Aller au contenu principal

Amália • Lágrima (1983)

11 septembre 2025

Ce célèbre fado, Lágrima, a donné son nom au second album d’originaux publié par Amália Rodrigues après son accident cardiaque de 1979. C’est le premier morceau du disque. Son texte, comme ceux de toutes les autres pièces du recueil, est d’Amália elle-même ; sa musique, de Carlos Gonçalves, l’un de ses accompagnateurs à la guitare portugaise.

Amália Rodrigues (1920-1999)Lágrima. Amália Rodrigues, paroles ; Carlos Gonçalves, musique.
Amália Rodrigues, chant ; Carlos Gonçalves & José Fontes Rocha, guitare portugaise ; Jorge Fernando, guitare ; Joel Pina, basse acoustique.
Enregistrement : Paço d’Arcos (Portugal), studios Valentim de Carvalho, d’octobre 1982 à mai 1983.
Extrait de l’album Lágrima / Amália. Portugal, Edições Valentim de Carvalho, ℗ 1983.


Cheia de penas
Cheia de penas me deito
E com mais penas
Com mais penas me levanto
No meu peito
Já me ficou no meu peito
Este jeito
O jeito de te querer tanto

Le cœur en peine,
Le cœur en peine je m’endors
Et plus triste encore,
Plus triste encore je m’éveille.
Dans mon cœur,
J’ai toujours dans mon cœur
Cette obsession,
Cette obsession de toi.

Desespero
Tenho por meu desespero
Dentro de mim
Dentro de mim um castigo
Não te quero
Eu digo que não te quero
E de noite
De noite sonho contigo

Désespoir,
Pour mon désespoir
Je porte en moi,
Je porte en moi cette punition.
Je ne t’aime pas,
Je dis que je ne t’aime pas,
Mais la nuit,
La nuit je rêve de toi.

Se considero
Que um dia hei-de morrer
No desespero
Que tenho de te não ver
Estendo o meu xaile
Estendo o meu xaile no chão
Estendo o meu xaile
E deixo-me adormecer

Lorsque je pense
Qu’un jour je mourrai,
Dans mon désespoir
De ne pas te voir,
J’étends mon châle,
J’étends mon châle sur le sol,
J’étends mon châle
Et je m’endors.

Se eu soubesse
Se eu soubesse que morrendo
Tu me havias
Tu me havias de chorar
Uma lágrima
Por uma lágrima tua
Que alegria
Me deixaria matar

Si je savais,
Si je savais qu’à ma mort
Tu verserais
Une larme sur moi,
Cette larme,
Pour cette larme de toi,
Quelle joie !
Je me laisserais tuer.
Amália Rodrigues (1920-1999). Lágrima (1983).
.
Amália Rodrigues (1920-1999). Larme, trad. par L. & L. de Lágrima (1983).

De qui cette Larme était-elle tant espérée ? Qui le sait ?

Probablement pas de son mari, César Seabra, ingénieur en génie mécanique, épousé en secondes noces en 1961, au Brésil. Ce mariage, qui a duré jusqu’à la mort de César, en 1997, est décrit par Amália elle-même comme privé de toute flamme. Au journaliste Luís Osório elle concède :

« Tinha muita piada, o César. Era uma pessoa que não era para mim, vivemos sem paixão, mas nunca tivemos qualquer problema, e recordo-o com saudade. »
Amália Rodrigues (1920-1999), citée dans : Miguel Carvalho (né en 1970), Amália, ditatura e revolução (2020), Portugal, Dom Quixote, 2020, ISBN 978-972-20-7044-7, p. 504.

« Il était très drôle, César. Ce n’était pas quelqu’un pour moi ; nous avons vécu sans passion, mais sans jamais aucun problème, et je garde de lui un tendre souvenir. »
Trad. L. & L.

À une autre journaliste, Inês Pedrosa :

« O César era muito boa pessoa. Só que não tínhamos nada, nada, nada de parecido… Fala-se tanto da felicidade, mas a felicidade o que é ? Não se pode meter uma vida toda numa palavra. »
Amália Rodrigues (1920-1999), citée dans : Miguel Carvalho (né en 1970), Amália, ditatura e revolução (2020), Portugal, Dom Quixote, 2020, ISBN 978-972-20-7044-7, p. 504.

« César était quelqu’un de très bien. C’est juste que nous n’avions rien, rien, mais rien de semblable… On parle beaucoup du bonheur, mais c’est quoi le bonheur ? On ne peut pas résumer toute une vie en un seul mot. »
Trad. L. & L.

Je me souviens, lors d’un des récitals d’Amália à l’Olympia, dans les années quatre-vingts, de l’avoir entendue présenter Lágrima comme la plainte de quelqu’un qui souffrirait d’une dor de cotovelo – elle expliquait en souriant que ce « mal au coude » désigne, en portugais, la douleur de l’amour non partagé.

5 commentaires leave one →
  1. Avatar de antoinenaik
    antoinenaik permalink
    12 septembre 2025 17:58

    Je trouve ça un peu triste que, hormis son amour de jeunesse pour son guitariste, la vie d’Amália ait été si pauvre en passions amoureuses, à moins qu’elle n’en ai jamais parlé. Quoiqu’il en soit ce mariage avec César Seabra est aux antipodes de ce qu’elle n’a cessé de chanter. Peut-être pensait-elle à quelqu’un en particulier dans Lágrima, comme votre anecdote sur le « mal au coude » semble le suggérer, mais nous ne le saurons jamais.

    • Avatar de L. & L.
      12 septembre 2025 19:00

      Mais… Et Eduardo Ricciardi alors ? La passion de sa vie, paraît-il. 🙂
      Et peut-être aussi Charles Aznavour !

      • Avatar de antoinenaik
        antoinenaik permalink
        12 septembre 2025 19:07

        Vous faites bien de me le rappeler j’avais totalement oublié l’épisode avec Ricciardi ! Quant à Charles Aznavour, je l’ignorais tout simplement. Vous pourriez développer un peu plus ?

      • Avatar de L. & L.
        12 septembre 2025 20:36

        Développer non, disons que la presse « people » ou grand public s’en est fait l’écho à un certain moment, peut-être pour le centenaire il me semble. Lui en tout cas a bien évoqué une « amitié amoureuse » à l’endroit d’Amália.

Trackbacks

  1. Lágrima • Argentina Santos | Je pleure sans raison que je pourrais vous dire

Répondre à L. & L. Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.