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Vrrai

27 juillet 2012

J’étais un peu ensuqué en écoutant la radio hier matin, étant rentré du concert de Haris Alexiou à Sète à 1 heure et demie de la nuit (cela au péril de ma vie, c’est à dire dans la voiture d’une collègue dont je m’émerveille qu’elle-même soit encore de ce monde, sachant ce que je sais désormais) de sorte que je n’ai écouté que d’une oreille distraite Les matins d’été, jusqu’à la rediffusion d’une ancienne interview de Mick Jagger, en français (13 février 1971, par Patrice Blanc-Francard).

Je ne me suis pas intéressé à ce qu’il disait ; ce qui m’a charmé c’est son français, ou disons son interprétation du français. Il le parle assez bien. Seulement phoniquement, musicalement, ça n’a rien à voir avec ce qui nous est familier.

Un accent étranger est fait de mille éléments : non seulement la prononciation différente des voyelles ou des consonnes, mais aussi l’intonation, l’attaque de la phrase ou du mot, la ligne mélodique et le rythme du discours, jusqu’au placement de la voix, qui transposés de la langue maternelle dans une autre donnent à celle-ci un relief particulier — et inattendu.

À cela s’ajoutent les qualités particulières de l’élocution de la personne qui parle. Lui, Mick Jagger, disant « non c’est pas vrai » traîne un peu sur non, et fait de vrai un mot entièrement nouveau, inouï, simplement parce que le r français ne lui est pas naturel, qu’il a donc besoin d’une fraction de seconde de plus que nous pour le réaliser, et que cet allongement insolite débouche en outre sur un « ai » ouvert, légèrement diphtongué, long lui aussi.

Mick Jagger a beaucoup de charme de toute façon. La radio ayant eu le bon goût de passer ensuite Jumpin’ Jack Flash, à 9 heures j’étais presque réveillé.


The Rolling Stones. Jumpin’ Jack Flash / Mick Jagger & Keith Richards, paroles et musique. 1968.

Dans le tram il y avait un homme, un retraité, de ceux qui lient conversation avec leur voisin. Il parlait avec un accent parisien déjà un peu daté, disant presque des fuais pour des fois. J’y pense : je ne l’ai pas trouvé charmant, lui. Que veux-tu, je suis plein de préjugés.

L. & L.

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