on aurait dit que toute la jeunesse du pays était là, à brandir ce qu’elle avait à brandir, sa lassitude et son énergie, sa créativité, sa voix puissante — répercutée, amplifiée par les vieux murs de Lisbonne.
L. & L.
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