Le fado des étrangers. 2, Les Pays-Bas
Là je suis en pleine terra incognita. Je ne connais pas grand chose de la Hollande où je ne suis allé que deux ou trois fois, ni des Hollandais. Simplement je les avais trouvés très sympathiques, accueillants et aimables envers les étrangers.

Cristina Branco in Holland. Custódio Castelo, guitare portugaise ; Alexandre Silva, guitare. Círculo de cultura portuguesa na Holanda, 1997
Pour ce qui est du fado, voici le peu que je sais. Cristina Branco surtout y jouit d’une grande popularité, d’ailleurs c’est là que sa carrière a commencé, par un de ces hasards qui parfois déterminent une vie. C’est là aussi qu’elle a enregistré son premier album, en public (Cristina Branco in Holland. 1997).
En guise d’hommage à ce pays qui pour ainsi dire l’a vue naître au fado, elle a publié un peu plus tard un album entier réunissant des morceaux de Custódio Castelo (son mari d’alors) composés sur des poèmes de Jan Jacob Slauerhoff (1898-1936) : Cristina Branco canta Slauerhoff, 2000, réédité en 2002 (Universal) avec trois morceaux supplémentaires sous le titre O descobridor. C’est de ce recueil qu’est extrait Os solitários, qu’on entend ici :
C’était avant qu’elle ne se consacre à cette sorte de fado-pop qu’on lui connaît maintenant.
Mais les Hollandais eux-mêmes ?
Ils se lancent, parfois. Ca peut donner des choses étonnantes, telles que cette interprétation de Garça perdida, un morceau issu du répertoire de Dulce Pontes (Leonardo Amuedo, musique ; João Mendonça, paroles), par une chanteuse du nom de Michon :
(L’original peut s’écouter sur Deezer)
Et Lenny Kuhr, vous vous en souvenez ? Mais si, allons : The Netherlands, six votes, les Pays-Bas, six points … le concours de l’Eurovision, l’édition 1969 et ses 4 gagnantes, Lenny Kuhr avec son Troubadour, la formidable Frida Boccara et deux autres chanteuses sans intérêt aucun. Ah vous n’étiez pas nés … Dans ce cas, pour que vous sachiez de quoi il est question :
Très jolie voix. C’est émouvant de revoir ça … Le lien avec le fado ? Il n’y en a pas. Mais je découvre ceci : Portugese lente, qui se révèle être une version néerlandaise de Uma casa portuguesa (Reinaldo Ferreira, Matos Sequeira, paroles ; Artur Fonseca, musique), par la même Lenny Kuhr (vidéo de qualité médiocre) :
Et même Fadista (Lenny Kuhr, Gerard de Graal, musique ; Herman Pieter de Boer, paroles), un hommage à Amália, enregistré en 2007 d’après le commentaire de la vidéo sur Youtube :
La voix est toujours là. (Ceux qui lisent le néerlandais trouveront les paroles ici.) Mais bien sûr on est loin du fado.
L. & L.