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Carminho • Canção à ausente

6 octobre 2025

Elle a fait des études de marketing avant de devenir chanteuse, Carminho. La parution de son nouvel album, Eu vou morrer de amor ou resistir (« Soit je meurs d’amour, soit je résiste »), prévue pour la fin de la semaine, est soigneusement préparée par la publication anticipée de deux des morceaux qui le composent, d’abord Balada do país que dói (« Ballade du pays douloureux »), le 23 septembre, puis, exactement une semaine plus tard (et une semaine avant l’album complet) Canção à ausente (« Chanson à l’absente »), donnant lieu chaque fois à des articles dans la presse.

Balada do país que dói est la plus intéressante des deux, j’y reviendrai probablement un de ces jours. Canção à ausente est un fado, musique de Carminho sur un poème de Pedro Homem de Melo – hommage indirect à Amália Rodrigues qui, la première, dès la fin des années 1940 et jusqu’à son dernier album de studio paru en 1990, a chanté ce poète et folkloriste du Nord du Portugal (Fria claridade, Povo que lavas no rio, …).

La mélodie en elle-même n’est pas d’une grande originalité mais elle est efficace. Ce qui pique la curiosité c’est l’apparition discrète, puis, dans la seconde partie de l’enregistrement, la plus forte présence d’instruments tels que les ondes Martenot, le cristal Baschet et le mellotron, sans parler de la guitare électrique, le tout se mariant harmonieusement, je trouve, aux traditionnelles guitares portugaise et classique ainsi qu’à la voix, qui est belle.

Pour la vidéo on a voulu faire graphique et chic en multipliant à l’excès des plans aux cadrages et à la composition hyper-travaillés, au détriment du propos. On a voulu en outre un changement de costume à chaque plan, ou presque : on ne dira rien du choix du ou de la styliste – mais on n’en pensera pas moins.

Carminho (née en 1984)Canção à ausente. Poème de Pedro Homem de Mello ; Carminho, musique.
Carminho, chant ; André Dias, guitare portugaise ; Flávio César Cardoso, guitare ; Pedro Geraldes, guitare électrique ; Tiago Maia, basse acoustique ; João Pimenta Gomes, cristal Baschet, ondes Martenot & mellotron.
Enregistrement : Lisbonne, studios Namouche.
Première publication : Portugal, ℗ 2025. Extrait de l’album Eu vou morrer de amor ou resistir, à paraître en octobre 2025.
Vidéo : Rui Vieira, réalisation. Portugal, Playground, 2025.


Para te amar ensaiei os meus lábios…
Deixei de pronunciar palavras duras.
Para te amar ensaiei os meus lábios!

À t’aimer j’ai exercé mes lèvres,
Cessant de prononcer aucune parole dure.
À t’aimer j’ai exercé mes lèvres !

Para tocar-te ensaiei os meus dedos…
Banhei-os na água límpida das fontes.
Para tocar-te ensaiei os meus dedos!

À te toucher j’ai exercé mes doigts,
Les baignant dans l’eau limpide des sources.
À te toucher j’ai exercé mes doigts !

Para te ouvir ensaiei meus ouvidos!
Pus-me a escutar as vozes do silêncio…
Para te ouvir ensaiei meus ouvidos!

À t’entendre j’ai exercé mon oreille,
Prêtant attention aux voix du silence.
À t’entendre j’ai exercé mon oreille !

E a vida foi passando, foi passando…
E, à força de esperar a tua vinda,
De cada braço fiz mudo cipreste.

Et la vie a passé, a passé…
Et à force d’attendre ta venue,
De chaque bras j’ai fait un cyprès muet.

A vida foi passando, foi passando…
E nunca mais vieste!

La vie a passé, a passé…
Et tu n’es jamais plus venue !
Pedro Homem de Melo (1904-1984). Canção à ausente, extrait du recueil Segredo (1937).
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Pedro Homem de Melo (1904-1984). Chanson à l’absente, trad. par L. & L. de Canção à ausente, extrait du recueil Segredo (1937).

3 commentaires leave one →
  1. Avatar de antoinenaik
    antoinenaik permalink
    7 octobre 2025 19:37

    Et que pensez-vous de son interprétation ? La manière de Carminho vous plaît-elle plus cette fois-ci ?

    • Avatar de L. & L.
      8 octobre 2025 15:12

      Il s’agit d’un enregistrement studio : elle se tient à peu près à carreau, si j’ose dire. Mais je suis bien certain que sur scène elle va partir au quart de tour et s’en donner à cœur joie sur l’ « água límpida das fontes » et le « mudo cipreste ». Dans la vidéo, on sent déjà la tentation de le faire… la gestuelle est déjà là 🙂
      Peut-être que je la juge trop sévèrement.
      Cela dit je trouve qu’elle est une bonne chanteuse, vraiment, et une bonne musicienne aussi. Je lui sais gré de savoir se démarquer subtilement de la tradition sans la trahir ni l’abimer.
      (Mais vraiment, ce vidéoclip est un peu ridicule, vous ne trouvez pas ? Dans un plan, je ne sais pas si c’est conscient de la part du réalisateur, elle évoque la déesse aux serpents de l’antiquité crétoise, vous voyez ce que je veux dire ? Ce plan revient deux ou trois fois. Et ce vestiaire est décidément d’une grande laideur.)
      Et vous qu’en pensez-vous ?

      • Avatar de antoinenaik
        antoinenaik permalink
        8 octobre 2025 21:01

        Pour ma part, j’aime beaucoup Carminho. Sa voix, sa musicalité, et même cet excès d’expressivité que vous relevez et qui ne me dérange que très rarement. Dans la génération actuelle c’est ma fadiste femme préférée avec Gisela João (dont les frasques vestimentaires et stylistiques me gènent un peu).

        Cette « Canção à ausente » me plaît beaucoup musicalement. Pour le clip les essais vestimentaires de Carminho ne sont pas très convaincants en effet, en particulier cet « oversize » vraiment étrange pour dire le moins ! (votre évocation de la « déesse aux serpents » m’a fait bien rire).

        En général d’ailleurs, il me semble que le talent artistique des portugais est plus remarquable dans la musique que dans les arts visuels, à quelques exceptions près (dont les azulejos).

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