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Lá vai Lisboa • Carminho, Amália

30 octobre 2025

Carminho (née en 1984)Lá vai Lisboa. Norberto de Araújo, paroles ; Raúl Ferrão, musique.
Carminho, chant ; André Dias, guitare portugaise ; Flávio César Cardoso, guitare ; Pedro Geraldes, guitare électrique ; Tiago Maia, basse acoustique ; João Pimenta Gomes, cristal Baschet, ondes Martenot & mellotron.
Enregistrement : Lisbonne, studios Namouche.
Extrait de l’album Eu vou morrer de amor ou resistir / Carminho. Portugal, Sony Music, ℗ 2025.

C’est un des morceaux du nouvel album de Carminho, Eu vou morrer de amor ou resistir, paru ce mois-ci.

L’album, assez court, est épatant : musicalement inventif d’un bout à l’autre en même temps que d’une grande élégance, Eu vou morrer de amor ou resistir surpasse à mon avis toutes les précédentes productions de l’artiste.

(La présentation graphique en revanche, élaborée dans un style pauvre, genre Allemagne de l’Est années 1970 – ou Albanie communiste – laisse perplexe. La couverture est voulue moche et elle l’est, avec une photo de la chanteuse toute entière enfouie dans un énorme sac à linge blanc dont seule émerge sa tête, et cette photo disposée en regard de la liste des titres de l’album suivis de leur durée respective – information qu’on réserve généralement au verso ou à l’intérieur de la pochette –, dans une police de caractères moche. L’intérieur est à l’avenant.)

Lá vai Lisboa était la « grande marche de Lisbonne » écrite et composée pour le grand défilé des fêtes de Saint-Antoine de l’année 1935. C’est une chanson du répertoire d’Amália, qui adorait chanter ces marches lors de ses récitals. La reprise de Carminho n’est en aucune façon littérale : elle serait une évocation (vraiment exquise et assez élaborée) de la marche originale plutôt qu’une exécution de ladite marche. À noter que Carminho substitue même discrètement dans la chanson le nom du quartier de la Graça par celui d’Alcântara, où Amália a vécu son enfance et son adolescence.


Vai de corações ao alto, nasce a lua
E a marcha segue contente
E as pedrinhas de basalto cá da rua
Nem sentem passar a gente.

Haut les cœurs, la Lune se lève
Et le défilé s’est élancé, joyeux
Et les petits pavés de basalte
Ne sentent même pas passer le monde.

Nos bairros desta cidade encantada
Tudo serve de alegria
E faz-se alegre a saudade
Ao toque da alvorada,
Ao toque da Avé-Maria.

Dans les quartiers de cette ville enchantée
Tout est source de joie
Et même la « saudade » se fait joyeuse
Dès le point du jour,
Quand retentit l’Ave Maria.

Lá vai Lisboa
Com a saia cor de mar,
Cada bairro é um noivo
Que com ela vai casar!
Lá vai Lisboa
Com seu arquinho e balão,
Com cantiguinhas na boca
E amor no coração.

Voici Lisbonne
Dans sa jupe couleur de mer,
Chacun de ses quartiers est un fiancé
Sur le point de l’épouser !
Voici Lisbonne
Avec ses arceaux et ses ballons,
Avec des chansons à la bouche
Et de l’amour plein le cœur.

Bairro novo, bairro velho, gente boa,
Em casa não há quem fique.
Vai na marcha todo o povo de Lisboa
Da Graça* a Campo de Ourique.

Quartier neuf, vieux quartier, bonnes gens,
Personne ne reste chez soi.
Le défilé emmène tout le peuple de Lisbonne,
De la Graça* à Campo de Ourique.

Olha o Castelo velhinho, que é a coroa
Desta Lisboa sem par.
Abram, rapazes, caminho,
Que passa a velha Lisboa,
Que vai a Alfama passar!

Voyez notre vieux Château, qui couronne
Cette Lisbonne sans pareille.
Jeunes gens, ouvrez le chemin,
Car voici Lisbonne qui passe,
Car Alfama va passer !
Norberto de Araújo (1889-1952). Lá vai Lisboa (Grande marcha de Lisboa de 1935) (1935).
.
* « De Alcântara » dans la version de Carminho.
Norberto de Araújo (1889-1952). Voici Lisbonne, trad. par L. & L. de Lá vai Lisboa (Grande marcha de Lisboa de 1935) (1935).
* « De Alcântara » dans la version de Carminho. Graça, Alcântara, Campo de Ourique, Alfama, sont des noms de quartiers de Lisbonne.

