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À l’est de la ville

22 mai 2017

Insensiblement nous sortons de la ville. Ou c’est elle qui nous quitte.

Elle se distend, laisse place à d’autres paysages.

Paris (France), bois de Vincennes, 18 mai 2017

Une plaine immense. Nous marchons.

L’un de nous dit : nous nous sommes écartés de l’itinéraire.

Mais non. C’est la direction. À ce croisement nous trouverons une indication.

Rien.

Un homme. Il faut lui demander. Monsieur s’il vous plaît.

Paris (France), cartoucherie, bois de Vincennes, 18 mai 2017

Il ne répond pas, ne semble pas comprendre.

Il pleure. On ne sait de quel malheur.

L’un de nous dit : il ne comprend pas. Monsieur, vous êtes turc ?

Cette question, pour qu’elle soit entendue de l’homme, il faudrait la poser en turc. Aucun de nous ne connaît cette langue.

L’homme pleure. Il pleure sur la douleur de la Turquie.

Ces musiques au loin… Anatoliennes, oui… Vous croyez ?

Nous marchons.

Nous longeons la paroi d’une falaise blanche ornée de loin en loin de peintures rupestres. L’une d’elle nous intrigue. On y reconnaît un éléphant, il n’y a pas à s’y méprendre.

Paris (France), cartoucherie, bois de Vincennes, 18 mai 2017

Les Indes ? Une telle distance parcourue déjà ?

Nous atteignons un fleuve.

Paris (France), bois de Vincennes, 18 mai 2017

C’est l’un des plus grands du monde. Nous décidons d’en longer la rive, vers ce que nous croyons être son aval.

La végétation se fait d’une densité impitoyable. Il devient difficile de se tenir au plus près du cours du fleuve. Parfois nous nous en éloignons.

Nous le retrouvons grâce au tumulte de ses eaux.

Un pont.

Paris (France), jardin d'agronomie tropicale de Paris, bois de Vincennes, 18 mai 2017

La végétation s’est fermée sur nous. Nous sommes incarcérés, prisonniers de la plus inexpugnable des forteresses.

Nous nous sentons observés.

Paris (France), jardin d'agronomie tropicale de Paris, bois de Vincennes, 18 mai 2017

Menacés.

Paris (France), jardin d'agronomie tropicale de Paris, bois de Vincennes, 18 mai 2017

Nous débouchons soudain dans une clairière que rien n’annonçait.

Un silence terrible s’est établi.

Ces traces sur le sol : les tigres.

Paris (France), jardin d'agronomie tropicale de Paris, bois de Vincennes, 18 mai 2017

Vers le soir nous atteignons la frontière de la Chine.

Paris (France), jardin d'agronomie tropicale de Paris, bois de Vincennes, 18 mai 2017

Kardeş Türküler | Tencere tava havası.
Kardeş Türküler, ensemble instrumental et vocal. Turquie, 2013.

Paris (France), jardin d'agronomie tropicale de Paris, bois de Vincennes, 18 mai 2017

3 commentaires leave one →
  1. Pedote permalink
    23 mai 2017 09:02

    Cette chaleur, moite comme une éponge oubliée au bord du fleuve : la mousson

    • 23 mai 2017 10:10

      L’orage se tient sur le delta. Ciel de plomb, dur, fixe. On reste sans force aucune, écrasé par la masse immobile de l’air.
      Il faut boire du thé brûlant, rien d’autre n’est possible.
      Manger de la flognarde, non, ce ne serait pas raisonnable.

      • Pedote permalink
        23 mai 2017 15:26

        Plus rien ne bouge. Les arbres se terrent dans un profond silence. Seul le chat infirme se traîne douloureusement vers sa gamelle. Il va pourtant falloir déjà repartir.

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