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Arènes de la mélancolie

11 Mai 2022

Soirs ! Soirs ! Que de soirs pour un seul matin !
Ilots épars, corps de fonte, croûtes !
On s’étend mille dans son lit, fatal déréglage !

Vieillesse, veilleuse, souvenirs : arènes de la mélancolie !
Inutiles agrès, lent déséchafaudage !
Ainsi, déjà, l’on nous congédie !
Poussé ! Partir poussé !
Plomb de la descente, brume derrière…
Et le blême sillage de n’avoir pas pu Savoir.
Henri Michaux (1899-1984). Vieillesse, extrait de : Lointain intérieur (1937). Dans : Plume, précédé de Lointain intérieur, nouvelle éd. revue et corrigée, Gallimard, impr. 1972, page [89].

Alfredo Marceneiro (1888 ou 1891-1982)Cabelo branco. Henrique Rêgo, paroles ; compositeur inconnu (Fado Mouraria).
José Nunes é José Pracana, guitare portugaise ; José Inácio & Francisco Perez, guitare. Enregistré en public à « O Arreda », Cascais (Portugal), le 7 mars 1972.
Extrait de l’album Uma noite de fados em Cascais / José Nunes, Rodrigo, Alfredo Marceneiro,… . Portugal, ℗ 1972.

Éclatante et géniale interprétation d’Alfredo Marceneiro, alors âgé de plus de 80 ans. De presque rien — un texte banal, la musique du vieux Fado Mouraria — il fait un instant bouleversant.


Amar demais é doidice
Amar de menos maldade
Rosto enrugado é velhice
Cabelo branco é saudade

Aimer trop peu est malice,
Trop aimer est folie,
Visage ridé : vieillesse,
Cheveux blancs : nostalgie.

Saudades são pombas mansas
A que nós damos guarida
Paraíso de lembranças
Da mocidade perdida

Nostalgie, douce colombe
À qui nous faisons un nid,
Paradis des souvenirs
De notre jeunesse perdue.

Se a neve cai ao de leve
Sem mesmo haver tempestade
O cabelo cor da neve
Às vezes não é da idade

De même que des flocons légers
Tombent parfois dans un air calme,
De même parfois les cheveux
Se poudrent de neige avant l’âge.

Pior que o tempo em nos pôr
A cabeça encanecida
São as loucuras d’amor
São os desgostos da vida

Bien plus que le temps,
Ce sont les passions de l’amour
Et les tourments de la vie
Qui nous font la tête blanche.

Para o passado não olhes
Quando chegares a velhinho
Porque é tarde, já não podes
Voltar atrás ao caminho

Tes vieux jours venus,
Ne te retourne pas sur le passé :
C’est trop tard, tu ne peux plus
Rebrousser le chemin parcouru.
Henrique Rêgo (1885-1963). Cabelo branco.
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Henrique Rêgo (1885-1963). Cheveux blancs, trad. par L. & L. de Cabelo branco.

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