Amália, outre plusieurs enregistrements réalisés en public (le premier d’entre eux à l’Olympia, en 1956) a gravé un Lá vai Lisboa avec orchestre, comme au défilé de la Saint-Antoine. Voici :

Amália Rodrigues (1920-1999)Lá vai Lisboa : grande marcha de Lisboa de 1935. Norberto de Araújo, paroles ; Raúl Ferrão, musique.
Amália Rodrigues, chant ; accompagnement d’orchestre ; Joaquim Luis Gomes, direction & arrangement.
Enregistrement : Paço d’Arcos (Portugal), studios Valentim de Carvalho, 12 juin 1965.
Première publication : disque 45t Marchas / Amália. Portugal, Sony Music, ℗ 1965.

10 commentaires leave one →
  1. Avatar de stj
    stj permalink
    2 novembre 2025 18:38

    Je souhaite le meilleur à Carminho mais la voix d’Amalia n’est comparable a aucune autre, sa version de la chanson me séduit, la version de Carminho pas du tout

    • Avatar de L. & L.
      2 novembre 2025 20:49

      Ah, vous n’aimez pas la voix de Carminho ?
      (Vous avez quitté le Danemark ?)
      Bonne soirée !
      Ph.

      • Avatar de stj
        stj permalink
        2 novembre 2025 21:18

        Je suis aux Pays -Bas. Bonne soirée à Vous aussi

  2. Avatar de stj
    stj permalink
    2 novembre 2025 21:35

    J’ai un faible pour Carminho mais elle ne sait pas comment faire la saudade joyeuse 🙂

  3. Avatar de hologramthoughtfully8f2cf5d4aa
    hologramthoughtfully8f2cf5d4aa permalink
    4 novembre 2025 12:53

    Bon c’est bien de s’intéresser à Carminho qui mérite mieux que d’être comparée à Sarah Bernhardt, bien que. C’est exact, qu’ici, elle tout en retenue, ce qui n’est pas plus mal. Sur la pochette je me demande si ce n’est pas une proposition économique : en vend-on beaucoup ? Une récente parution de Katia Guerreiro n’avait, en dehors de la photo de couverture, aucun texte seul un code.

    • Avatar de L. & L.
      4 novembre 2025 16:43

      Je crois qu’il s’agit bel et bien d’un parti pris graphique (que je trouve raté, mais ce n’est que mon goût personnel).

  4. Avatar de hologramthoughtfully8f2cf5d4aa
    hologramthoughtfully8f2cf5d4aa permalink
    4 novembre 2025 14:29

    Pardon « Elle est toute en retenue » sachant qu’effectivement cette interprète a tendance à surjouer. Il lui sera beaucoup pardonné lorsque l’on voit ce qu’elle a réalisé pendant le covid dans la chapelle de Santo Amoro sur les hauts de Alcântara. J’aimerais bien connaitre votre avis sur la vente des CDs, sachant qu’à Lisbonne la FNAC du Chiado n’en vend quasiment plus.

    • Avatar de L. & L.
      4 novembre 2025 17:17

      Mon avis sur la vente des CD ? Je n’ai pas vraiment exploré la question… A peine ce support a-t-il été lancé dans les années 1980 qu’on annonçait déjà sa fin prochaine. Apparemment il résiste encore — de même que le vinyle d’ailleurs. Le problème avec le streaming, c’est qu’on est privé du matériel d’accompagnement : textes divers, photos etc… Personnellement je continue à acquérir quelques CD. Notamment les nouvelles éditions augmentées des albums d’Amália, qui fournissent des renseignements très précieux pour l’amateur : dates des sessions d’enregistrement, mention des instrumentistes etc.

      Pour en revenir au dernier album de Carminho, je pense sincèrement que c’est l’un des meilleurs albums de fado depuis… longtemps !

      Bien à vous,
      Ph.

      • Avatar de hologramthoughtfully8f2cf5d4aa
        hologramthoughtfully8f2cf5d4aa permalink
        10 novembre 2025 13:39

        Merci : compte tenu de votre sévérité antérieure je ne doute pas de la qualité de cette production .

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