Attitude singulière sur le pont des Arts
Je savais bien que Paris est une ville obscure et pleine de mystères, que les hommes qui y évoluent sont souvent des êtres qui se cachent, traqués ou perdus, mais je ne croyais pas qu’il fût réellement possible d’échapper ainsi à toutes les sanctions dont on menace à chaque instant les naïfs de mon acabit. Je semblais ignorer la nuit et je me souvins tout à coup de longues promenades solitaires, pendant lesquelles il m’eût été loisible de commettre les actes les plus irréguliers sans attirer l’attention. Et pour m’en donner une preuve immédiate je m’étonnais que personne ne semblât se soucier de l’attitude singulière du groupe que nous formions, le marin et moi, assis sur les marches du pont des Arts.
Philippe Soupault (1897-1990). Les Dernières nuits de Paris (1928), Paris, Gallimard (Collection L’Imaginaire ; 374), 1997, ISBN 2-07-075163-5. Page 84.
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Catherine Ringer • Le vent. Georges Brassens, paroles & musique.
Catherine Ringer, chant. Extrait de la bande originale du film Reines d’un jour (France, 2001), Marion Vernoux, réalisatrice.
France, ℗ 2001.
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Si par hasard,
Sur le pont des Arts,
Tu croises le vent, le vent fripon,
Prudence, prends garde à ton jupon !
Si par hasard,
Sur le pont des Arts,
Tu croises le vent, le vent maraud,
Prudence, prends garde à ton chapeau !Les jean-foutre et les gens probes
Médisent du vent furibond
Qui rebrousse les bois, détrousse les toits, retrousse les robes…
Des jean-foutre et des gens probes,
Le vent, je vous en réponds,
S’en soucie, et c’est justice, comme de Colin-tamponBien sûr, si l’on ne se fonde
Que sur ce qui saute aux yeux,
Le vent semble une brute raffolant de nuire à tout le monde
Mais une attention profonde
Prouve que c’est chez les fâcheux
Qu’il préfère choisir les victimes de ses petits jeux.
Georges Brassens (1921-1981). Le vent (1953)