Courte passeggiata lyonnaise
Lyon a deux fleuves. Ils s’avancent vers le Sud, larges, mornes et placides, n’ayant pour perspective que de se noyer dans la Méditerranée. (Les eaux de la Garonne, ou celles de la Loire, qui dès leur source ont cette connaissance de leur destin qui est de se mêler au bout de leur course à la grande mer atlantique, ont une autre prestance. Elles, pour faire durer les préliminaires et retarder le moment de l’éclaboussement, des hurlements des mouettes, c’est d’abord vers le Nord qu’elles se dirigent.)
C’est une ville que j’avais connue grise autrefois, poussiéreuse, presque sale. Vieille, comme arrêtée dans les années trente, quarante. Je la vois ripolinée à la manière italienne, désireuse probablement de se donner pour piémontaise, ou du moins d’avertir qu’elle a Turin pour cousine (Turin ne l’entend peut-être pas ainsi quant à elle).
D’avertir qui ? Paris tiens, accusée de s’la péter. Lyon a des ambitions de capitale et se donne des airs. « Lyon capitale » on voit ça partout. Capitale de quoi, ce n’est pas dit. À l’appui de cette prétention elle s’est construit un centre des congrès immense, à la Georges Frêche. Et puis, situé juste à la pointe de la « Presqu’île », un nouveau quartier fait d’édifices modernes et de bâtiments anciens détournés de leur usage premier, qui aurait fait mourir de jalousie le déjà feu empereur de Septimanie.
Quelques Italiens flânent dans ses rues. Mais moins que de Catalans à Toulouse. (Du reste, sans l’avoir recherché du tout, Toulouse fait plus authentiquement italienne que Lyon, au point que s’il lui prenait la fantaisie de partir s’établir entre Modène et Bologne nul ne la prendrait pour une immigrée.)
Lyon n’est pas italienne. Il suffit de s’éloigner de cette partie de la ville qui fait vitrine pour retrouver une province française vieillotte et jolie, pleine de charme. Une France comme on n’en voit plus nulle part. C’est ce qu’elle a cette ville de Lyon, à défaut de réelle beauté : du charme, une personnalité singulière. Une forme de poésie dans les noms qu’elle donne à ses rues, à ses lieux.
De là, et de ses escarpements qui font des pentes et des escaliers, des paliers, des belvédères, ce peu d’étrangeté qui suffit à la rendre intéressante.
J’ai trouvé ses habitants aimables. La ville – c’est rare pour une française –, vivable.
Est-ce l’effet de l’été ?
………
Oui c’est l’effet de l’été… ou du LSD…
Trouver de la poésie à Lyon…des gens sympathiques… On parle de la même ville ?
Moi je vois des gens pressés, entassés dans le métro, des bobos à vélo, des bourgeois cathos, du business, des gens énervés et distants, de la misère, de la violence sociale pour celui qui n’a pas les moyens d’y vivre, etun complexe industriel seveso, à l’entrée puant et écoueurant de laideur et de glauquitude les petits matins blêmes.