Ça n’a pas d’importance • Germaine Montero (& Milva)
Germaine Montero (1909-2000) était avant tout une actrice de théâtre, une tragédienne qui, quoique née à Paris, a débuté à Madrid, sous la direction de Federico García Lorca, en 1932 ou 1933 selon les sources. Elle était aussi chanteuse et parmi ses premiers enregistrements figurent un ensemble de chansons populaires espagnoles (Paseando por España, 1952), puis un second (14 Chansons populaires d’Espagne, 1955), de même que des poèmes et des chansons de Lorca.
Parallèlement elle chantait et enregistrait de la chanson française, notamment des compositions sur les poèmes de Pierre Mac Orlan (1882-1970) dont elle est souvent la créatrice et qui constituent l’épine dorsale de son répertoire. Mac Orlan la « considérait comme sa meilleure et sa plus fidèle interprète » (Marc Robine, livret d’accompagnement de Germaine Montero, 2 CD, EMI Music France, 1997).
Ça n’a pas d’importance, moins connue que La fille de Londres ou La chanson de Margaret, était l’un de ses succès. Elle l’a enregistré deux fois en studio (1956 et 1965), plus une en public à l’Olympia (1956).
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Germaine Montero (1909-2000) • Ça n’a pas d’importance. Pierre Mac Orlan, paroles ; Victor Marceau, musique.
Germaine Montero, chant ; accompagnement d’orchestre ; François Rauber, direction. Enregistrement : France, 20 janvier 1965.
Extrait de l’album Germaine Montero chante Pierre Mac Orlan. Vol. 2 / Germaine Montero. France, ℗ 1965.
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Milva, qui était sensible à un certain type de chanson française, en a interprété un certain nombre, le plus souvent adaptées en italien. Son premier enregistrement de Ça n’a pas d’importance, avec des paroles italiennes de Giorgio Calabrese (1929-2016), est paru en 1966. La voici captée en public, en 1977 au Piccolo Teatro de Milan, dans un spectacle nommé Canzoni tra le due guerre (« Chansons d’entre les deux guerres »)
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Milva (1939-2021) • Simone (Ça n’a pas d’importance). Giorgio Calabrese, paroles italiennes ; Victor Marceau, musique. Adaptation de Ça n’a pas d’importance. Pierre Mac Orlan, paroles.
Milva, chant ; Roberto Negri, piano ; Ferdinando Nebuloni, violon ; Ettore Cenci, guitare ; Giorgio Azzolini, basse ; Gianni Zilioli, accordéon ; Mario Lamberti, batterie ; Roberto Negri, arrangements & direction.
Enregistrement public réalisé à Milan (Italie), Piccolo Teatro di Milano, octobre 1977. Extrait d’un spectacle musical de Filippo Crivelli.
Extrait de l’album Canzoni tra le due guerre / Milva. Italie : BMG, ℗ 1978.
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Quand jean Marie de Nantes revint d’la Trinité,
Il déposa son sac aux pieds de son hôtesse
Dans un bar pavoisé par toutes les promesses,
Le bistrot de Simone à l’autre bout du quai
Qui donc a entendu cette vieille histoir’ là
Qui donc l’a raconté tout bas de porte en porte?
Chez Daisy ,chez Simone, ou chez Incarnita ?
Qui l’a confié au vent, au vent de la rue morte?Simone aime les matelots,
Les matelots aiment qui les aime
Et moi je peux penser de même,
Car c’est là mon moindre défaut.
Mais si la mer plaît aux Bretons,
C’est qu’elle les tient en son giron
Et tant pis pour qui mal y pense.
Ça n’a pas tellement d’importance.Un homme qui revenait de Gibraltar, port franc,
Avait dit à Simone : « On ira en Afrique »
À Zanzibar au lieu de boulotter des briques,
Je te couvrirai d’or ou, qui vaut mieux, d’argent.
Tu reviendra à Nantes quant il en sera temps
Dans le jour enchanté de notre indépendance
Quant à ton homme, Simone, c’est une affaire de sang
Et ça n’a vraiment pas une telle importance.Simone aime les matelots,
Les matelots aiment qui les aime
Et moi je peux penser de même,
Car c’est là mon moindre défaut.
Mais si la mer plaît aux Bretons,
C’est qu’elle les tient en son giron
Et tant pis pour qui mal y pense.
Ça n’a pas tellement d’importance.Simone ne sut jamais le vrai mot de la fin,
Les cars de la police sonnaient partout l’alarme.
Les filles jacassaient au milieu du vacarme
Et pendant quelques jours ce ne fut qu’un refrain
À peine chuchoté dans tous les clandestins.
Un refrain qui n’était qu’un souvenir de bagarre,
Entre le gars de Nantes et l’homme du destin
Au moment historique où les couteaux s’égarent.Simone aimait les matelots.
Les matelots aiment qui les aime.
Incarnita pensait de même,
Moi je vais m’tirer au plus tôt.
J’irai me crécher à Meudon,
Devant la Seine et ses chansons
Pour prendre un bon coup d’innocence,
Et rien n’aura plus d’importance.
Pierre Mac Orlan (1882-1970). Ça n’a pas d’importance.
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