José Afonso • Verdes são os campos
Si j’ai bonne mémoire, Verdes são os campos (« Vertes sont les prairies ») est la première chanson de José Afonso que j’aie entendue, du moins la première qui ait attiré mon attention : c’était il y a très longtemps. J’avais sans doute été frappé alors par la douceur de la voix — aujourd’hui je dirais aussi : sa fragilité — et par la mélodie, bien dans la manière des ballades de Coimbra.
Verdes são os campos est un vilancete, ou vilancico, de Luís de Camões, le grand poète portugais de la Renaissance (né en 1524 ou 1525, mort en 1580).
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José Afonso (1929-1987) • Verdes são os campos. Poème de Luís de Camões ; José Afonso, musique.
José Afonso, chant ; Carlos Correia (Bóris) & Filipe Colaço, guitare.
Enregistrement : Londres (Royaume-Uni), Pye Records studio, 1970.
Extrait de l’album Traz outro amigo também / José Afonso. Portugal, ℗ 1970.
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Mote (anónimo) :
Verdes são os campos,
De cor de limão;
Assim são os olhos
Do meu coração.
« Mote » [Thème] (anonyme) :
Vertes sont les prairies,
Couleur de citron ;
Et verts sont aussi
Les yeux de mon cœur.
Voltas (Camões) :
Campo, que te estendes
Com verdura bela;
Ovelhas, que nela
Vosso pasto tendes,
De ervas vos mantendes
Que traz o Verão,
E eu das lembranças
Do meu coração.
« Voltas » [Glose] (Camões) :
Prairie, qui t’étends
Avec belle verdure ;
Brebis, qui de cette verdure
Faites votre pâture,
Vous vivez des herbes
Qu’apporte l’été,
Moi des souvenirs
Que j’ai de mon cœur.
Gados que pasceis
Com contentamento,
Vosso mantimento
Não no entendeis:
Isso que comeis
Não são ervas, não:
São graças dos olhos
Do meu coração.
Troupeaux qui paissez
Jusqu’à satiété
Vous ne savez pas
De quoi vous vivez :
Ce que vous mangez
N’est pas l’herbe, non,
Ce sont les beautés
Des yeux de mon cœur.
Luís de Camões (1524 ou 1525-1580). Verdes são os campos.
.Luís de Camões (1524 ou 1525-1580). Vertes sont les prairies, trad. par L. & L. de Verdes são os campos.
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Voici quelques autres versions de Verdes são os campos, en commençant par un instrumental à la guitare seule, qui montre à quel point José (dit Zeca) Afonso était un remarquable mélodiste. Elle est extraite d’un album de Pedro Jóia (Zeca, 2020) entièrement consacré aux musiques de José Afonso.
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Pedro Jóia • Verdes são os campos. José Afonso, musique.
Pedro Jóia, guitare.
Extrait de l’album Zeca / Pedro Jóia. Portugal, ℗ 2020.
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Celle-ci est attendrissante. Elle est due à l’inénarrable Salvador Sobral en duo avec le guitariste madérien André Santos, dans le cadre de leur projet de recréation d’un répertoire de chansons qui leur tiennent à cœur à l’un et à l’autre, nommé Quinta das canções (« Ferme aux chansons »).
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Salvador Sobral & André Santos • Verdes são os campos. Poème de Luís de Camões ; José Afonso, musique.
Salvador Sobral, chant ; André Santos, guitare.
Vidéo : Salvador Sobral & André Santos, 2019.
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Enfin celle de Cristina Branco, alors en tout début de carrière, captée lors d’un concert organisé à Amsterdam par le Círculo de cultura portuguesa na Holanda. L’enregistrement, publié à l’époque par cette association, a constitué le premier album de la chanteuse.
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Cristina Branco • Verdes são os campos. Poème de Luís de Camões ; José Afonso, musique.
Cristina Branco, chant ; Custódio Castelo, guitare portugaise ; Alexandre Silva, guitare.
Enregistrement public : Amsterdam (Pays-Bas), Zal 100, 25-27 avril 1997.
Extrait de l’album In Holland / Cristina Branco. Pays-Bas : Círculo de cultura portuguesa na Holanda, ℗ 1997.
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*Un vilancete*,qu’est-ce que c’est ?
C’est une forme poétique courante à la Renaissance au Portugal, apparue un peu plus tôt en Espagne (sous le nom de « villancico »). En Espagne les villancicos sont associés à la thématique de Noël, au Portugal non.
Un vilancete est composé d’un « mote », qui peut servir de refrain, et de « voltas » ou « glosas » (couplets).
Je n’en sais pas beaucoup plus. C’est une forme assez courante (on en rencontre un certain nombre dans les recueils d’œuvres de Camões par exemple).
Merci
Bonjour.
Merci pour le partage.
Sans oublier la plus belle version, à mon avis, et la plus populaire au Portugal, celle de Teresa Silva Carvalho.
En effet. Salvador Sobral & André Santos concèdent d’ailleurs s’être inspirés de cette version-là plutôt que de la version originale de José Afonso !