Camané — Sei de um rio
Je suis rentré en voiture de Bretagne. J’avais une petite provision de CD, dans laquelle une compilation récente intitulée Fado Anthologia (Universal Music France, 2009). C’est du morceau interprété par Camané que je veux parler un peu, Sei de um rio, extrait de son album Sempre de mim (EMI music Portugal, 2008), parce qu’il me colle à la cervelle comme un chewing-gum.
En principe je ne suis pas un amateur inconditionnel de Camané, que je trouve un peu invertébré, c’est-à-dire mal adapté au fado qui réclame au contraire de l’énergie. Le fado oui, pour moi c’est le reflet de la vie, de l’énergie qu’on engage pour la traverser comme on peut, l’énergie du désespoir puisqu’on sait à l’avance que ça va mal finir.
Cependant je trouve ce Sei de um rio assez beau. Il est fait d’une mélodie inédite d’Alain Oulman (le compositeur préféré d’Amália, qui d’ailleurs n’a écrit que pour elle, délibérément), exhumée je crois par le fils du compositeur, heureusement associée à un poème de Pedro Homem de Melo (Povo que lavas no rio, Fria claridade et tant d’autres).
On reconnaît bien la manière d’Alain Oulman – mais à entendre Camané on se dit que seule Amália pouvait véritablement en faire du fado. Là, ça fait penser à de la chanson française de qualité, années 60 70. Par exemple Françoise Hardy chantant Il n’y a pas d’amour heureux.
Question de style. (J’aime beaucoup Françoise Hardy, je préfère le dire.)
Plus proche de l’énergie du fado serait la version de Danielle Darrieux dans 8 femmes.
Pour fermer le cercle, il nous manque donc une version de Sei de um rio par Amália.
Il suffit de fermer les yeux et de l’inventer.
L. & L.
J’ai cherché cette chanson sur votre blog,je viens de regarder un film parlant d’Alain Oulman et Amalia Rodrigues (Com que voz) et Camané l’a chante dans ce film.Elle est très belle,vraiment dommage que ce soit la version de Camané et non pas d’Amalia.*L’énergie du désespoir * c’est bien dit,même si les deux choses sont souvent contradictoires 🙂
Il est très intéressant, ce film. On y entend aussi Alain Oulman chanter (pas du tout comme Amália l’a fait par la suite) « Fui à fonte lavar os cabelos » !