Lula Pena à Toulouse. Quel événement. Quelle lenteur tout à coup.
C’est après-demain : Lula Pena sera là (renseignements sur le site de Rio loco 2012).
Pour s’y préparer on peut écouter :
Lula Pena. Poemas 2002. In trio live version (Myspace)
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Ces Poemas 2002 sont inédits commercialement. Que je sache, on ne les trouve que là. Ils commencent ainsi :
Délié de soi. Dépris de tout royaume.
Oui, on est un peu comme ça quand on est amoureux. On vide ses poches, on perd son nom. On découvre avec ravissement la certitude de n’être rien.
Christian Bobin (né en 1951). Dans : Éloge du rien (1990)
À ce fragment d’un poème de Christian Bobin succède une samba déjà ancienne : elle parle de larmes amères, de perte irréparable, de saudade définitive et de pardon à jamais refusé — quand bien même il serait demandé à genoux (Rolam em meus olhos, de Cartola). Puis une autre : « dis-lui, supplie-la de revenir, il est impossible que je souffre davantage, je ne peux plus. » (Chega de saudade, paroles de Vinícius de Moraes, musique de Tom Jobim.)
À ce moment : quel événement ! C’est la voix d’Emmanuelle Riva. Cet extrait-là d’Hiroshnima, mon amour, exactement :
Hiroshima, mon amour (extrait) / Alain Resnais, réalisateur ; Marguerite Duras, scénario ; Emmanuelle Riva (Elle), Eiji Okada (Lui)…, acteurs ; Georges Delerue, Giovanni Fusco, musique. France, 1959.
Je te rencontre.
Je me souviens de toi.
Qui es-tu ?
Tu me tues.
Tu me fais du bien.
Comment me serais-je doutée que cette ville était faite à la taille de l’amour ?
Comment me serais-je doutée que tu étais fait à la taille de mon corps même ?
Tu me plais. Quel événement. Tu me plais.
Quelle lenteur tout à coup.
Quelle douceur.
Tu ne peux pas savoir.
Tu me tues.
Tu me fais du bien.
Tu me tues.
Tu me fais du bien.
J’ai le temps.
Je t’en prie.
Dévore-moi.
Déforme-moi jusqu’à la laideur.
Pourquoi pas toi ?
Pourquoi pas toi dans cette ville et dans cette nuit pareille aux autres au point de s’y méprendre ?
Je t’en prie…
Marguerite Duras (1914-1996). Hiroshima, mon amour (1959).
Enchaînée à Marguerite Duras (quel événement encore, quelle justesse) : Amália.
Estendo o meu xaile no chão
E deixo-me adormecer
Já me ficou no meu peito
O jeito de te querer tanto
Amália Rodrigues (1920-1999). Lágrima (1983). Extrait.
J’étends mon châle sur le sol
Et j’attends le sommeil
Il m’est resté dans le cœur
Cette folie de t’aimer.
Amália Rodrigues (1920-1999). Lágrima (1983). Extrait.
Traduction L. & L.
D’autres vers, en français, mais on entend mal. Seulement la fin :
Et je suis triste
triste
Et je suis triste
triste
Et je suis triste
triste
triste
Je suis triste
Je suis triste
triste
triste
Je suis triste
triste
Je suis triste
triste
triste
triste
Je suis tristeJe suis
très triste
Je suis très triste
Je suis tristetriste
Je suis triste
triste
Je suis tristeJe suis
L. & L.
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j’y serai , impossible de résister à cette voix. … et j’aimerais bien rencontrer cet être hybride (lili&lulu) breton et fou de cuture portugaise, j’ai arpenté le portugal en 75 à la rencontre de la révolution et maintenant afonso ,correia de oliveira, brigada victor jara ,paredes font partie de moi pour toujours à côté des autres…alors allons boire une sagres à la prairie des filtres
Une soirée vraiment déstabilisante non ? À bientôt, j’espère dans d’autres conditions !
J’étais heureux de faire votre connaissance hier, malgré une sono assourdissante, puis ému d’entendre et de voir Lula Pena, puis en colère contre les badauds, venus pour boire, et manquant à ce point de respect, puis finalement révolté par cette organisation qui invite à boire la bière la moins chère de Toulouse là où précisément tente d’éclore la fleur la plus fragile. Plus encore que la poussée du FN, ce mépris pour l’expression la plus subtile m’épouvante. Je n’ai pas osé salué Lula Pena à la fin du concert tant j’avais honte qu’elle ait reçu un pareil accueil. Cela aurait pu être si beau , ce duo entre elle et les trains ! Ne manquez pas de me signaler d’autres passages de la comète . Et merci encore pour votre blog!
J’étais très heureux aussi de cette rencontre, tellement brève ! Et comme vous, scandalisé par les conditions de ce concert (je viens de terminer un billet un peu énervé…).
Mais c’est dommage que vous ne soyez pas allé la voir ensuite. Elle avait besoin d’un peu de réconfort je crois. Et elle est extrêmement accessible. Espérons qu’elle oubliera vite cette soirée. (Et à bientôt ?)
Lula Pena vient en Arles le 18 juillet (et c’est un petit peu ma faute…) Je voulais vous le signaler !
C’est à dire qu’elle ne sera pas au festival Convivencia comme prévu ?
Comme prévu, elle viendra, je l’espère bien !
Je ne sais pas, quand même… C’était aussi prévu le 18 juillet
J’ai l’impression qu’il y a , simultanément, deux festivals Convivencia … A mon avis, c’est plutôt en Arles qu’elle vient, et l’annonce son site serait alors erronée ? je ne sais plus à présent…
Ah voilà, c’est ça. Elle m’avait dit Midi-Pyrénées, c’est à dire le festival Convivencia organisé le long du canal du Midi… Mais je crois qu’elle est un peu déroutée par la géographie. Celle de la France du moins : elle en a une compréhension approximative. Dans la Lozère, où elle s’est produite l’été dernier, elle s’est crue dans les Pyrénées (« C’était dans les Pyrénées, je crois… Ah non ? »)…
j’ai commandé un disque de Lula Pena à un petit et très bon disquaire d’Arles (aujourd’hui hélas fermé) qui organise ce petit festival Convivencia à Arles. L’ayant écouté, ils ont décidé de faire venir Lula Pena en Arles… et m’ont annoncé le 18 juillet. Le magasin étant fermé, il ne reste plus que le site artisanal : http://convivencia.over-blog.net/page-479176.html, pour se renseigner davantage