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Amália Rodrigues • Não é tarde (1967)

13 novembre 2025

Les années 1960 sont pour Amália celles où sa gloire vocale se déploie avec la plus grande splendeur. Ayant commencé avec le fameux album dit « du buste », qui contient les premières compositions d’Alain Oulman, ce sont en quelque sorte les années par excellence de « l’ère Oulman ». La décennie se clôture d’ailleurs par l’enregistrement, en 1969, du fabuleux Com que voz (publié en 1970), entièrement composé par Alain Oulman.

Cependant les années 1960 ne sont pas entièrement dédiées aux compositions d’Oulman, loin de là. Durant ces années Amália enchaîne les sessions d’enregistrement, à raison de plusieurs par an. On croirait qu’elle ne rentre de ses innombrables tournées internationales que pour s’enfermer dans un studio à Lisbonne. Elle enregistre de tout : des compositions d’Alain Oulman bien sûr, des fados – « castiços » ou non –, des marches de Lisbonne, des chansons traditionnelles portugaises, des reprises de succès français (Inch Allah, Aranjuez mon amour, L’important c’est la rose), espagnols ou italiens,… Tout n’est pas d’un égal intérêt.

L’un de ses albums les plus réussis de ces années-là se nomme Fados 67. Enregistré en mars et avril 1967, il est composé de douze fados, certains « castiços », d’autres non, tel ce Não é tarde. Alain Oulman en est absent. La voix est solaire.

Amália Rodrigues (1920-1999)Não é tarde. Leonel Neves, paroles ; António Mestre, musique.
Amália Rodrigues, chant ; Raul Nery é José Fontes Rocha, guitare portugaise ; Castro Mota, guitare ; Joel Pina, basse acoustique.
Enregistrement : Paço de Arcos, studios Valentim de Carvalho, mars-avril 1967.
Extrait de l’album Fados 67 / Amália Rodrigues. Portugal, Valentim de Carvalho, ℗ 1967.


Quem acha o seu bem amado
Devia não ter sofrido
Nem sua vida ter sido
Mais um motivo de fado.

Il faudrait rencontrer l’amour de sa vie
Avant d’avoir jamais souffert,
Sans avoir eu à connaître une vie
Comme celles que chante le Fado.

O meu amor verdadeiro
Achou-me desiludida
O grande amor duma vida
Devia ser o primeiro.

Quand j’ai rencontré mon bien-aimé
J’étais déjà désabusée.
Le grand amour d’une vie
Devrait être le premier.

Ai, não me digam que é tarde
Chegou ele, é o que importa
O meu passado é que arde
Renasce a esperança já morta
Sou tal qual uma guitarra
A um cantinho esquecida
Quando ele vem e me agarra
É que eu me sinto com vida.

Ah, ne me dites pas qu’il est tard !
Il est venu, voilà ce qui importe.
C’est mon passé qui brûle
Et renaît l’espérance morte.
Je suis comme une guitare
Abandonnée dans un coin :
Lorsque il me prend dans ses bras,
Alors je me sens vivante !

E não me viu quando eu era
Menina de horas quietas
De laços e tranças pretas
E o coração puro à espera.

Il ne m’a pas connue quand j’étais
Une petite fille tranquille,
Avec des nœuds à mes tresses noires
Et un cœur pur plein d’espoir.

Ele também não me via
Também ele era menino
Também bebia o destino
Sem saber o que bebia.

Il ne me voyait pas,
Lui aussi était un enfant,
Lui aussi buvait son destin
Sans savoir ce qu’il buvait.
Leonel Neves (1921-1996). Não é tarde (1967).
.
Leonel Neves (1921-1996). Il n’est pas tard, trad. par L. & L. de Não é tarde (1967).

4 commentaires leave one →
  1. Avatar de stj
    stj permalink
    13 décembre 2025 12:44

    En êtes vous d’accord que la base de fado est une désillusion ?

    • Avatar de L. & L.
      13 décembre 2025 12:58

      Très souvent, oui. Une désillusion qui va de pair avec une certaine lucidité quant au passé et à l’avenir…

  2. Avatar de stj
    stj permalink
    13 décembre 2025 12:57

    Ou

Trackbacks

  1. Amália Rodrigues • Antigamente | Je pleure sans raison que je pourrais vous dire

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