Le voyage en Italie
Au début du voyage on croit qu’on va en Italie, c’est la même route exactement. On le croit – cette lumière heureuse.
Mais à Nîmes, au lieu de bifurquer vers Arles, Aix-en-Provence, et de là vers les cols, de l’Agnel ou de la Madeleine, par lesquels on passe dans le Piémont sur des routes abruptes qui descendent à toute allure dans des vallées (de parler occitan) qui depuis que je les connais m’ont chaque fois semblé plus accueillantes et pour tout dire plus belles que celles du versant français ; de devoir à ce moment décider d’une destination provisoire : où dormir ce soir (mais ce choix aura des conséquences sur la suite de l’itinéraire, car selon que l’on prendra la route de Saluzzo ou celle de Mondovì la Toscane ou qui sait le Frioul sera virtuellement biffée de la liste : déjà parmi les splendeurs encore à portée de voyage au sommet du col certaines deviendront hors d’atteinte dès lors qu’on aura pris à gauche ou à droite à tel carrefour), au lieu de cela le train franchit le Rhône en amont d’Avignon et fonce irrémédiablement vers le Nord, laissant le Ventoux, semblable au mont Fuji (sans doute que non, mais je ne suis jamais allé au Japon) sur sa droite, irrémédiablement.
Et voilà, il fait à présent halte à la gare dite « Valence-TGV ». Le quai est couvert de monde, et le train aspire ces gens comme une seringue, et ces gens déferlent sur nous. On arrive très en retard à Paris, qu’il me faut traverser dans les cohues du vendredi, la gare de Lyon, le métro bondé, l’infernale correspondance à Châtelet, un autre métro bondé, les interminables couloirs et les innombrables escaliers de Montparnasse. J’attrape le train de Rennes à 5 minutes du départ, en nage et le dos détruit.
L. & L.
Ferrare (Émilie-Romagne, Italie), la cathédrale et la piazza Trento e Trieste. 2010.